Intoxiqué au monoxyde de carbone, Stéphane Savard doit la vie à son voisin

Par Charlotte Paquet 8:08 PM - 28 janvier 2020
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Stéphane Savard (à gauche) doit une fière chandelle à son voisin, Alain Lemonnier. Sans lui, il mourrait d’une intoxication au monoxyde de carbone.

Stéphane Savard a frôlé la mort à la suite d’une intoxication au monoxyde de carbone. Sans l’intervention de son voisin, le citoyen de Baie-Comeau y passait. Aujourd’hui, il veut lui rendre hommage et sensibiliser la population aux dangers de ce gaz inodore et incolore.

L’homme de 54 ans doit une fière chandelle à Alain Lemonnier. « Mon voisin m’a sauvé la vie. C’est Alain mon sauveur. Sans lui, je ne serais pas ici à vous parler », témoigne la victime, en présence de celui à qui il sera redevable toute sa vie.

Dans l’après-midi du vendredi 17 janvier, M. Savard décide de remplacer une courroie de la motoneige usagée qu’il vient d’acquérir. Autour de 14 h, il allume une chaufferette au propane afin de réchauffer son garage avant d’y travailler. Il dit avoir laissé une petite ouverture à la porte, peut-être quatre à six pouces.

Pour régler son problème de courroie, il doit faire des tests. Donc, il démarre le moteur de sa motoneige à quelques reprises dans l’après-midi, pendant moins d’une dizaine de secondes à la fois, estime-t-il. La dernière fois, le moteur aurait tourné un peu plus longtemps, mais avec la porte du garage alors ouverte complètement.

Le voisin s’amène

Comme ses tests ne sont pas concluants, Stéphane Savard décide de faire appel aux connaissances de son voisin, un motoneigiste de longue date de retour chez lui depuis à peine une heure. Alain Lemonnier s’amène pour tenter de trouver la cause du problème. Peu de temps après, les premiers symptômes d’intoxication au monoxyde de carbone se font sentir chez la victime.

« Vers 16 h, 16 h 30, j’ai dit à Alain je ne me sens pas bien, je vais aller prendre l’air dehors. » L’homme s’est alors écroulé au sol, le visage dans la neige. Sans la présence de M. Lemonnier, c’en était fini pour lui, croit-il.

« Je l’ai réveillé quatre fois pour qu’il me parle. Je lui disais de respirer tranquillement. La quatrième fois, j’ai dû le brasser pas mal», se souvient Alain Lemonnier. M. Savard revenait à lui, mais pour retomber ensuite inconscient. À l’arrivée des ambulanciers, la victime venait à nouveau de reprendre connaissance.

Chambre hyperbare

À l’hôpital, il a rapidement été pris en charge. Il était considéré comme un cas grave d’intoxication, dit-il. « J’aurais pu faire une crise cardiaque, une embolie. »

Le malade a été transféré par avion-ambulance à l’hôpital de Lévis, où il a passé deux heures dans une chambre hyperbare. Le traitement d’oxygénothérapie a permis d’augmenter la quantité d’oxygène dans son sang et d’effacer les effets de l’intoxication. Après une journée là-bas, il était de retour à la maison. Il ne conserve absolument aucune séquelle.

Aujourd’hui, il se dit conscient d’avoir échappé à la mort de justesse. Même s’il se sent bien physiquement, psychologiquement, c’est un peu difficile. Il a demandé un retour au travail progressif à son employeur, ArcelorMittal. « C’est une nouvelle vie qui commence pour moi et je vais en prendre soin », martèle-t-il.

Sensibilisation

Stéphane Savard exhorte les gens à la plus grande des prudences face au monoxyde de carbone et à son côté sournois. Il rappelle s’être intoxiqué lentement pendant l’après-midi. Le fait qu’il se soit trouvé dans un petit espace – son garage exigu est très rempli – a augmenté la dangerosité de sa situation.

« Moi, le message que je veux lancer, c’est qu’on ne pense jamais que ça va nous arriver. La meilleure des solutions, c’est d’avoir un tuyau d’échappement qui s’en va dehors », a-t-il affirmé.

La prochaine fois que sa motoneige fera défaut, il a bien l’intention de ne pas essayer de régler le problème lui-même. « C’est sûr que dorénavant, je vais aller chez le vendeur. On n’est jamais assez prudent. Je ne pars plus rien là-dedans », indique-t-il en montrant son garage.

Rappelons que la direction de la santé publique de la Côte-Nord met régulièrement en garde la population face au caractère sournois d’une intoxication au monoxyde de carbone. Un peu plus tôt en janvier, elle a d’ailleurs répété son message de prévention. Parmi les nombreuses mesures préconisées pour éviter le pire, il y a celle d’éviter « les démarrages d’automobile, de motoneige et de souffleuse dans des garages ou abris temporaires, même avec les portes ouvertes ».

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