Si fragile

Par Marcel Marsolais 7:25 AM - 12 février 2020
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Des villes complètement silencieuses. Des citoyens et des citoyennes isolés, réfugiés dans leur maison. Une quarantaine obligatoire qui démontre que l’humain si puissant, ne peut contrôler la nature. L’épidémie du coronavirus qui circule sur la planète révèle que nous sommes fragiles devant la menace inconnue.

On a beau être pleins de nouveautés scientifiques, avoir fait des avancées médicales sans précédent depuis les dernières années, mis le pied sur la Lune, visité la planète Mars et exploré les fonds marins; on demeure sans réponse devant cet inconnu microscopique.

La réaction est sans précédent et brutale; on enferme hermétiquement une région de plusieurs millions de personnes, on y  interdit la circulation et même les fêtes du Nouvel An chinois.

Ces images de Wuhan vide sont surréalistes. Des usines et des commerces ferment afin de restreindre l’épidémie. L’économie mondiale est ralentie non seulement dans la région de Hubei en Chine, mais un peu partout sur la planète. Des compagnies canadiennes ne peuvent y exporter leurs produits, que ce soit du homard, du porc ou des métaux.

En même temps, la région de Hubei nous faisait parvenir des pièces d’autos, de sorte que certains fabricants, comme Tesla, paniquent et doivent retarder la livraison de  voitures électriques pour le marché américain. Les milieux économiques sont émotifs et incohérents, cherchant un appui auprès de gouvernements déroutés.

Cette illustration permet de constater que le mode de production capitaliste est fragile dans sa nature même. Mondialisé ou pas, ce modèle repose sur la libre circulation des biens et services. Comme on ne contrôle pas l’évolution de la nature, il arrive que cette circulation se fasse aussi au niveau des virus. Et c’est le cas.

Pour l’instant, on n’a pas de solutions. Aucun gouvernement n’en a, du reste. Ils tentent de calmer le jeu mais ne savent pas comment. Ce n’était pas prévu ce virus qui se déplace à travers les gens en train, en avion et même sur les bateaux de croisière. Il est équitable et  frappe les riches autant que  les pauvres.

Alors, les gouvernements improvisent : la Chine isole sa population. Les États-Unis se précipitent pour sauver des Américains, quitte à les isoler quelque part et le gouvernement canadien, fidèle à son habitude, ne prend pas de décision avant que la pression sociale ne devienne menaçante. D’autres sont laissés sur place sans aide. C’est la déroute quoi.

Il y a aussi la réaction épidermique des intolérants : c’est la faute aux Asiatiques et on doit les isoler. Que l’on sache, il n’y a pas de péril au Canada pour l’instant et tout est sous contrôle. Alors, pourquoi stigmatiser une population qui est la première victime de ce virus?

Du calme sur la Côte-Nord aussi car  il n’y a pas de vol direct entre Wuhan et Pointe-Lebel. Ça réduit la possibilité d’épidémie d’au moins 99 %. Mais tout ça démontre notre fragilité  malgré toute la science. Il  montre notre désorganisation et nos peurs face à un phénomène qu’on ne maîtrise pas, l’évolution de la nature.

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