COVID-19 : bombardement d’informations

Par Marcel Marsolais 9:05 PM - 7 avril 2020
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Il me téléphone quatre à cinq fois par jour afin de me communiquer les derniers développements entourant la COVID-19. Il est constamment cloué à son fauteuil à regarder les chaînes de télévision en continu. Il feuillette en entier son journal du matin à l’affût de la moindre nouvelle information.

Je m’étonne qu’il ne le désinfecte pas vu qu’il arrive de l’extérieur et ce, même si la  contamination est presque nulle dans le cas d’un papier journal. Il est un de ceux qui est confiné à résidence parce qu’il a plus de 80 ans. Sa vie tourne autour de la pandémie.

Il y a cette femme aussi rencontré devant la porte d’une banque et qui traine sa bouteille d’eau de javel et un chiffon afin de nettoyer la poignée. Elle m’ordonne de demeurer à une distance de six pieds, alors que je suis au moins à quinze pieds derrière elle. Je comprends que pour elle, les humains sont devenus le risque, la menace ultime et que chaque individu représente l’ennemi.

Que sommes-nous devenus? Certains retourneraient-ils à l’état de nature? À cet état du chacun pour soi? Alors que les gens œuvrant dans la santé et les services aux consommateurs font preuve d’un courage et d’une démonstration du vivre ensemble, d’autres en oublient la moindre civilité.

On me rapporte cette histoire de deux femmes assisses sur un muret près du trottoir, exigeant que les passants, poussettes et chaises roulantes incluses, descendent dans la rue pour être à la distance réglementaire. Bon, ça veut dire que le reste de la planète doit s’ajuster aux besoins de ces deux femmes?

Dans tout ce que je viens de vous décrire, ces réactions se résument à un mot : anxiété. Cette anxiété causée par l’écoute constante des informations sur la pandémie et de courriels préventifs de compagnies. Tenez, pendant que j’écris cette chronique, j’ai été bombardé de sept notifications sur mon téléphone cellulaire. Toutes sur la COVID-19.  Certaines sur des faits se déroulant ici, d’autres sur le manque de préparation de l’Afrique devant la pandémie, sur les masques retenus en Inde et les contradictions de l’irresponsable en chef des États-Unis.

Moi qui suis un féru d’information de toutes sortes, je trouve que c’est trop, beaucoup trop. On crée un cycle d’anxiété constant et on s’attend à quelque chose d’énorme.  Excusez un instant,  je dois suspendre la rédaction du texte, car mon octogénaire de tantôt vient de me téléphoner une nouvelle de la plus haute importance; les épiceries vont fermer le dimanche. Je lui rappelle que lorsqu’il était jeune, les épiceries étaient toujours fermés le dimanche, jour du Seigneur. Tant mieux pour les employés.

Si votre anxiété est trop élevée, je vous suggère d’éviter le bombardement de vos notifications téléphoniques et de n’écouter les nouvelles qu’une fois par jour. Le reste du temps, lire un livre, écouter de la musique ou un film, jouer à des jeux en famille, prendre une marche, font du bien. Profession d’avenir post-pandémie : psychologue.

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