Un confinement encore plus dur pour les expatriés

Par Laurence Dupin 7:00 AM - 29 avril 2020
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Hasan El Khaiat est d’origine marocaine et le président de l’association socioculturelle musulmane.

Alors que nous sommes tous confinés et que nous ne pouvons pas voir nos familles, il est tout de même rassurant de savoir qu’elles ne sont pas loin et que nous pouvons les approcher en cas de problème. Les expatriés qui ont fait le choix de vivre dans nos régions sont parfois à la double peine, loin de leur famille et sans possibilité de les rejoindre en cas d’urgence.

Le confinement touche tout le monde, mais il est parfois plus difficile à supporter pour les personnes originaires d’autres pays qui ne peuvent aujourd’hui plus rentrer chez eux en cas d’urgence.

Plusieurs raisons à cela : les situations parfois précaires dans certains pays en raison de la COVID-19, la suspension de la grande majorité des vols commerciaux, qui ferait ressembler le retour à un véritable parcours du combattant, et un certain manque d’aide des représentations consulaires.

Parents âgés au loin

Hasan El Khaiat est d’origine marocaine et le président de l’association socioculturelle musulmane de Manicouagan. Le citoyens de Baie-Comeau est originaire du Maroc, pays qui compte aujourd’hui un peu plus de 130 décès déclarés pour 36 millions d’habitants.

« Aujourd’hui, nous sommes bloqués car il y a encore peu de temps, les membres de l’association se rencontraient toutes les semaines. Nous suivons les consignes à la lettre, mais cette situation est difficile à vivre et inquiétante car mes parents qui vivent au Maroc sont âgés. C’est la période ou d’habitude, je rentre les voir et là c’est impossible », fait-il valoir.

L’association ne reste pas les bras croisés en cette période de crise car elle récolte des fonds pour Centraide Haute-Côte-Nord/Manicouagan.

Deux ans sans retour

Julien Picherit est originaire de la région de Nantes en France. La France, pays durement touché par l’épidémie avec plus de 23 000 décès déclarés pour une population de 67 millions d’habitants. Il travaille aujourd’hui à la station de ski de Gallix et se retrouve, comme tous les expatriés, coupé de sa famille.

« Au niveau professionnel, cette crise a un gros impact sur la station, nous sommes passés en deux semaines de 50 à 5 employés. Au niveau personnel, le moral est bon car j’ai la chance de venir de la région nantaise qui est relativement épargnée pour le moment. Ma maman a des symptômes grippaux, donc elle s’est faite tester mais tout va bien heureusement. Cela fait deux ans que je ne suis pas rentré et je souhaitais le faire cet été car ma famille me manque. Mais cela risque d’être très difficile. »

À Baie-Saint-Paul

Etienne Diatta habite Baie-Saint-Paul. Il est originaire du Sénégal, d’un petit village en bord de mer, frontalier avec la Guinée-Bissau. Toute sa famille est ici avec lui.

« Nous sommes confinés comme tous les Québécois et tous les Canadiens. Mais ça va bien aller. Tout se passe bien nous suivons les directives du gouvernement à la lettre », confie-t-il avec le sourire.

Seul bémol, il avait l’habitude de rentrer dans son pays d’origine tous les deux ans mais cette année il sait que ce ne sera pas possible. « Ce sera reporté à l’an prochain si tout va bien. »

Diatta suit les informations du Sénégal par la radio. « Au Sénégal, au début, les gens ont ignoré la situation. Aujourd’hui, il y a presque 500 cas là-bas et le confinement a été mis en place avec un couvre-feu à partir de 20 heures. Mon village d’origine a de la chance car il a toujours été autosuffisant et il ne dénombre aucun cas de COVID-19 pour le moment ».

Le Sénégalais espère que tout se passera bien sur place, car son pays d’origine ne bénéficie pas de toutes les aides sociales dont peuvent bénéficier des pays comme le Canada. Même si plusieurs pays dont la France, ont promis une aide au pays d’Afrique, « ce ne sont pas les populations qui bénéficieront de cet argent! », a-t-il conclu.

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