Un Baie-Comois mène le combat contre la COVID-19

Par Charlotte Paquet 3:50 PM - 12 mai 2020
Temps de lecture :

Natif de Baie-Comeau, le Dr Jean-Philippe Julien et son équipe de l’Institut de recherche de l’Hospital for Sick Children de Toronto essaient de trouver un médicament pour atténuer les souffrances des personnes atteintes de la COVID-19 et, dans un horizon plus éloigné, un vaccin efficace et sécuritaire. Photo courtoisie

Depuis un mois et demi, le Dr Jean-Philippe Julien, immunologiste d’origine baie-comoise, met l’épaule à la roue pour tenter de trouver une solution afin d’enrayer la pandémie de COVID-19.

Le scientifique senior de l’Institut de recherche de l’Hospital for Sick Children (hôpital pour enfants) de Toronto fait partie de l’armée de chercheurs qui, à travers le monde, sont engagés dans cette course au traitement et, ultimement, au vaccin.

Le Dr Julien et les membres de son équipe de laboratoire ont troqué momentanément leurs recherches d’un vaccin contre le paludisme et le VIH pour diriger leur tir vers ce coronavirus si foudroyant.

« On a rapidement réalisé qu’on pouvait apporter notre contribution », souligne au bout du fil le chercheur de 38 ans, qui œuvre aussi comme professeur agrégé aux départements de biochimie et d’immunologie à l’Université de Toronto.

L’équipe s’est associée à des partenaires aux expertises diverses et complémentaires. Tous travaillent dans le même sens : développer un médicament qui permettrait d’alléger les symptômes des personnes malades et, dans un horizon plus éloigné, de trouver un vaccin qui soit efficace et sécuritaire.

Le Dr Julien devient fébrile lorsqu’il aborde l’approche de la communauté scientifique mondiale autour de la COVID-19. « Je n’ai jamais vu une mobilisation scientifique à ce niveau-là. Il y a cette ouverture de partage de données et de faire avancer les choses. C’est super encourageant. »

« Il y a vraiment des efforts immenses qui sont en train de se faire à travers le monde pour trouver une solution. Les gens devraient être encouragés de ça », laisse-t-il tomber.

Le modèle d’une certaine époque où des équipes de scientifiques « faisaient leur recherche, isolés dans leur petit laboratoire » est dépassé et c’est bien ainsi, selon l’immunologiste. Cela n’empêche pas l’existence d’une saine compétition entre les laboratoires dans cette course contre la montre. « Au final, ils veulent contribuer à la santé publique et au bien-être des gens. »

Une centaine de vaccins sont présentement en développement sur la planète. Malgré le souci des chercheurs d’être les premiers à la ligne d’arrivée, le Dr Julien insiste sur l’importance de mesurer autant l’efficacité que la sécurité des vaccins en menant des essais sur de larges échantillons de personnes.

Immunité à transférer

Les travaux de recherches de l’équipe du Dr Julien abordent différents angles aux échéanciers variés. « On n’a pas juste une mise. On va essayer plusieurs angles et voir ce qui fonctionne le mieux. »

L’immunité d’une personne guérie et le transfert possible de cette immunité par le sang vers une personne malade fait partie des travaux en cours. Même que les essais cliniques sont commencés à l’aide de transfusions sanguines.

« Un des aspects de la recherche qu’on étudie, c’est si quelqu’un est devenu infecté et a développé une immunité, est-ce qu’on peut prendre son sang pour alléger les symptômes et permettre à une autre personne de survivre? Transférer l’immunité d’une personne à une autre, c’est une approche ancienne qui a fonctionné contre d’autres pathogènes », explique le chercheur.

Il admet que ce transfert ne s’inscrit pas comme une solution à long terme, mais même temporaire, elle pourrait faire une différence en souffrances et en décès. La solution permanente espérée demeure évidemment la découverte d’un vaccin.

Interpellé au sujet de la remise en question de l’immunité développée par une personne guérie de la COVID-19, le Dr Julien souligne qu’il y a de plus en plus d’évidences de sa présence dans les jours qui suivent la guérison. Elle semble pouvoir protéger advenant une nouvelle exposition au virus.

Par contre, ce qui reste à déterminer, c’est la durée de cette immunité, car elle n’a pas fait l’objet d’études à long terme. De plus, il est reconnu que la force de l’immunité n’est pas nécessairement identique d’une personne à une autre.

Celui qui a habité Baie-Comeau jusqu’à la fin de ses études secondaires, et qui y a encore des oncles et des tantes, conclut l’entrevue au téléphone en rappelant combien il est important « pour les scientifiques d’essayer de vulgariser leurs connaissances d’une manière utile aux gens, surtout dans les circonstances présentes ou la santé publique est au centre des préoccupations de chacun et chacune ».

Partager cet article