Déconfit (adjectif signifiant déconcerté, confus)

Par Marcel Marsolais 9:43 AM - 13 mai 2020
Temps de lecture :

Le déconfinement et la levée des barrages qui l’accompagne laissent songeur notre chroniqueur.

Lorsqu’on regarde les événements entourant la crise planétaire de la COVID-19, on est à même de constater notre désarroi devant la prise de décision de certains gouvernements.

Du silence habituel du gouvernement chinois sur l’état de la crise là-bas, par l’incohérence du loufoque Brésilien Jaïr Bolsonaro et du dangereux Trump aux États-Unis, on se rend compte que nos gouvernements au Canada se comportent raisonnablement bien (j’inclus même le PM Ford de l’Ontario).

Cependant, il faut se pencher sur ce que la crise de la COVID-19 nous laisse comme questions et comme constats. En premier lieu, on mesure toute l’utilité d’un vaccin et des conséquences tragiques lorsqu’il n’y en a pas. Peu importe la provenance du virus, il attaque toutes les nations. Le corps humain n’est pas capable d’y faire face naturellement.

Cela envoie aussi le signal de notre très grande dépendance envers les produits médicaux étrangers. Le gouvernement Legault avouait à la fin avril avoir dépensé plus de 1,6 milliard en un mois pour faire la guerre entourant l’achat de masques, de visières, etc…  En situation de pandémie, on a vu des gouvernements agir de façon tribale pour se les procurer.

Ici, certains demandent qu’on puisse produire des masques médicaux afin de ne plus jamais en manquer. C’est une idée, mais il faudrait plutôt en entreposer une certaine quantité  et investir dans de l’équipement que l’on peut faire sur place (des visières médicales par exemple, ou des gants).

Avez-vous vu le prix du liquide désinfectant en ce moment ? On dirait que c’est l’équivalent d’un Château-Lafitte-Tramier 2006. Tiens, on se cherche de la diversification économique sur la Côte-Nord, ça prend beaucoup d’eau pour produire ce désinfectant, on en a.

C’est lorsque des crises rapides se produisent que l’on voit nos problèmes. On a vu au Québec une machine administrative avoir de la difficulté à gérer le réseau de la santé et à bouger rapidement pour intervenir dans les CHSLD sans relève de main-d’oeuvre. Le résultat est une catastrophe humaine.

Même chose dans l’éducation, où le ministre Roberge laisse le soin aux commissions scolaires, aux écoles, aux profs et au personnel de soutien de « patenter » quelque chose pour le retour des jeunes en classe. Ça sent l’improvisation à Québec.

Le constat est aussi tragique dans le monde agricole et pour les gens de mer de la Côte-Nord. Combien de produits marins de moins seront vendus parce que les restaurants sont fermés un peu partout? Combien de produits agricoles et d’animaux d’élevage seront perdus parce que les hôtels, les sites touristiques sont fermés?

Il faut donc réfléchir à la capacité de production que l’on développe. Doit-on toujours produire de façon industrielle? Qui doit-on servir d’abord par ce service essentiel?

Ce qui laisse le plus confus cependant, c’est  le déconfinement rapide actuel qui laisse le peuple déconfit après les « Enwoueille à maison »  qu’on nous a servi pendant un mois et les « Enwoueille au travail »  qu’on entend maintenant. Serions-nous un laboratoire humain?

Partager cet article