Robin Lessard élève des porcs aux Philippines

Par Charlotte Paquet 6:00 AM - 16 juin 2020
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Robin Lessard exploite une porcherie aux Philippines. Photos courtoisie

En quatre ans seulement, il s’en est passé des choses dans la vie de Robin Lessard. Après avoir quitté Baie-Comeau pour Montréal en 2016, le travailleur de la construction s’est lancé l’année suivante dans l’élevage de porcs aux Philippines, rien de moins!

L’homme de 59 ans est conscient que son parcours est atypique, mais c’est le parcours qu’il a choisi envers et contre tous. « C’était comme un rêve d’être capable de vivre là-bas toujours à la chaleur. Je n’avais pas le goût de finir mes jours au Québec à – 30 », lance-t-il dans une entrevue avec Le Manic, au gré d’un voyage à Baie-Comeau pour y visiter sa famille.

Ce rêve, il a cependant commencé à prendre forme en 2011 lorsqu’il s’est rendu dans un petit village très pauvre au sud de ce pays de l’Asie du Sud-Est pour y rencontrer celle qu’il avait connue l’année précédente par l’entremise d’un site de rencontre asiatique. « En débarquant, j’ai pogné la piqûre. Je me suis retrouvé complètement dépaysé. »

Dans les années qui ont suivi, il est allé y passer un mois par année, puis un mois et demi. Ensuite, le projet de porcherie s’est imposé à lui comme une façon de s’assurer un revenu pour vivre lorsque le déménagement se concrétisera.

Une porcherie

Pourquoi se lancer dans l’élevage de porcs? Parce qu’il s’agit du troisième aliment le plus consommé aux Philippines, après le riz et le poisson, explique-t-il.

Il a aussi pris exemple d’une certaine façon sur le père de son amie de cœur, qui élève un porc par année en vue de la revente. « C’est là que l’idée m’est venue. Pourquoi pas moi aussi? J’ai regardé la possibilité, l’étude de marché et l’acheteur », indique-t-il.

Quand Robin Lessard est au Québec, son amoureuse et la nièce de celle-ci voient à la bonne marche de la porcherie. Pour le moment, l’éleveur possède cinq truies qui lui donnent entre 80 et 100 porcelets par année. Lorsqu’ils atteignent entre 35 et 50 kilos, il les vend à un acheteur.

« Je fais juste commencer. L’année prochaine, je veux multiplier ça. Je veux monter à 10 truies, puis dans deux ans, à 20. C’est un gros projet ambitieux à l’autre bout du monde », raconte avec entrain celui qui a l’intention d’y passer six mois la prochaine fois, soit de décembre 2020 à mai 2021.

« Quand je vais être à 10 truies minimum, là je vais être capable d’avoir un bon revenu. C’est pour ça que je pense être capable de prendre ma retraite entre 60 et 65 ans » mentionne-t-il, en ajoutant que s’il avait commencé son projet de porcherie il y a cinq à six ans, il serait déjà installé à temps plein dans le pays.

Un homme de foi

À ses proches qui l’implorent de bien réfléchir au fait qu’un déménagement aux Philippines signifiera la perte des avantages des programmes sociaux offerts par le Québec et le Canada, Robin Lessard leur répond qu’il ne pense pas à ça.

« Ce que je regarde, c’est de faire ma propre business et ne pas dépendre du Canada. Je ne veux pas attendre après les gouvernements pour me faire vivre. Je fonce dans le tas pour ainsi dire », explique celui qui se décrit comme un homme de foi qui a découvert un peuple très spirituel dans ce pays d’Asie du Sud-Est.

Après avoir tout perdu dans un incendie en 2010, le quinquagénaire affirme avoir reçu un choc et s’être aperçu que la vie ne tenait pas à grand-chose. « J’ai alors décidé de faire confiance à la vie. Moi puis mon chum d’en haut, on s’est dit on y va », confie-t-il en conclusion.

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