Près de 200 personnes réclament la réouverture de la papetière

Par Charlotte Paquet 12:01 PM - 31 août 2020
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Il tarde aux quelque 230 travailleurs de la papetière de retourner au travail. C’est le cas pour Marco Forest, Marco Gaudreau, James Charette et Sonia Harbour.

Quelque 200 personnes ont participé à une manifestation devant l’usine de papier de Baie-Comeau, lundi matin, afin de réclamer des solutions pour la reprise des activités, suspendues depuis plus de cinq mois, et la fin de l’exportation des copeaux produits par Scierie des Outardes pour alimenter la papetière de Produits forestiers Résolu (PFR) à Clermont.

Sous un soleil radieux, travailleurs, représentants syndicaux du syndicat Unifor, élus et citoyens ont parlé tous d’une même voix pour demander le redémarrage des deux machines à papier.

« C’est certain que lorsqu’on voit la ressource transformée à l’extérieur et que notre monde ne travaille pas ici, ça commence à être inquiétant », a lancé le directeur d’Unifor pour le Québec, Renaud Gagné, qui était sur place.

M. Gagné est d’avis qu’avec la baisse de la demande mondiale de papier journal, il faut trouver une nouvelle avenue pour la conversion de l’une ou même des deux machines de Baie-Comeau afin de produire d’autres types de papier. « On peut faire du papier tissu, on peut faire du papier carton, du papier d’emballage, du papier alimentaire. Il faut trouver une nouvelle vocation à ces machines-là pour continuer la filière forestière sur la Côte-Nord », a-t-il martelé.

Le directeur d’Unifor évalue qu’avec des investissements de 100 M$ à 150 M$, la conversion serait possible. Il interpelle aussi le gouvernement du Québec pour qu’il appuie la transformation de l’usine, qui, a-t-il rappelé, est « le cœur et les poumons » de la filière forestière en région.

Il n’a pas manqué de rappeler l’annonce de la fermeture prochaine de la Scierie Arbec de Port-Cartier en raison, notamment, de son impossibilité d’expédier ses copeaux à la papetière de Baie-Comeau depuis plusieurs mois.

Solidarité

« On est venus dire que les élus, on est solidaires avec eux (les travailleurs) et que ça nous prend un plan rapidement », a souligné pour sa part le député de René-Lévesque, Martin Ouellet, présent à la manifestation tout comme la députée fédérale de Manicouagan, Marilène Gill.

M. Ouellet a insisté lui aussi sur le fait que la papetière est « le cœur même de l’industrie forestière sur la Côte-Nord » et que le gouvernement du Québec doit appuyer un éventuel projet de transformation de la production. « C’est notre forêt, notre usine, nos jobs et notre avenir », a-t-il clamé.

Le maire de Baie-Comeau, Yves Montigny, considère également que Québec doit intervenir pour soutenir l’industrie forestière au Québec. Il demande la création d’une cellule de relance du secteur des pâtes et papiers, à l’image de ce qui se fait pour le transport aérien régional, entre autres. « On est capable de faire de l’innovation, de fabriquer d’autres produits. Il faut qu’on se place en mode de recherche d’opportunités. »

Au bout du rouleau

Président de la section locale 375 du syndicat Unifor, qui représente les papetiers, Christian Gagnon a soutenu que les travailleurs de l’usine sont rendus au bout du rouleau. « Ils veulent avoir des réponses. Ils sont tannés. La PCU et le chômage, ça se termine dans pas long. On veut de l’information, on veut savoir où en s’en va », a-t-il précisé, en indiquant que les reports de paiements accordés par les institutions financières auront une fin aussi.

Selon lui, les travailleurs veulent connaître ce qui se passera dans les prochains mois « pour peut-être changer d’emploi ». Déjà certains vont porter leur curriculum vitae ici et là, mais les employeurs hésitent à les embaucher en se disant qu’ils démissionneront dès la reprise des activités de l’usine.

Employé depuis 2013, James Charrette a rappelé que la survie de la papetière est importante non seulement pour les travailleurs, mais également pour les entreprises de la région. « Si le monde ne travaille pas, ils dépenseront moins. C’est tout le monde qui écope au final », a souligné le père de famille qui dit garder espoir malgré tout.

Rien de nouveau

De son côté, Produits forestiers Résolu a réagi à la manifestation de lundi matin en soulignant que le message des derniers mois restait le même, à savoir que la reprise de la demande en papier journal tardait, ce qui rend impossible la réouverture de l’usine de Baie-Comeau.

« On est sensible à ce que les gens vivent», a reconnu le porte-parole de l’entreprise, Louis Bouchard. Il  souligné qu’une éventuelle conversion des machines pour faire autre chose que du papier journal, ce n’est pas quelque chose qui se fait du jour au lendemain. «Il faut des projets porteurs. »

M. Bouchard a rappelé que la bonne nouvelle dans les circonstances, c’est que PFR soit capable de conserver un certain niveau d’activités sur la Côte-Nord avec le maintien des opérations de sciage chez Scierie des Outardes et de récolte du bois.

 

 

 

 

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