Un Ironman en solo pour Samuel Cardinal

Par Steeve Paradis 11:49 AM - 13 octobre 2020
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Samuel Cardinal a souffert durant la portion de 180 kilomètres en vélo, mais il a su surmonter la douleur. Photo Steve Lapointe

Vous rappelez-vous de la journée de dimanche dernier? Quand même assez frisquet, non? Ça n’a pas empêché Samuel Cardinal de compléter son premier triathlon de type Ironman à vie, à Baie-Comeau même. Petite histoire d’un exploit sportif particulier.

Issu du milieu du crossfit, Samuel Cardinal avait l’impression de stagner dans son entraînement. « Ça me prenait un nouveau défi. J’ai donc regardé des vidéos d’Ironman et les gens disaient que ça avait changé leur vie, qu’ils avaient repoussé leurs limites. Ça m’intéressait », fait valoir le sportif.

Comme il n’a pas d’antécédents en triathlon, Cardinal a donc discuté avec amis et connaissances qui savaient de quel genre d’épreuve il s’agissait. « Mais quand je parlais d’Ironman, les gens me décourageaient de me lancer là-dedans », confie-t-il. Il faut croire que c’était le meilleur moyen de motiver l’homme âgé de 29 ans. « Je sais que j’ai un niveau de forme assez élevé et que si je mets l’effort nécessaire, je vais y parvenir. »

Il s’est inscrit au Ironman du Mont-Tremblant, prévu fin août, mais la COVID-19 a tout chamboulé. Les organisateurs de l’événement ont proposé aux inscrits de transférer leur inscription dans une autre épreuve et Samuel a alors choisi l’Ironman de Waco, au Texas, fin octobre. Épreuve annulée, encore une fois.

Qu’à cela ne tienne, s’est dit Samuel Cardinal. Avec la somme d’entraînement qu’il a consenti, il fera son Ironman à la maison, coûte que coûte. « Je tenais à le faire pour moi. C’est quand même très personnel comme démarche », indique-t-il.

Le grand jour

Donc, après avoir préparé l’événement avec plusieurs personnes dans son entourage, le grand jour est arrivé le 11 octobre pour Samuel Cardinal. Première étape de ce chemin de croix : une balade de 3,8 kilomètres à la nage dans les eaux du lac La Chasse. « Quand je suis parti, à 6h40, la température était de -1 degré », lance le pompier forestier de la SOPFEU.

Deuxième étape d’un Ironman, c’est une distance de 180 kilomètres en vélo. Une portion du parcours s’étendait du lac La Chasse à Franquelin. Ensuite, de Franquelin à Pessamit et de Pessamit au 3, avenue Cadillac, là où s’est amorcé et terminé cet éreintant triathlon. « Lors de l’aller-retour Baie-Comeau/Franquelin, j’étais seul, mais pour le reste, j’avais quelqu’un avec moi », indique-t-il.

Pour terminer, la course. Cette fois, 42 kilomètres attendaient Samuel Cardinal. Il a utilisé le parcours dessiné pour le marathon Eau Grand Air. « Heureusement, pour la portion course, j’avais toujours 4 ou 5 coureurs avec moi. Il y en a même qui ont couru le marathon au complet », ajoute le sportif, vraiment impressionné par le support de ses proches.

Samuel Cardinal aura pris 13 heures et 53 minutes pour compléter ce parcours du combattant. À la fin de l’épreuve, au moins une trentaine de personnes l’attendaient face à son immeuble d’habitation, sur la rue Laval, avec feux d’artifice à l’appui. « Tout mon entourage, les gens proches de moi, étaient là et m’ont supporté. Ça fait une immense différence », assure-t-il.

Plus mental que physique

On pourrait croire que 14 heures d’efforts seraient particulièrement dures pour le physique. Mais c’est dans la tête que ça se passe. « C’est très mental, un Ironman, et quand tu focuses sur les points négatifs, c’est là que ça va mal. En vélo, j’ai eu mal à un genou et je voyais noir. J’ai lutté pour persévérer et ça s’est replacé durant la course. C’est le genre d’épreuve où tu apprends bien des choses sur toi. »

Au départ de l’aventure, Samuel Cardinal a vu la chose comme un défi, sans savoir exactement ce qui l’attendait. Il a pogné de quoi, comme on dit en langage populaire. « Au début, c’était seulement un défi, je n’avais pas la piqûre. Là, on peut dire que j’ai eu la piqûre », conclut celui qui compte désormais se concentrer sur des demi-Ironman.