Argousiers nordiques voit loin

Par Charlotte Paquet 3:00 PM - 20 octobre 2020
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Technicien agricole pour Les Canneberges de la Côte-Nord et sa division Argousiers nordiques, Sylvain Collier travaille aux projets de transformation de l’argousier. Photos courtoisie

Argousiers nordiques vise plus que jamais le marché de la transformation de l’huile extraite de ses petits fruits orangés dans la fabrication de produits cosmétiques et son objectif devient lentement, mais sûrement à portée de main.

L’entreprise agricole de Chute-aux-Outardes mise gros sur une importante réunion prévue au début de novembre avec le Centre d’expertise et de développement en forêt boréale (CEDFOB), la corporation Innovation et développement Manicouagan et des clients potentiels tant pour l’huile d’argousier que pour le jus de cette baie, un marché qu’elle veut aussi développer.

« La réunion va nous permettre d’avancer et de faire le point. Ensuite, en fonction des besoins des clients, on va orienter nos activités de transformation », explique Sylvain Collier, technicien agricole et responsable des projets de transformation chez Argousiers nordiques, une division des Canneberges de la Côte-Nord de Chute-aux-Outardes, propriété de Claudie Canuel et Yvan Desjardins.

Argousiers nordiques travaille depuis quelques années déjà au développement de l’huile d’argousier. « Avec la transformation de l’huile, on a envie d’aller plus loin avec le produit pour aller chercher ce qu’il y a de meilleur en lui. On veut aller dans cette direction-là et la direction, on a commencé à la prendre », poursuit Sylvain Collier.

Grâce aux travaux de recherche du CEDFOB, Argousiers nordiques tente donc de trouver la meilleure façon d’extraire l’huile tout en identifiant les composantes chimiques propres à chacune des variétés de baies.

« La baie est composée d’éléments intéressants pour certains clients, dont les fabricants de cosmétiques », note M. Collier, en soulignant que le marché local et régional est dans la mire de l’entreprise, tant pour l’huile que pour le jus.

Actuellement, les baies d’argousiers sont transformées en jus, mais à très petite échelle, en plus d’être notamment utilisées dans la fabrication de bières par la microbrasserie St-Pancrace et de gin par une distillerie du Bas-Saint-Laurent. Pour sa part, la distillerie Vent du Nord de Baie-Comeau intègre dans son gin Norkôtié des canneberges de Chute-aux-Outardes.

Huit variétés de baies

Le verger d’argousiers compte 4 000 plants représentant huit variétés de baies, dont quatre sont davantage destinées à l’extraction d’huile et les autres cultivées pour leur goût. Dès l’an prochain, une première récolte permettra l’approvisionnement des clients dans le monde des cosmétiques.

Par contre, Argousiers nordiques doit aussi s’assurer de pouvoir extraire suffisamment d’huile de ses baies pour répondre aux besoins de ses futurs clients. « Il faut beaucoup de baies pour produire très peu d’huile », rappelle le technicien agricole.

Selon lui, 100 kilos de baies permettent de produire à peine 1 litre d’huile lors d’une transformation optimale avec des équipements à la fine pointe de la technologie. Entre 1 et 10 % d’huile d’argousier entre dans la fabrication des produits cosmétiques.

Oui, il y a le développement de l’huile et du jus d’argousier qui se trouve dans la mire d’Argousiers nordiques, mais il y a plus encore. En effet, l’entreprise mise aussi sur la production de plants à des fins de commercialisation.

Actuellement, les boutures sont replantées dans le verger, mais dès l’an prochain, la vente de plants s’amorcera. « On a déjà des commandes spéciales de clients. On y va déjà à la demande. »

Enfin, Argousiers nordiques vient d’enregistrer des pertes d’environ 200 000 $ en raison des ravages faits par les ours dans son verger. On sait que les signalements liés à ces bêtes ont explosé ces derniers mois dans la Manicouagan.

« On a perdu certains rangs d’argousiers qui ont été vraiment massacrés », déplore Sylvain Collier. Heureusement, les racines sont toujours présentes dans le sol, mais des arbres matures au fort potentiel de production ont été atteints. Il faudra de deux à trois ans pour qu’ils retrouvent ce potentiel.

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