Traversiers : la Chambre de commerce réclame une véritable fiabilité

Par Steeve Paradis 6:00 AM - 24 novembre 2020
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Pour Antonio Hortas, le Saaremaa I remplirait mieux son rôle de navire de relève s’il était basé plus près de Matane ou Baie-Comeau au lieu de Trois-Rivières.

Comme bien d’autres, Antonio Hortas n’en revient pas des péripéties qui émanent de la traversée du Saint-Laurent entre Matane et la Côte-Nord. Bris innombrables, navire de relève non conçu pour les conditions de navigation, population laissée dans l’ignorance, les griefs sont nombreux pour le président de la Chambre de commerce et d’industrie de Manicouagan (CCIM), qui réclame un service fiable, quelles que soient les conditions.

« Il va falloir que quelqu’un, à quelque part, dise que c’est assez », a réagi d’entrée de jeu M. Hortas. « J’ai l’impression qu’on nous offre un transport plus ou moins en commun, plus ou moins fiable parce qu’on considère que c’est plus ou moins important. »

Le président s’interroge bien sûr sur la quantité de bris sur le F.-A.-Gauthier, inactif jusqu’à nouvel ordre depuis vendredi en raison d’une fuite d’huile, à peine cinq jours après son retour d’un arrêt technique d’une durée de sept semaines.

« De toute évidence, la qualité du travail réalisé n’est pas à la hauteur de l’importance du rôle de ce navire. Et à quelque part, c’est de la mécanique, pas une potion magique. Il y a des gens qui ne contrôlent pas de la façon dont les pièces sont remontées, qui ne vérifient pas ce qui se passe et qui ne font pas de tests. (…) Ça prend un plan, mais elle (la Société des traversiers) s’acharne à ne pas en avoir », a-t-il pesté.

Antonio Hortas apprécierait beaucoup que les autorités de la STQ « viennent s’adresser à la population pour démontrer qu’ils font tout ce qui est humainement possible pour assurer la fiabilité du service. Pour moi, il y a là une zone grise ».

Le président-directeur général de la STQ, Stéphane Lafaut, est du coup interpellé par le président de la chambre.

« M. Lafaut, c’est une bonne personne, j’en suis convaincu. La première année, il a pris connaissance de tout ça mais là, ça va faire trois ans qu’il est là et trois ans plus tard, on rencontre encore le même genre de problème. Comme disait Einstein, si tu fais toujours la même chose, tu vas toujours avoir le même résultat », a-t-il lancé.

Donner les conditions gagnantes

Quant au Saaremaa I, M. Hortas n’est pas le seul à estimer qu’il n’est pas nécessairement adéquat pour faire la traversée entre Matane et la Côte-Nord. Le Saaremaa I ne traverse d’ailleurs pas aujourd’hui mardi en raison des mauvaises conditions météo.

Mais maintenant que ce navire de relève est là pour au moins quelques années, on pourrait tenter de lui donner les conditions gagnantes pour qu’il accomplisse son travail le mieux possible, croit le président de la CCIM.

« On a déjà demandé à ce que le navire de relève soit plus près de la desserte, plutôt qu’à Trois-Rivières, pour qu’il puisse prendre la relève plus rapidement. On a aussi déjà dit que l’hiver, le navire devrait passer la nuit à Baie-Comeau. C’est plus facile de sortir d’ici, avec le port libre de glace en tout temps.

« Ce sont toutes des choses qu’on a déjà évoquées avec la STQ. Mais est-ce que la logique opérationnelle suit la logique administrative et politique? On est en droit de se poser la question », conclut Antonio Hortas.