Pour mettre fin à toutes les violences vécues par les femmes

6:00 AM - 7 Décembre 2020
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La Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes (CQMMF) se joint à toutes les citoyennes et tous les citoyens qui se rappellent les quatorze femmes assassinées à l’École polytechnique de Montréal, le 6 décembre 1989. Elles ont été tuées parce qu’elles étaient des femmes, c’était un véritable féminicide de masse!

Aujourd’hui, nous lançons un cri du coeur et un appel à la solidarité pour dire NON à toutes les violences dont sont victimes les femmes, et ce, à travers la planète.

De fait, dans toutes les régions du monde, les femmes souffrent, vivent des discriminations, subissent des agressions et, trop souvent, meurent de cette haine dirigée contre elles.

La Charte mondiale des femmes pour l’humanité, à sa « valeur justice » décrit fort bien ce que nous revendiquons :

L’intégrité physique et morale de toutes et de tous est garantie. La torture, les traitements humiliants et dégradants sont interdits. Les agressions sexuelles, les viols, les mutilations génitales féminines, les violences spécifiques à l’égard des femmes, le trafic sexuel et la traite des êtres humains sont considérés comme des crimes contre la personne et contre l’humanité. [1]

Nous reconnaissons que des pas ont été réalisés, des progrès ont été accomplis et des victoires ont été acquises au cours des dernières années. Il y a eu la campagne #MoiAussi qui a permis de dénoncer les harceleurs et agresseurs sexuels, des maisons d’hébergement ont été ouvertes dans toutes les régions du Québec, de la sensibilisation et de la formation sont désormais offertes aux intervenantes et intervenants des réseaux juridiques, de santé, de services sociaux et d’éducation. Ces progrès ont été arrachés de hautes luttes par les femmes.

Mais, force est de constater que la culture de la violence, de domination et de contrôle des femmes est encore bien vivante et bien présente. Le système patriarcal dans lequel nous vivons continue d’engendrer diverses formes de violence envers les femmes et les multiples minorités sexuelles. Les manifestations de sexisme, de racisme et d’intolérance continuent de plus belle et des actes violents s’expriment sans gêne et bien souvent, sans conséquence, pour les agresseurs!

Inutile de rappeler les statistiques qui démontrent clairement les drames vécus par les femmes et les jeunes filles, les médias en sont pleins. Inutile de redire que les maisons d’hébergement ne peuvent plus aujourd’hui répondre aux besoins toujours grandissants des femmes victimes de violence.

Inutile de répéter que les femmes sont trop souvent victimes de harcèlement psychologique et d’agressions sexuelles dans tous les secteurs d’activités et milieux de travail.

Inutile de souligner à grands traits encore et encore que les femmes autochtones vivent des gestes et des violences d’un racisme systémique innommable ou en tout cas si peu nommé et reconnu.

Inutile de préciser que les femmes et les familles souffrent de façon importante de violence économique qui engendre des drames humains souvent bien cachés derrière les rideaux de fine mousseline d’une société d’opulence pour les uns et de besoins non satisfaits pour les autres.

Et, comme si toutes ces réalités n’étaient pas suffisantes, nous savons que la pandémie actuelle aggrave davantage encore les inégalités sociales et peint en noir le quotidien de nombreuses femmes et familles. Le confinement, c’est maintenant connu et reconnu, provoque encore plus de stress, de tensions et de violence dont les femmes sont très largement les victimes.

Assez, c’est assez !

Plus que jamais, nous avons besoin de renforcer notre solidarité, d’élargir nos luttes, de conquérir de nouveaux espaces contre les préjugés, les oppressions et les discriminations. Surtout, nous devons présenter des alternatives concrètes en réponse à ces carences, ces lacunes, ces défis. Nous voulons offrir de l’espoir et pour y arriver nous devons créer des conditions gagnantes pour les femmes, même et peut-être surtout en période de pandémie.

C’est pourquoi, nous proposons que chaque citoyenne et citoyen soit en alerte. Que les actes de violence (physique, psychologique ou symbolique) soient dénoncés. Que les hommes deviennent des alliés réels et actifs afin de casser les schémas de contrôle et de domination des hommes sur les femmes.

C’est un cri du coeur pour que les violences envers les femmes, les jeunes filles et les familles les plus vulnérables disparaissent. Certes, il s’agit d’un objectif ambitieux car il implique la contribution collective de toute la société. Nous avons fait les premiers pas ensemble. Il s’agit maintenant de faire le reste du chemin. Il est parfois rocailleux, parfois boueux, parfois raide. Mais le résultat n’en vaut-il pas la peine ?

La coordination de la CQMMF : Marie-France Benoit, Joanne Blais, Émilia Castro, Marie-Andrée Gauthier, Virginie Larivière, Brigitte Michaud, Viviane Michel, Patricia Rivest, Katherine Tardif.

Le Regroupement des femmes de la Côte-Nord appuie ces revendications, en solidarité avec les femmes de la Côte-Nord, les femmes autochtones et toutes les femmes à travers le monde.

[1] La Charte mondiale des femmes pour l’humanité, adoptée à la Rencontre internationale de la Marche mondiale des femmes au Rwanda, en décembre 2004, Marche mondiale des femmes 20 ans de solidarité féministe, Marie-France Benoit & Joane Mc Dermott, Février 2020, p. 119.

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