Antoine Rousseau le bâtisseur sera-t-il honoré?

Par Julien-Pierre Desmeules-Paré 9:00 AM - 8 Décembre 2020
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Antoine Rousseau travaillait au quartier général d’Hydro-Québec sur le boulevard La Salle et il résidait dans le quartier St-Georges.

Grâce à la démarche citoyenne de Luc Bourassa et à l’appui de la MRC de Manicouagan, la portion 0-22 km de la route 389, qui mène vers la centrale Manic 2, pourrait porter le nom d’Antoine Rousseau, un bâtisseur de la région qui s’est impliqué dans les grands projets de l’époque et qui a contribué au développement économique de la Côte-Nord. Mais qui était donc M. Rousseau? Comment a-t-il marqué la Côte-Nord lors de son séjour dans la région?

Il est important de se rappeler qu’à l’époque, le Québec était en pleine Révolution tranquille. Jean Lesage était premier ministre du Québec et René Lévesque était ministre des Richesses naturelles. Ce dernier propose la nationalisation des compagnies d’électricité et amorce la vague de grands projets qui frappera le Québec dans les prochaines décennies.

M. Rousseau a donc entamé son travail sur les projets de la Côte-Nord en 1960 alors qu’il a été approché par Hydro-Québec pour devenir directeur général du projet Manic-Outardes. « Le projet Manic-Outardes était un énorme projet. Il serait étonnant de voir un aussi gros projet même de nos jours », explique Catherine Pellerin, coordonnatrice-archiviste à la Société historique de la Côte-Nord.

Les archives parlent de lui comme un homme honnête, travaillant, respectueux de ses hommes et qui utilisait beaucoup l’humour pour accueillir ceux et celles qui travaillaient avec lui. On peut lire dans la Revue d’histoire de la Côte-Nord que le directeur général savait bien s’entourer et faisait appel aux talents locaux.

M. Rousseau, ainsi que d’autres ingénieurs québécois, sont devenus les maîtres d’œuvre des grands projets hydroélectriques. Mme Pellerin précise qu’à l’époque, « il y avait une arrivée de plusieurs ingénieurs francophones dans les hauts postes d’Hydro-Québec. Et lorsqu’on voit les noms des gens qui entouraient M. Rousseau, on réalise qu’il y avait énormément de Québécois ».

« Le fait que ça soit un francophone qui ait à gérer un projet de 1,5 milliard de dollars de l’époque » démontre un changement de cap pour les Québécois, ajoute Mme Pellerin

M. Rousseau a aussi contribué au développement du projet hydroélectrique de la rivière La Grande-1 à la Baie James dont la conception a été annoncée au début des années 70 alors que la construction a démarré au début des années 90 pour se terminer en 1994-1995.

Le directeur général n’était pas originaire de la région, mais était très impliqué dans différents clubs et organismes.

Il était, entre autres, président du corps consultatif de la Jeune Chambre de commerce de Baie-Comeau, président honoraire de l’Association récréative de Baie-Comeau, conférencier au souper du Club Richelieu, invité d’honneur au Banquet de l’Association forestière de la Côte-Nord et conférencier à l’ouverture de l’Expo Côte-Nord 1967.

Antoine Rousseau est décédé en 2006, mais il a su marquer la région de manière indélébile et il a légué aux Québécois la fierté pour un projet unique fait par des francophones et dont les profits reviennent aux citoyens du Québec.

« Pour réussir, il faut travailler. Il ne faut pas se laisser faire. Il faut toujours combattre, essayer d’attaquer les points les plus faibles pour les améliorer et surtout les prendre à temps pour ne pas être, à un certain moment, débordé », est-il écrit dans la Revue d’histoire Côte-Nord qui cite M. Rousseau.

Soulignons en terminant que ce sera la Commission de toponymie du Québec qui déterminera si la nouvelle portion de la route 389 portera le nom d’Antoine Rousseau.

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