Motoneigiste gravement blessé : les témoins directs se confient

Par Charlotte Paquet 3:00 PM - 26 janvier 2021
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Des pompiers et des policiers ont passé la nuit au côté du blessé et du reste du groupe dans le chalet de Boby Miller en attendant le transport par hélicoptère dimanche matin. Photos Guylaine Raymond

Un accident de motoneige a causé des blessures graves à un homme, samedi soir, sur le lac Sainte-Anne, dans un secteur isolé situé à l’extrémité du chemin de la Toulnustouc. Douze heures plus tard, il était transporté à l’hôpital à bord d’un hélicoptère de la Sûreté du Québec, tout ça grâce au sang-froid de sa conjointe, d’un couple de villégiateurs et des secouristes. Voici leurs témoignages.

Vers 8 h dimanche, l’hélicoptère, en provenance de Saint-Hubert en banlieue de Montréal, atterrissait près du chalet de Boby Miller afin de récupérer le blessé. Michael Gibara, 55 ans, domicilié à Saint-Jérôme, mais résidant à son chalet depuis plusieurs mois, était évacué vers l’hôpital de Baie-Comeau après des heures et des heures de douleurs.

Au lendemain de l’accident, la porte-parole de la Sûreté du Québec, Hélène Saint-Pierre, a raconté que la victime se trouvait près de sa motoneige lorsqu’elle a été heurtée par une autre motoneige, sur laquelle prenaient place un homme et une femme.

« Les deux motoneiges étaient en promenade ensemble, mais une certaine distance les séparait », a-t-elle souligné, en ajoutant que la poudrerie pourrait avoir nui à la visibilité et causé l’accident survenu dans un secteur isolé et éloigné.

Comme l’a expliqué Alain Miville, directeur de la Sécurité publique de la Ville de Baie-Comeau, il fallait atteindre le kilomètre 93 sur le chemin de la Toulnustouc avant de poursuivre en motoneige sur une distance de 60 kilomètres hors route pour finalement arriver au chalet qui a servi de refuge.

Casque à récupérer

Si l’homme se trouvait à côté de sa motoneige, c’est qu’il venait d’échapper son casque et se rendait le récupérer. C’est ce qu’a mentionné au Manic Katéri Dubé, l’épouse du blessé, qui prenait place sur la deuxième motoneige.
« Je l’ai vu revoler mon homme, je l’ai vu revoler comme une guenille », a témoigné la dame éplorée, lundi, alors qu’elle se trouvait à son chevet à l’hôpital. Lampe de poche en main, elle a raconté avoir vu le sang qui s’échappait du blessé et avoir pris son foulard pour lui faire un garrot.
L’autre motoneigiste est parti chercher du secours, mais comme il semblait s’être perdu, c’est elle-même qui a dû s’en occuper. Son mari l’a encouragée. « Il m’a dit pogne le ski-doo, va me chercher de l’aide. Je sais que tu es capable », a raconté avec émotion la dame qui n’avait jamais conduit l’engin dans ce secteur situé à neuf kilomètres de leur propre chalet. Elle a réussi.

Lundi, après de nombreuses heures passées sur la table d’opération la veille, son époux n’était pas encore tiré d’affaire. En larmes, elle a raconté qu’il pourrait y avoir eu des dommages au cœur.

Sauvés par un couple

Pour en revenir au moment où son mari l’a implorée d’aller chercher du secours, Katéri Dubé s’est donc élancée un peu à l’aveuglette sur le lac quand elle a aperçu au loin une lueur. Cette lueur provenait du chalet de Boby Miller, qui s’y trouvait avec sa conjointe Guylaine Raymond, une infirmière,

« Nous, on était en train de souper. Il était environ 20 h, quand une dame est arrivée en motoneige en disant que son mari avait les deux jambes cassées », a raconté Guylaine Raymond. Son conjoint et elle ont rapidement pris leur trousse de secours et une couverture avant d’enfourcher leurs deux motoneiges pour partir en direction de la victime.

« Boby est allé chercher une sleigh dans un chalet pas loin, on l’a embarqué (l’homme) et on l’a installé dans l’entrée du chalet. On l’a réchauffé toute la nuit, on a chauffé des couvertures dans la sécheuse toute la nuit », a poursuivi celle qui a coupé ses vêtements afin de soigner une plaie ouverte à la jambe.

Trois heures plus tard après l’appel au 911, les pompiers et policiers sont arrivés en motoneige en vue de l’évacuation de la victime sur un traîneau. Devant la gravité de ses blessures, il a été décidé de ne pas le déplacer.

« Ils ont sécurisé les lieux, ils ont été super », a souligné l’infirmière, qui formait un bon duo avec son conjoint, détenteur d’une formation de secouriste en milieu isolé. Les pompiers et les policiers ont passé la nuit avec le blessé, son épouse, l’autre motoneigiste et le couple Miller-Raymond.

Le blessé n’a jamais perdu conscience. « Le monsieur a souffert le calvaire. Moi, tout ce que j’avais, c’était des Tylenol », a précisé Guylaine Raymond. Pendant ces heures tellement intenses et stressantes, elle dit s’être répété que si un jour un tel drame lui arrive, elle aimerait aussi que des gens lui viennent en aide.

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