Des réalités différentes pour les restos et les bars

Par Julien-Pierre Desmeules-Paré 6:00 AM - 7 février 2021
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Les propriétaires de bars devront s’armer de patience alors que les restaurants préparent leur réouverture.

Avec l’annonce d’un allègement du confinement dans certaines régions, les bars s’attendaient à pouvoir rouvrir leurs portes, avec le faible nombre de cas de COVID-19 dans la région et la bonne collaboration des propriétaires d’entreprises depuis maintenant presque un an, mais en vain. Le Manic a discuté avec trois propriétaires de bars.

Le mois de janvier a été difficile pour les restaurateurs et les propriétaires de bars partout en province. L’annonce de la réouverture des restaurants a été bien accueillie, mais une ombre se glisse au tableau alors que les bars n’auront pas ce même privilège.

Pour Karim El-Mongi, propriétaire du bar La P’tite Grenouille de Baie-Comeau, les obstacles ont été nombreux durant l’année comme pour tous ses homologues. Contrairement à eux cependant, il ne peut ouvrir son établissement jusqu’à nouvel ordre.

En tant que copropriétaire de la microbrasserie St-Pancrace, Pierre-Antoine Morin était heureux de pouvoir redémarrer les activités de son entreprise, avec le pub qui est à la fois bar et restaurant. « De un, on est très heureux de pouvoir rouvrir. De deux, comme l’ensemble des restaurateurs de la région, on aurait aimé que les mesures soient davantage assouplies. Mais dans la situation actuelle, on est mieux ouvert que fermé », explique-t-il.

De son côté, Denis Harel, propriétaire du resto-bar Le Blues, estime que les mesures sont très strictes. « J’ai toujours été très conciliant, j’ai toujours compris et accepté la situation. Mais j’avoue que ce bout-là, je trouve ça ordinaire. On ne peut même plus avoir de réunions comme on le pouvait avant les Fêtes. J’ai été forcé d’annuler des réservations », dit-il en soulignant que la possibilité d’ouvrir est présente, mais que les revenus ne seront probablement pas au rendez-vous.

Main-d’œuvre

La situation de la main-d’œuvre dans la région semble être une réalité partagée par les trois propriétaires. Les employés dans le milieu peuvent être rares et le mouvement de personnel est souvent un problème commun.

« Il y a de l’inquiétude et de l’instabilité pour les employés. Mon expérience à Baie-Comeau me dit que c’est très difficile d’engager du monde. Il y a un risque que lorsqu’on va rouvrir, certains employés vont peut-être rechercher un travail ailleurs », souligne M. El-Mongi en précisant l’importance de mettre l’emphase sur la réalité des employés qui sont également victimes des nombreuses mesures.

Le même constat est fait par M. Morin. « Avant même la pandémie, dans l’ensemble de la restauration, la question de la main-d’œuvre était un enjeu clé. Nous on est chanceux, au pub les gens reviennent malgré la période de fermeture ».

Prêts et subventions

N’ayant pas eu de revenus pour le mois de janvier, les propriétaires croient en majorité que les prêts gouvernementaux ne suffiront pas puisque le remboursement sera une tâche très complexe, voire impossible pour certaines entreprises.

« Je crois que tout le monde dans notre situation voudrait avoir des subventions plutôt que des prêts. Ça va prendre des années à rembourser les prêts. », explique M. El-Mongi. « Les revenus du mois de janvier sont perdus, on ne peut les reprendre. Le prêt, ça va, mais on n’a pas les revenus pour le rembourser ce prêt-là », d’ajouter M. Morin.

L’avenir

Le propriétaire de la P’tite Grenouille de Baie-Comeau comprend la complexité de la situation pour le gouvernement. Selon lui, l’important est de bien communiquer les directives à l’aide de messages clairs. « Comme tout le monde, on est dans le néant, est-ce que ça va durer un an, deux ans? »

Quant à M. Harel, « dans deux semaines ils vont réviser ça. On aura peut-être plus de latitude. On comprend qu’ils prennent leurs précautions. Nous on va s’armer de patience. »

Et pour M. Morin, « il est important de remercier l’ensemble de la population d’avoir bien fait les choses. Ça nous a permis de rouvrir contrairement à d’autres régions », explique-t-il.

Rappelons qu’il est actuellement nécessaire de réserver avant de se présenter dans un restaurant.

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