Alcoa et HAP : les citoyens ne lâchent pas prise

Par Charlotte Paquet 6:00 AM - 9 février 2021
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Les procédures qui ont mené à l’autorisation d’une action collective du Regroupement des citoyens du quartier Saint-Georges contre l’aluminerie Alcoa ont commencé en 2005.

Le Regroupement des citoyens du quartier Saint-Georges s’attendait que de nombreuses années s’écoulent avant de pouvoir tourner la page sur son action collective contre l’aluminerie Alcoa dans le dossier des émanations de HAP. Le temps lui donne raison.

Seize ans après le début des procédures pour une action collective, les démarches se poursuivent toujours afin d’obtenir des compensations monétaires pour la contamination des terrains du quartier par les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) émis pendant les 30 premières années d’existence de l’aluminerie, soit jusqu’aux années 80.

Guylaine Lévesque, la porte-parole du regroupement qui représente les quelque 2 000 résidents du quartier, considère même que cette contamination pourrait s’être poursuivie jusqu’à l’arrêt complet de toutes les cuves Soderberg en 2013, même à très petite échelle. « Depuis 2010, 2012, on remarque dans le quartier que la végétation a repris sa place », souligne-t-elle, en faisant référence au processus d’arrêt qui s’est fait graduellement.

Faut-il rappeler qu’en 2002, Alcoa avait elle-même révélé la contamination aux HAP de 129 terrains et des travaux de réhabilitation avaient été réalisés dès l’année suivante.

Bien des années plus tard, soit en août 2018, une campagne d’échantillonnage a été tenue dans 51 résidences du quartier afin de vérifier la présence possible de particules de HAP. Le rapport a été déposé en avril 2019, mais les résultats n’ont pas été dévoilés.

« La concentration qu’il y avait sur les terrains et qu’on pense qu’il y a dans les maisons, ça nous inquiète. (…) On a toujours dit qu’on a été lésés là-dedans, ils nous ont pollués pendant des années », poursuit Guylaine Lévesque.

Dans ce dossier, elle affirme se démener pour les générations futures. « Pour que les maisons soient saines et qu’on n’ait pas de mauvaises surprises dans 50 ans. »

Procédures à modifier

Le cabinet Sylvestre Painchaud et associés de Montréal, qui représente le regroupement de citoyens, s’apprête à déposer une demande de procédure modifiée au tribunal. Il a jusqu’au 15 février pour le faire.

« On est en train de compléter la documentation nécessaire pour mettre à jour le dossier. La dernière fois que la procédure a été modifiée, c’est en 2008. Beaucoup de choses ont changé depuis », explique Me Catherine Sylvestre.

Cette dernière fait notamment référence au démantèlement des cuves Soderberg et aux expertises réalisées au fil des ans. « L’objectif (des modifications) est de ramener le dossier à jour pour avoir tout ce qu’il nous faut pour le procès. » Un procès qu’elle prévoit en 2022 dans le meilleur des cas, en 2024 dans le pire.

Me Sylvestre rappelle que depuis la réception en 2019 du rapport d’échantillonnage effectué dans des résidences du quartier Saint-Georges, plusieurs résultats d’expertises ont été soumis de part et d’autre. « Alcoa a été informée des résultats, tout comme nous. On a informé Alcoa de l’interprétation qu’on en faisait. »

Catherine Sylvestre s’attend à ce que l’aluminerie fasse aussi la mise à jour de son dossier d’ici l’automne prochain. « Leur défense date de 2008 eux aussi », souligne-t-elle.

La procureure souligne que son client a une volonté de régler hors cour. « Il y a toujours eu une main tendue de notre côté et ça, dans l’intérêt de nos membres. On n’en est pas là. »

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