Féminicides : recrudescence d’appels à l’aide en région

Par Teresa Fortier 10:54 AM - 20 avril 2021
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La Côte-Nord détient la première place au triste podium du plus haut taux de violence conjugale au Québec. Image iStock.

Depuis la vague de féminicides qui assombrit le Québec, la Côte-Nord assiste à une recrudescence des appels de femmes en situation de violence conjugale, d’après la Maison des femmes de Baie-Comeau.

La Côte-Nord compte deux fois plus de cas de violence conjugale que la moyenne québécoise, d’après le ministère de la Sécurité publique. La Maison des femmes de Baie-Comeau, qui est au cœur de la crise, observe une augmentation des cas depuis le début de la pandémie, mais surtout depuis la médiatisation des féminicides au Québec.

 Cependant, l’adjointe coordinatrice de la Maison des femmes de Baie-Comeau, Valérie Bélanger, rapporte que les femmes sont plus enclines à demander de l’aide auprès de l’organisme.

« La sensibilisation a permis de montrer aux gens c’est quoi la violence conjugale et la violence psychologique qui est plutôt invisible », déclare Mme Bélanger.

Autant pour la Maison des femmes que pour Homme aide Manicouagan, il y a non seulement les victimes, mais également les coupables et les proches qui sont davantage à l’affût des signes ou des envies de violence.

« C’est de moins en moins comme ça, mais on dit beaucoup que c’est du domaine privé qu’il ne faut pas s’en mêler, parce que ce n’est pas de nos affaires, mais il ne faut pas se fermer les yeux quand on voit quelque chose », exprime Valérie Bélanger.

Un problème qui touche tout le monde

Les locaux d’Homme aide Manicouagan accueillent de plus en plus d’hommes qui s’y rendent pour parler, se faire accompagner, obtenir des pistes de solutions, et ce depuis le début de la pandémie également.

« Nous observons les comportements dès le « boudage » jusqu’au pire, comme les féminicides », rapporte le co-directeur, conseiller clinique et intervenant de l’organisme, Patrick Desbiens. Il ajoute que l’étape la plus difficile pour les hommes dans la région est de franchir le pas pour demander de l’aide.

« Ils peuvent attendre longtemps avant d’aller chercher de l’aide, et c’est en lien avec la socialisation masculine. Sur la Côte-Nord on voit encore beaucoup de stéréotypes masculins : un homme ne pleure pas, ça n’a pas besoin d’aide, ça s’arrange tout seul… on essaye donc de les aider et leur donner des réponses le plus rapidement possible », témoigne M. Desbiens.

Malgré l’importance de la sensibilisation que la vague de meurtres en situation de violence conjugale a apportée, il croit que la médiatisation liée à ces évènements en a peut-être provoqué d’autres.

« On se questionne beaucoup à savoir “est-ce-que c’est nécessaire de savoir comment c’est arrivé (un féminicide)? ” Ça donne comme une référence. C’est anecdotique, pas scientifique, mais je crois que la médiatisation pourrait être mieux encadrée », conclut-il.

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