Pourquoi les jeunes boudent-ils la politique?

Par Teresa Fortier 6:00 AM - 17 mai 2021
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« C’est tellement plus que de prendre la décision si on installe un panneau Stop », explique le maire de Baie-Comeau, Yves Montigny, pour expliquer le travail en politique municipale.

Au Québec, durant les élections municipales de 2017, les personnes âgées de 18 à 34 ans représentaient moins de 9 % des gens impliqués en politique municipale, d’après le site internet du gouvernement du Québec. Il s’agit d’un chiffre alarmant, compte tenu que cette tranche d’âge compose au moins le quart de la population québécoise, qui est donc sous-représentée sur la scène municipale.

« Je vais avoir 50 ans, et je suis le jeune du groupe », raconte le maire de Baie-Comeau, Yves Montigny, au téléphone. Selon lui et les statistiques qui le démontrent amplement, les jeunes ne sont pas suffisamment représentés en politique municipale, comme les femmes et les personnes issues de diversités culturelles. Peu de gens de cette tranche d’âge décident de s’impliquer, et ce, pour plusieurs raisons.

D’après le président de la Commission des jeunes élus de l’Union des municipalités du Québec (UMQ), Younes Boukala, les jeunes sont davantage hors de la scène municipale puisqu’elle est d’abord méconnue et du même fait, moins médiatisée.

« Quand il y a un débat à l’Assemblée nationale, tout le monde en parle, mais au conseil municipal, il n’y a pas de grandes vagues. C’est normal, mais ça fait que c’est un milieu sous-estimé », explique celui qui est également le plus jeune élu municipal de l’histoire de Montréal.

Un manque de temps

Il s’agit d’une époque particulièrement mouvementée pour les gens entre 18 et 34 ans. Certains sont aux études, d’autres se préparent à la vie de famille ou se lancent en entreprise. M. Montigny énumère toutes ces raisons lorsque la question « pourquoi les jeunes ne s’impliquent pas davantage en politique municipale? » lui est posée.

Pour Julien Hovington, un jeune Nord-Côtier passionné de la politique, les études sont justement un facteur qui l’empêche de s’impliquer plus sérieusement.

« Dans les dernières années, je ne me suis pas vraiment impliqué car j’étudiais au Cégep de Baie-Comeau et je suis maintenant à l’université. J’avais peur que ça nuise à mes études si je m’impliquais trop », témoigne l’étudiant qui a tout de même toujours gardé un œil sur la politique et les enjeux de sa région.

Selon le maire de Baie-Comeau, qui valorise un contact étroit avec les jeunes impliqués de la municipalité, il est primordial d’entretenir une conciliation entre la vie personnelle et la vie municipale. D’ailleurs, il prétend que cela est beaucoup plus facile depuis l’ère du télétravail qui a débuté l’an dernier.

 « À ma dernière réunion, j’ai été capable de seulement monter les escaliers et aller souper avec ma famille (…) ce n’est pas la même chose si je perds deux heures de ma journée à conduire lorsque j’ai une rencontre avec les conseillers », témoigne-t-il.

Ça implique quoi?

La professeure en sciences politiques du Cégep de Baie-Comeau, Lysandre Saint-Pierre, juge que plusieurs jeunes, souvent fraichement arrivés dans la vie municipale, font face à l’inconnu en ce qui concerne les tâches et les formations des conseillers ou d’un maire.

Selon elle, les jeunes s’intéressent réellement à la politique. Cependant, il s’agit plutôt de politique internationale qui semble éveiller les débats puisqu’il fait partie de l’actualité de tous les jours. Les enjeux municipaux, qui sont plutôt méconnus, sont davantage méprisés par les jeunes.

« C’est tellement plus que de prendre la décision si on installe un panneau Stop », s’exclame le maire de Baie-Comeau, qui énumère au bout du fil les centres d’intérêt de la municipalité. « Il faut amener les jeunes à comprendre que c’est plus que ça! », conclut M. Montigny.

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