Litige avec la ZEC Labrieville : Boisaco plaide la bonne foi

Par Steeve Paradis 7:00 AM - 2 juin 2021
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Le directeur général du Groupe Boisaco,André Gilbert (à l’avant), assure que les usines comme celles qu’il dirige ont besoin d’un approvisionnement constant en matière première et ne peuvent cesser leurs activités durant la période de la chasse. Photo courtoisie

Dans ce litige avec la ZEC Labrieville, la forestière Boisaco assure avoir tout fait en son pouvoir pour trouver une solution qui aurait plu aux deux parties. Mais elle n’a pas réussi, pour une très rare fois selon ses dires.

« On a vraiment essayé de faire tout pour être le plus accommodant possible », a lancé le président du Groupe Boisaco, Steeve St-Gelais. « On est une organisation issue du milieu, qui appartient au milieu. On a donc toujours à l’esprit de tenir compte des intérêts de tous les intervenants du milieu et on va au-delà de ce qui se fait dans d’autres régions », a-t-il ajouté.

Le président fait aussi valoir qu’un groupe comme Boisaco, qui opère quatre usines qui ont toutes besoin d’approvisionnement continu en bois pour fonctionner, doit planifier ses opérations « pour que les entrepreneurs puissent opérer sur l’ensemble de l’année. Je ne connais pas d’entreprises qui arrêtent de couper pour la période de la chasse ».

Le directeur général du groupe, André Gilbert, a affirmé pour sa part que Boisaco « opère à l’année, car les usines doivent être approvisionnées. Toutes les périodes de l’année sont importantes pour nous. Avec un approvisionnement de 575 000 mètres cubes de bois, ce n’est pas possible d’arrêter et de repartir », a-t-il déclaré.

Pour ce qui est du différend avec la ZEC Labrieville, les deux hommes assurent que Boisaco a fait preuve de « nécessité de conciliation » et de « recherche de compromis ». Ils disent ne pas avoir senti la même ouverture de l’autre côté de la table, contrairement aux autres années.

Position fermée

« Dans ce dossier-là cette année, les gens de la ZEC ont eu une position fermée. On a fait de nombreuses tentatives pour régler le dossier, mais devant l’impasse, on a demandé le règlement de différends », a soutenu M. Gilbert. « En 20 ans, c’est seulement la deuxième fois qu’on va en règlement de différends », a-t-il enchaîné.

Et ce règlement ne satisfait pas nécessairement Boisaco non plus. « Ça ne fait pas notre affaire à 100 % non plus, mais on l’accepte. Il n’y aura aucune activité durant la première semaine de la chasse et on interdit aussi le transport dans la deuxième semaine, ce qui est quand même un précédent », poursuit le directeur général.

L’entreprise rejette également l’argument voulant que ce soit les prix du marché qui dictent sa décision d’aller bûcher dans le secteur Joe de la ZEC Labrieville.

« Ça n’a pas de lien avec la forte demande. On a prévu de la coupe dans ce secteur depuis très longtemps. Notre mission est d’être un moteur de développement socio-économique, d’être là à long terme et non pas dans un esprit de rentabilité à court terme. Il n’est aucunement question pour nous d’en faire plus en raison du marché actuel du bois », a indiqué Steeve St-Gelais en conclusion.

Pas question d’interdire la coupe durant la chasse

Dans l’état actuel des choses, le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) n’envisage pas d’interdire la coupe forestière durant la période de chasse au gros gibier.

Dans un échange de courriels avec Le Manic (impossible de parler à quelqu’un de vive voix), le porte-parole du MFFP, Sylvain Carrier, souligne que le ministère n’émet pas de restrictions durant la chasse et rappelle que « l’harmonisation opérationnelle des périodes de travaux pour la récolte forestière est sous la responsabilité des industriels forestiers ».

Pour ce qui est du processus de règlement des différends, le ministère a indiqué qu’en première instance, ce comité est composé du gestionnaire de l’unité de gestion du MFFP, du responsable de l’harmonisation (au sein de la MRC, la plupart du temps) et d’une personne-ressource de la direction régionale du MFFP.

Si le différend n’est pas réglé en première instance, le directeur régional de la gestion des forêts et une autre personne-ressource de la direction régionale rendent une décision finale en deuxième instance. « Celle-ci (la décision finale) s’avère bien souvent être un compromis qui ne plaît à aucune des parties impliquées », ajoute M. Carrier.

Le ministère assure que les forestières ne pèsent pas plus lourd que les gestionnaires de la faune quand il y a litige entre les deux. « Les différents droits sont octroyés en complémentarité sur le territoire public et aucun de ces droits n’a préséance sur un autre. L’occupation du territoire soulève des enjeux de cohabitation et un équilibre doit être trouvé dans la mesure du possible », écrit le porte-parole.

Ce dernier soutient également que les compagnies forestières n’ont pas toujours raison quand un terrain d’entente ne peut être trouvé à l’étape du règlement des différends.

« Un discernement en respect des droits de chacun des utilisateurs du milieu forestier est appliqué pour éviter de compromettre les activités tant forestières que fauniques et récréatives. Plusieurs pistes de solutions sont explorées en continu pour trouver un équilibre, tel que préconisé dans le régime forestier québécois. »

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