Dave Belliveau fait son chemin comme recruteur

Par Sylvain Turcotte 8:00 AM - 10 juin 2021
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Le natif de Sept-Îles, Dave Belliveau, recruteur pour les Saguenéens de Chicoutimi.

Dave Belliveau a 47 ans. S’il rêvait de la Ligue nationale comme joueur, maintenant, c’est par une tout autre porte que l’ancien de Sept-Îles pourrait y entrer.

Reculons de près de trente ans. « Les Lynx de Saint-Jean sont fiers de repêcher… Dave Belliveau ». Une phrase qu’a entendue le natif de Sept-Îles en 1990, alors âgé de 16 ans, au repêchage de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ).

Aujourd’hui, l’homme de 47 ans fait partie du personnel de recruteurs des Saguenéens de Chicoutimi. Il est l’une des paires de yeux de l’organisation pour épier les hockeyeurs de demain. Il parcourt les arénas à la recherche du futur, de ceux qui entendront leur nom être prononcé, comme ce fut le cas pour lui à une certaine époque.

Dave Belliveau aura joué cinq saisons dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec, dans la première moitié des années 1990, près de 300 matchs répartis entre les Lynx de Saint-Jean, les Saguenéens de Chicoutimi, les Faucons de Sherbrooke et les Bisons de Granby.

Au terme de sa carrière, après la saison 1994-95, il est rentré au bercail, Sept-Îles, pour travailler pour l’Aluminerie Alouette durant onze ans. Il a donné de son temps pour l’école de hockey septilienne, où il considère qu’il avait « une logique pour évaluer les joueurs, leur vision ».

Il quittera la région en 2007 avec en tête l’ambition d’être recruteur au niveau du junior majeur.

« Je ne pouvais pas faire ça à Sept-Îles. Ça se passe dans les grands centres pour voir des matchs du midget AAA, du midget espoir ou du réseau scolaire », souligne celui qui réside à Coteau-du-Lac depuis treize ans.

Après deux ans comme recruteur pour la Centrale de recrutement de la LHJMQ, il occupera le même titre, mais pour le compte du Phœnix de Sherbrooke durant deux ans. Quand il y a un changement de directeur général, il y a parfois un ménage dans le personnel hockey. Belliveau change donc d’organisation et se retrouve avec les Sags, formation avec qui il est depuis six ans.

« J’ai joué pour cette équipe et j’ai marié une femme de Chicoutimi », lance le père de deux enfants, Rosalie, 20 ans, étudiante en médecine dentaire, et Charles, 22 ans, en techniques policières. Dave a d’ailleurs coaché son fils lors de ses années au hockey mineur.

Il voit des matchs à la tonne

Comme recruteur, Dave Belliveau peut voir près de 250 matchs lors d’une saison, des fois une vingtaine par fin de semaine lors d’un tournoi. Son territoire, la région de Montréal, mais aussi l’Ontario, où des hockeyeurs québécois s’y trouvent pour l’apprentissage de l’anglais. Il se rend aussi deux ou trois fois par saison dans les Maritimes.

Il se dit très passionné par le hockey, son rôle de recruteur, occasion pour lui de voir les jeunes progresser. « Ce n’est pas un travail », mentionne l’homme qui travaille pour une usine, CEZinc.

Il connaît le chemin qu’empruntent les joueurs, leur rêve de jouer dans la LHJMQ, même s’il y a peu d’élus.

Un rôle en évolution

Dave Belliveau soutient que la façon de voir les joueurs a changé depuis ses débuts comme recruteur. Le regard est maintenant porté vers le sens du hockey et le coup de patin. « Je suis un bien meilleur recruteur qu’il y a dix ans ».

Assis dans les gradins des arénas, le recruteur n’a pas que le crayon et le papier entre les mains comme outils de travail. L’informatique a fait évoluer ce rôle avec les rapports des joueurs à entrer afin de voir leur progression.

InStat est également leur référence. Il aura été très utile au cours de la dernière année, marquée par la pandémie où les visites dans les arénas se sont faites rares.

« On connaît pas mal déjà les joueurs, mais ça fait que c’est plus dur de trouver les joueurs cachés, ceux qui sont sur la troisième ligne et qui peuvent surprendre ».

La Ligue de hockey junior majeur du Québec tiendra son repêchage les 25 et 26 juin, la première ronde pour la première date, les rondes 2 à 14 pour la deuxième journée.

« Toutes les équipes sont dans le même bateau. On s’est servi beaucoup de nos contacts, on parle avec les entraîneurs des années antérieures pour avoir leur feeling, mais ils parlent moins des défauts. D’ici le repêchage, ce sera les entrevues pour apprendre à connaître les joueurs », décrit Dave Belliveau, au sujet de la dernière année de recrutement. Il espère pouvoir mousser le potentiel d’un joueur de Sept-Îles éventuellement.

Questions/Réponses avec Dave Belliveau

Quels sont les faits marquants de ta carrière de hockeyeur?
J’ai joué cinq saisons dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec, c’est quelque chose de particulier. Il y en a qui sont là que pour une saison, deux ou trois. Mon repêchage en 1990, en troisième ronde par les Lynx, ça m’a aussi marqué. Je sais ce que les jeunes vivent quand ils viennent à la table de l’équipe. C’est un moment inoubliable.

Quelles personnes ont marqué ton parcours sportif?
Ma famille a toujours été présente. Mes frères Rémi et Serge étaient là pour me donner de bons conseils. Mes parents (Albert et Bibiane Belliveau), je leur dois un gros merci.

Il y a aussi un ami qui m’a beaucoup aidé pour être recruteur, Patrick Charbonneau, maintenant dépisteur pour les Maple Leafs. Il ne doit pas être de bonne humeur aujourd’hui (1er juin, au lendemain de l’élimination face aux Canadiens). C’est lui qui m’a donné ma première chance à la Centrale de recrutement et après avec le Phœnix de Sherbrooke. Ç’a été mon tremplin.

Ce dont tu t’ennuies le plus de ta carrière sportive?
Quand j’ai mis fin à ma carrière de joueur, j’ai trouvé ça difficile. J’aimais l’esprit de gang, l’esprit d’équipe. Comme recruteur, je retrouve cette fraternité. On a un tournoi de golf des recruteurs. On a une bonne amitié tout en travaillant de façon professionnelle, sans se dire quels joueurs on aime. Ça revient pas mal à mon passé de joueur.

Dave Belliveau, dans dix ans, il se voit où?
J’aimerais éventuellement upgrader mon statut comme recruteur, être dépisteur en chef dans la LHJMQ ou travailler dans la Ligue nationale, mais je ne suis pas pressé. Je n’attends pas après ça. Je suis encore sous contrat avec les Sags. Si dans deux ans le téléphone sonne pour un emploi chez les Canadiens, je vais dire oui. Je dois mettre les efforts, mais c’est beaucoup qui tu connais et tu dois aussi faire ton nom. Les joueurs que tu as aimés, vendu et en qui tu as cru, s’ils ne jouent pas dans le junior, ça ne t’aide pas.

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