Témoignage d’enfant d’une éducatrice spécialisée

Par Korina Leblanc 8:22 AM - 14 juin 2021
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Les 26 et 27 mai, il y a eu deux demi-journées de grève chez l’ensemble des membres du personnel de soutien en milieu scolaire du Québec. J’écris ces mots le 27 mai, donc j’ignore si les revendications des grévistes furent réellement respectées par le gouvernement ou ignorées pour une énième fois.

Peu importe le possible dénouement, je tiens à m’exprimer sur celles-ci ainsi que la véracité des revendications, car les conditions de travail du personnel de soutien, elles font pitié en s’il-vous-plait.

J’en témoigne de ces conditions parce que ma mère est membre du personnel de soutien en milieu scolaire. Elle est une mère autant formidable qu’elle est en tant qu’éducatrice spécialisée.

Je la vois se donner à fond pour les élèves sous sa responsabilité, elle travaille des heures le soir à la maison sur différents outils pédagogiques pour aider ceux-ci et il est impossible de ne pas la voir s’effondrer en larmes lorsqu’elle revient à la maison à la fin de la dernière journée d’école, heureuse de l’évolution de ses élèves, mais peinée qu’elle ne sache pas si elle va les revoir l’an prochain. Car, si vous ne le saviez pas, il n’existe pas de réelle sécurité d’emploi lorsqu’on est éducateur.

Je me souviens des années où je la voyais attendre anxieusement l’appel ou la lettre d’affichage d’emplois en espérant que son ancienneté soit suffisamment élevée pour qu’elle puisse avoir un poste, même si ce poste en question incluait un salaire ridicule et uniquement 15 heures par semaine.

Même aujourd’hui avec un poste permanent et un taux horaire dans la moyenne, ses heures sont affreusement faibles ; elle n’espère même pas avoir une tâche à temps plein un jour et c’est certainement le cas pour de nombreux éducateurs spécialisés.

Aussi, toutes les heures qu’elle passe à monter les outils mentionnés précédemment ne sont pas rémunérées, mais plutôt considérées comme du bénévolat bien qu’elle n’ait que très rarement l’occasion de réaliser ceux-ci lorsqu’elle est rémunérée comme elle s’occupe de ses jeunes.

L’été, je l’entends pester contre le chômage parce que, les éducateurs spécialisés, ils n’ont pas deux mois de vacances payées comme les professeurs. Ils ont, pour certains d’entre eux seulement, quelques jours de vacances accumulés en plus d’un plutôt faible revenu de chômage qui rend les fins de mois plus ardues.

Je parle de ma mère, mais je sais qu’elle n’est pas la seule dans cette situation et que les autres membres du personnel de soutien en milieu scolaire (les concierges, les éducateurs en service de garde, les techniciens, les secrétaires, etc.) vivent eux aussi des difficultés qui leur sont propres, mais je préférais m’avancer sur ce que je connais plus personnellement.

Les membres du personnel de soutien sont aussi importants que les enseignants dans le parcours des élèves pour une multitude de raisons. Il serait grand temps, si cela n’est malheureusement toujours pas actuel, que le gouvernement les respecte réellement en leur donnant les conditions de travail qu’ils devraient avoir depuis toujours et la reconnaissance qu’ils méritent.