Notre région, bien plus qu’un flirt

Par Dave Savard 6:00 AM - 18 juin 2021
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Photo Tourisme Côte-Nord

Depuis quelques années, nous entendons parler de la dévitalisation de la Côte‑Nord, plus précisément de la ville de Baie‑Comeau. Nous sommes passés de 25 554 habitants en 1996 (Statistique Canada, 2002) à 21 536 en 2016 (Statistique Canada, 2017). Il s’agit donc d’une diminution d’environ 4 000 personnes.

Pour vous aider à vous représenter cela, je vous offre cette mise en situation : c’est comme si les municipalités de Chute‑aux‑Outardes (1 563 habitants en 2016), de Pointe‑aux‑Outardes (1 332) et de Ragueneau (1 343) s’étaient toutes trois dévitalisées quasi complètement en l’espace de deux décennies. N’y a‑t‑il pas de quoi s’inquiéter?

Personnellement, étant natif de Baie‑Comeau, je suis tourmenté quand je pense à la ville que j’ai connue il y a de cela 25 ans en comparaison à celle que nous connaissons aujourd’hui. Oui, il faudrait voir au maintien de la vitalité de notre région ou en assurer une certaine revitalisation, puisque le contraire nous mènerait à notre perte.

Toutefois, nous aimons avoir tout ce bel espace qu’offre la Côte‑Nord rien que pour nous, n’est‑ce pas? (Ici, la distanciation sociale existait bien avant la mise en place partout au Québec de cette mesure sanitaire préventive par la santé publique.)

Un débat s’engage dans notre esprit : d’un côté, nous ne voudrions pas que Baie‑Comeau perde de la vigueur pour finalement, dans le pire des scénarios, être rayée de la carte; de l’autre, nous n’aimerions pas non plus qu’un jour Baie‑Comeau devienne une métropole. Du moins je ne crois pas que cela soit notre objectif en tant que communauté. C’est ce qu’on appelle, en philosophie, être dans une aporie, comme si nous nous retrouvions sur une route sans issue ou dans un cul‑de‑sac.

Selon les données de recensement, le déclin de la démographie de Baie‑Comeau est bien réel, mais je trouve cela quelque peu étrange lorsqu’un sondage de la firme Léger (IBL) révèle que Baie‑Comeau est un des endroits au Québec où il fait bon vivre. Voyez‑vous le paradoxe? C’est intrigant, non? S’il fait si bon vivre « icitte », comment expliquer cette dévitalisation. Que devons‑nous comprendre? Baie‑Comeau serait assez beau pour y vivre, mais pas assez pour y faire son nid?

Enfin, comme on lance sa ligne à l’eau, je lance la réflexion – qui devrait en être une collective – sur ce qui nous inspire à vivre ici à Baie‑Comeau et à y faire notre vie pour comprendre la cause du problème démographique. Peut‑être, et je dis bien « peut‑être », que celui‑ci repose sur la perception que nous avons de notre ville (ici ou ailleurs) et des environs qui semble, trop souvent, plus négative que positive.

Je me trompe? Je crois que c’est ce que nous devons changer : notre manière de voir notre région. Malgré ce phénomène de décroissance, qui est en effet inquiétant, il n’en demeure pas moins que, pour les Baie‑Comoises et les Baie‑Comois qui y vivent, c’est un endroit magnifique à découvrir, et il serait important que nous en soyons convaincus pour réussir à convaincre d’autres personnes d’y rester.  Le recensement de 2021 est en cours. Espérons que les données soient positives.

Statistique Canada. 2002. Profils des communautés de 2001. Diffusé le 27 juin 2002. Date de modification : 2005‑11‑30. No 93F0053XIF au catalogue de Statistique Canada. https://www12.statcan.gc.ca/english/Profil01/CP01/Index.cfm?Lang=F (consulté le 1 juin 2021).

Statistique Canada. 2017. Baie‑Comeau, V [Subdivision de recensement], Québec et Québec [Province] (tableau). Profil du recensement, Recensement de 2016, produit nº 98‑316‑X2016001 au catalogue de Statistique Canada. Ottawa. Diffusé le 29 novembre 2017. https://www12.statcan.gc.ca/census‑recensement/2016/dp‑pd/prof/index.cfm?Lang=F (site consulté le 1 juin 2021).

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