Le pensionnat de Kamloops

Par Korina Leblanc 7:00 AM - 25 juin 2021
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Le pensionnat de Kamloops dans les années 70. Photo Bibliothèque et Archives Canada

Plusieurs personnes ont entendu parler de l’horrible découverte de la fosse commune non identifiée sur le terrain de l’ancien pensionnat autochtone de Kamloops où les corps de 215 enfants autochtones furent déterrés. J’utilise le mot « découverte » avec dégoût, car nous le savions que des corps allaient être découverts à cet endroit un jour ou l’autre.

Les communautés autochtones demandent depuis des années aux gouvernements provinciaux et au gouvernement fédéral de sonder les terres des pensionnats autochtones pour trouver les corps des enfants qui ne sont jamais revenus chez eux.

Personne ne les écoutait et c’est toujours le cas aujourd’hui, car, même après cela, personne ne répond concrètement à leur demande d’aller sonder les terres des autres pensionnats.

Qu’est-ce que ça va nous prendre pour se réveiller? Nous sommes prêts (et je dis cela avec ambiguïté) à tenir le Vatican responsable de ce crime, mais nous ne les soutenons pas vraiment quand les communautés autochtones disent que l’excuse donnée n’est pas satisfaisante et lorsqu’elles demandent que le Vatican publie les registres de ces pensionnats pour connaître les noms des enfants qui se sont fait enlever de leurs parents et forcer par diverses violences et menaces de se conformer à l’idéal blanc.

Nous n’essayons même pas de les comprendre lorsqu’elles disent que l’excuse de Justin Trudeau est ridicule et qu’elles ne veulent pas de sa compassion non appuyée d’actions significatives.

Nous décidons d’ignorer que les gouvernements et le Vatican ne sont pas les seuls à être responsables de cette horreur ; que la population blanche l’est aussi.

Nous ne voulons pas accepter que nos arrière-grands-parents, grands-parents ou parents sont ceux qui ont enterré et assimilé de force des milliers d’enfants autochtones par racisme.

Nous ne voulons pas admettre que leur deuil n’est pas de l’histoire ancienne, mais bien le présent. Nous aimons mieux la pensée raciste que, vu que les personnes autochtones sont exemptes de certaines taxes, qu’elles ne sont pas opprimées, mais c’est totalement faux.

Les femmes sont encore aujourd’hui kidnappées et assassinées par des personnes blanches seulement pour exister, en plus d’être stérilisées contre leur gré. Les enfants se font toujours enlever. Leur culture et leurs traditions sont toujours réduites à de ridicules costumes. La colonisation est toujours socialement dépeinte comme leur sauveur et nous traitons les violences qu’ils subissent comme de vulgaires « hashtags » ou faits divers.

Vous vous dites contre le racisme? Prouvez-le. Commencez à signer des pétitions ; écrivez au gouvernement ; soutenez et amplifiez les voix autochtones ; informez-vous par rapport à leur culture et aux horreurs de la colonisation ; manifestez ; prenez la responsabilité.

Et, par pitié, ne me remerciez pas et ne me glorifiez pas pour cette chronique, car de nombreuses voix autochtones disent la même chose chaque jour et nous les ignorons. Allez les écouter et peut-être que la société changera enfin.

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