Relocalisation de la route 138 aux Bergeronnes : le MTQ amorce les démarches

Par Shirley Kennedy 2:00 PM - 6 juillet 2021
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Le MTQ va de l’avant et amorce les démarches qui mèneront semble-t-il, à la relocalisation d’un tronçon de la route 138 dans le secteur Bon-Désir aux Bergeronnes, et de cette résidence construite récemment et qui se trouve dans la ligne de mire du futur tracé.

Le ministère des Transports du Québec (MTQ) va de l’avant et amorce les démarches qui mèneront semble-t-il, à la relocalisation d’un tronçon de la route 138 dans le secteur Bon-Désir aux Bergeronnes, et d’une résidence de prestige construite récemment et érigée dans la ligne du futur tracé.

En effet, en séance extraordinaire tenue le 30 juin, le conseil des maires de la MRC de La Haute-Côte-Nord a émis deux avis favorables adoptés à la majorité, à la demande de la Commission de protection des terres agricoles du Québec (CPTAQ) concernant ce dossier polarisant s’il en est un, lié à des risques imminents de glissements de terrain.

Ceci implique également la relocalisation d’une résidence et quatre expropriations.

Alors que le MTQ a soumis à la CPTAQ une demande d’autorisation concernant une utilisation de terres agricoles protégées à une fin autre que l’agriculture en vue du déplacement d’un tronçon de la route 138, la Commission se doit d’obtenir une recommandation de la MRC de La Haute-Côte-Nord, ceci en tenant compte de la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles, ainsi qu’un avis de conformité selon les dispositions du schéma d’aménagement et de développement en vigueur, ou dans le cas échéant, selon les mesures d’un règlement intérimaire.

Puisque le Règlement de contrôle intérimaire visant à favoriser la cohabitation des usages en zone agricole autorise sur l’ensemble du territoire l’usage Utilité publique comprenant les réseaux de transport routier, considérant que la relocalisation de la route 138 impacte des superficies négligeables de terres utilisées pour l’agriculture en zone agricole protégée et que le tronçon actuel de la route 138 est soumis à un risque imminent de glissements de terrain, les élus ont résolu à la majorité, de recommander à la CPTAQ l’acceptation de la demande et d’émettre un avis favorable au projet soumis par le ministère des Transports du Québec.

Le maire des Bergeronnes Francis Bouchard, s’est prononcé contre cette résolution. Les élus de la Haute-Côte-Nord ont adopté une seconde résolution quasi-similaire à la première, toujours à la demande de la CPTAQ.

Cette fois, celle-ci concerne une demande d’autorisation concernant une utilisation de terres agricoles protégées à une fin autre que l’agriculture en vue de relocaliser sur le lot 4 343 448 une maison nouvellement construite sur le lot 6 362 137 pour laisser place à la nouvelle emprise de la route 138 dans le secteur Bon-Désir.

Puisque le Règlement de contrôle intérimaire visant à favoriser la cohabitation des usages en zone agricole sur le territoire de la MRC de La Haute-Côte-Nord autorise sur l’ensemble du territoire de la zone agricole les usages résidentiels, habitations unifamiliales ou bi-familiales, notamment pour une personne physique dont la principale occupation est l’agriculture et que l’entièreté du lot restant sera utilisé pour un projet d’élevage caprin, de production de fromage fermier, de rucher, de culture d’ail local qui est fortement compatible avec l’affectation agricole, considérant aussi que seul l’emplacement proposé est apte à recevoir un bâtiment en raison des contraintes géotechniques et que le tronçon actuel de la route 138 est soumis un risque imminent de glissements de terrain nécessitant la relocalisation de la route 138, le conseil des maires a unanimement résolu de recommander à la CPTAQ l’acceptation de la demande en émettant un avis favorable au projet soumis par le ministère des Transports du Québec.

Selon les informations obtenues par le Journal, le nouveau tronçon impacterait également d’autres propriétaire terriens qui ont aménagé un site familial de camping sauvage sur un lot dans ce secteur.

Quant à trois des quatre familles expropriées, elles ont décidé de réintégrer leur domicile jusqu’au déplacement de la route 138, puisque la contre-expertise demandée par la Municipalité des Bergeronnes contredit celle du MTQ, tel que l’a confirmé en entrevue au Journal Haute-Côte-Nord, le maire des Bergeronnes Francis Bouchard.

Contacté par le Journal, le MTQ n’a pas répondu aux questions avant de passer sous presse lundi le 5 juillet.

« Une façon de faire cavalière et inhumaine » – Francis Bouchard

Dans le dernier droit de son 4e mandat, le maire de la Municipalité des Bergeronnes Francis Bouchard, n’en est pas à son premier barbecue en matière de situations sortant de l’ordinaire ou dossiers chauds survenus dans sa localité au cours des 16 dernières années.

Pourtant, ceux des expropriations et de la relocalisation de la route 138 dans le secteur Bon-Désir, le rendent amer face au comportement de « certains fonctionnaires » du gouvernement du Québec.

En entrevue au Journal Haute-Côte-Nord, le politicien au franc-parler confirme que la contre-expertise menée par les ingénieurs seniors Juneau et Grondin de la firme Laboratoire d’Expertises de Québec (LEQ), contredit celle du ministère des Transports.

« En résumé ce qu’ils disent, c’est que les études n’ont pas été assez poussées pour déclarer une affaire de même », résume-t-il.

Le maire Bouchard raconte que les experts du MTQ, messieurs Demers et Monpin, ont rencontré les gens du LEQ, mais en vain. Les deux parties sont demeurées sur leur position respective.

« Il faut se rappeler que c’est un mandat donné au MTQ par le ministère de la Sécurité publique. Imaginez, le 7 février les deux ministères rencontrent le monde pour leur dire qu’ils doivent déménager le 25 mars. Ce n’est pas une façon de faire », déplore Francis Bouchard.

Bien qu’il affirme avoir toujours été en bon termes avec la direction régionale du MTQ, Francis Bouchard estime qu’il y a eu quelques manquements quant au professionnalisme de la démarche.

« Lorsqu’ils sont venus nous rencontrer à la Municipalité, ils nous ont montré le nouveau tracé de la route 138. Le conseiller Luc Gilbert leur a dit: vous ne pouvez pas passer là, il y a une maison neuve qui est en construction. Ils ont répondu: non, non, non, il n’y a pas de maison-là. Ils avaient utilisé leurs relevés de 2017. Ils sont revenus en disant qu’effectivement il y avait une maison et qu’ils allaient la relocaliser à leurs frais. Selon mes informations, ça coûtera 500 000 $ déménager cette maison-là et en plus, ils la déplacent en face, du côté sud, là où les propriétaires voulaient se construire au départ mais ça leur avait été refusé. C’est du n’importe quoi », s’exclame-t-il.

Au moment d’aller sous presse lundi, une rencontre était en cours entre les expropriés et la Municipalité ainsi que leurs avocats respectifs.

« Ce sont eux (les expropriés) qui vont décider s’ils contestent le rapport. C’est certain qu’ils sont vraiment fâchés de la manière que ça s’est fait. On l’a signifié aux instances concernées et ils nous ont répondu qu’ils allaient essayer d’améliorer leurs démarches. Mais c’est vraiment la Sécurité publique qui mène ça et avec eux on n’a rien à dire, ils ont décidé qu’ils allaient passer le monde dans le tordeur », conclut Francis Bouchard.

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