Hausse du réservoir Manicouagan : Pessamit se dit bafouée

Par Steeve Paradis 11:09 AM - 22 juillet 2021
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Le Conseil des Innus de Pessamit se sent bafoué dans le dossier du rehaussement du réservoir Manicouagan. Selon lui, Hydro-Québec et le gouvernement négligent à nouveau leurs obligations de consultation et d’accommodement avec une Première Nation.

Le Conseil assure même n’avoir jamais été avisé par la société d’État de son intention de faire grimper rapidement le niveau d’eau du réservoir à 355,95 mètres, le maximum présentement permis par les autorités.

« On l’a appris par l’intermédiaire de villégiateurs qui étaient expropriés », a soutenu le vice-chef Gérald Hervieux, en entrevue avec Le Manic. Récemment, Hydro-Québec assurait pourtant « être en lien avec les communautés autochtones » concernés.

Évidemment, Pessamit connaissait les intentions d’Hydro, car les deux parties ont débattu de la question devant la Cour supérieure. La communauté a démontré sa bonne foi, selon M. Hervieux, en commandant une étude indépendante sur les impacts de la hausse du réservoir, étude dont les résultats préliminaires viennent à peine de sortir.

« On a envoyé à maintes reprises des signaux qu’on était ouvert à une discussion, mais rien. On agit sans nous aviser. On sent une forme de frustration qui gagne le conseil et la population », lance le porte-parole au dossier. Les impacts sur la flore et la faune aquatique seront aussi immenses, enchaîne le vice-chef.

Le touladi est déjà en déclin, et l’habitat du castor sera sûrement affecté négativement.

Gérald Hervieux

Sans oublier les membres de la communauté qui ont un camp sur le réservoir. Contrairement aux 15 villégiateurs expropriés, ils n’ont pas de baux avec le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles. M. Hervieux a indiqué que pour l’instant, le conseil ignorait précisément combien d’installations seront touchées par la hausse des eaux.

Le chef de Pessamit, Jean-Marie Vollant, a écrit la semaine dernière une lettre à la présidente d’Hydro-Québec, Sophie Brochu, et aux ministres Benoît Charrette et Jonatan Julien, demandant de mettre fin immédiatement au processus de rehaussement du réservoir et une rencontre « de nation à nation menant à une prise en compte sérieuse en manifeste des droits des Innus de Pessamit ».

Il est aussi mentionné que Pessamit voulait une réponse d’ici le 15 juillet, à défaut de quoi elle prendrait les mesures judiciaires qui s’imposent. Selon M. Hervieux, une semaine après l’échéance, personne n’avait manifesté son intérêt de participer à une telle rencontre.

« On dit que la communauté utilise souvent les tribunaux, mais ce n’est pas ça qu’on souhaite. On n’a pas d’autre choix, nous on préconise le dialogue de nation à nation », a conclu le vice-chef Hervieux.

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