Tordeuse : les insectes de la Côte-Nord au cœur d’une recherche

Par Charlotte Paquet 6:00 AM - 27 juillet 2021
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Quatre étudiants de l’Université Laval réalisent un projet de recherche sur l’impact de la tordeuse des bourgeons d’épinettes et de l’utilisation de Btk, un insectide biologique, sur les insectes du territoire de Forestville à Port-Cartier. Photos Nicolas Bédard

Quatre étudiants de l’Université Laval sillonnent le territoire compris entre Forestville et Port-Cartier depuis mai afin d’y inventorier les espèces d’insectes. Leur but : connaître l’impact sur leur biodiversité de la lutte contre la tordeuse des bourgeons de l’épinette (TBE) et le recours aux pulvérisations aériennes de Btk, un insecticide biologique.

« La tordeuse va avoir un impact sur tout l’écosystème, mais on a choisi les insectes. (…) On vient chercher à inventorier tout le spectre des activités des insectes », souligne Nicolas Bédard, étudiant à la maîtrise en sciences forestière et responsable du projet de recherche, en collaboration avec le Centre de foresterie des Laurentides.

La tordeuse des bourgeons de l’épinette, un petit papillon qui s’attaque aux sapins et aux épinettes, cause énormément de défoliation et tue plusieurs arbres dans plusieurs régions du Québec. « En changeant la forêt comme ça, ça va changer les insectes qui vont être là », prévient le responsable.

À l’aide de pièges installés sur différents sites ciblés le long du littoral et au nord jusqu’à Labrieville et à mi-chemin entre Baie-Comeau et Manic-5 sur la route 389, les quatre passionnés récoltent d’innombrables quantités d’insectes. En deux mois, plusieurs dizaines de milliers de bestioles ont été récoltées et d’autres s’ajouteront d’ici leur départ à la fin août.

Deuxième phase

Le projet en est à sa deuxième année. Nicolas Bédard et ses collègues ont également passé l’été 2020 sur la Côte-Nord. L’importance de l’infestation de TBE dans la région et le caractère peu connu de la biodiversité de ses insectes ne sont pas étrangers à leur intérêt pour le territoire nord-côtier.

Le Québec compte 26 000 espèces d’insectes. La Côte-Nord en a énormément, mais elles sont moins connues. « Les insectes sont super diversifiés et d’excellents candidats pour se faire étudier et sortir les statistiques derrière les impacts (de la TBE) sur la biodiversité », poursuit le responsable.

Un minilaboratoire est déjà installé dans la résidence louée par le groupe à Pointe-aux-Outardes. Il permet une identification préliminaire des insectes, mais le gros du travail de laboratoire sera effectué à Québec à compter de l’automne. Les analyses statistiques qui s’en dégageront conduiront à des conclusions sur les observations des récoltes.

Gestion des forêts

Les interventions du groupe visent aussi à tester différents scénarios d’utilisation du BTK pour trouver les meilleurs compromis possible pour la protection des arbres par la lutte à la tordeuse, mais aussi celle de la biodiversité des insectes.

« Ça va permettre aux organismes responsables de la gestion de la forêt d’avoir une idée claire des conséquences de la tordeuse des bourgeons de l’épinette. C’est pas toujours parfaitement noir et blanc comment les écosystèmes vont réagir par rapport à ça. Ça va amener des informations supplémentaires pour mieux gérer les forêts et comprendre les impacts des décisions », précise Nicolas Bédard.

À titre de partenaires du projet de recherche, le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs et la Société de protection des insectes contre les maladies surveilleront de près les conclusions qui seront tirées.
L’étudiant à la maîtrise devrait rédiger son mémoire au cours de l’année 2022.

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