Cri du cœur de Baie-Comeau pour contrer la rareté de main d’oeuvre

Par Steeve Paradis 11:16 AM - 20 août 2021
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Yves Montigny et Antonio Hortas estiment tous deux que la rareté de main d’œuvre est plus criante que jamais à Baie-Comeau et que des solutions rapides et adaptées aux réalités régionales s’imposent.

La rareté criante de main d’œuvre à Baie-Comeau a amené le maire Yves Montigny et le président de la Chambre de commerce et d’industrie (CCIM), Antonio Hortas, à faire une sortie publique afin d’exhorter Québec à en faire beaucoup plus dans ce dossier. La région a des pistes de solutions, mais encore faut-il que le gouvernement les supporte, ont fait savoir les deux hommes.

Comme à bien d’autres endroits en province, Baie-Comeau a dû encaisser des fermetures et des réductions d’heures d’ouverture dans les secteurs de la restauration et de l’hôtellerie, principalement. « La pénurie a amené certains commerces à freiner, même s’il y avait des demandes de clients. (…) Cette situation a vraiment ralenti la reprise », a soutenu le maire.

Selon ce dernier, une bonne partie de la solution à Baie-Comeau pourrait passer par l’immigration. M. Montigny a d’ailleurs profité de l’occasion pour indiquer au chef du gouvernement qu’il n’y a pas de mal à accepter des immigrants prêts à prendre les postes moins payants disponibles.

« Le premier ministre (François) Legault n’arrête pas de dire que faire venir ici des employés issus de l’immigration (pour remplir les postes moins payants), c’est diminuer le salaire moyen au Québec et c’est nocif pour l’économie. Il fait fausse route totalement », a clamé le maire.

Il n’y a pas que des emplois à 50 000 $ par année et ça prend du monde pour les occuper

Yves Montigny

L’édile a également rappelé que sa ville est conçue pour servir 28 000 citoyens, sans augmenter la pression sur l’offre de services publics municipaux.

« On est capable d’aller chercher de nouveaux travailleurs sans additionner des services. Ce n’est pas vrai qu’on va freiner notre économie dans les domaines de la restauration et de l’hôtellerie parce qu’on ne voudrait pas amener ici des gens pour prendre les emplois dans ces domaines, en bas de 50 000 $ par année », a-t-il enchaîné.

« Il faut arrêter de mettre des verrous sur l’accueil de nouveaux arrivants », a poursuivi Yves Montigny, intarissable sur la question. « Le gouvernement, là-dessus, a manqué le bateau et on en a eu un bel exemple alors que des gens ont dû quitter Baie-Comeau, même s’ils avaient un emploi. Ils ont été obligés de quitter la région pour des raisons d’immigration. Il n’y a pas de logique, car on a besoin de ce personnel. »

Trop de freins

Pour sa part, Antonio Hortas a tenu à mettre en lumière certains autres éléments nuisant au développement de la région. Dans cette nomenclature, il ne pouvait passer à côté de la question de l’accessibilité à la Côte-Nord. Là encore, Québec devra se commettre sérieusement, estime-t-il.

« On doit travailler à se rendre attrayant. Une fois dans la région, l’attrait est évident, mais encore faut-il se rendre », a affirmé le président de la CCIM.

« Le bateau, le pont, le transport aérien, ce sont tous des freins incroyables que les autres régions n’ont pas », a-t-il ajouté. « C’est un élément sur lequel le politique va devoir se pencher et apporter une aide concrète et très rapide, pour ne pas dire immédiate. »

Quant à une hausse significative du salaire minimum, M. Hortas n’est pas contre, mais il ne s’agit pas à ses yeux d’un combat pour les PME, mais un combat de société. Au-delà du salaire, il y a bien d’autres facettes dans un emploi, comme la conciliation travail-famille, la flexibilité des horaires et la possibilité de prendre des congés, fait-il valoir.

« Les étudiants et les jeunes ne parlent jamais du taux horaire. Ils veulent parler de congés et d’horaire souple », soumet-il.

Autre facette du problème, le calendrier scolaire, qui fait en sorte que les étudiants quittent leur emploi en pleine saison touristique, car ils doivent retourner aux études fin août. De plus en plus de voix s’élèvent pour déplacer ce congé afin de reprendre les cours plus tard. « L’horaire des écoles a été fixé sur la saison des récoltes. Il faut se questionner sur le modèle », a conclu M. Hortas.

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