Les Innus de Pessamit ont marché pour la protection des forêts et de leur culture

Par Colombe Jourdain 11:01 AM - 15 octobre 2021
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L’après-midi s’annonçait gris jeudi pour la Marche pour la protection des forêts et de l’identité innue, mais juste avant le départ, le soleil s’est pointé pour accompagner les marcheurs à Pessamit. Plusieurs l’ont vu comme un signe que l’univers est en accord avec leurs revendications pour faire reconnaître comme aire protégée le Pipmuakan, un territoire ancestral où la situation des caribous, symbole clé de la culture innue, est particulièrement précaire.

En parallèle avec la Grande marche pour la protection des forêts où plusieurs membres des communautés autochtones convergeront vers Québec, ce samedi, la marche de Pessamit comptait des membres de la communauté, les jeunes des deux écoles primaire et secondaire et des sympathisants à la cause.

Ghislain Picard, chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, avait fait le voyage pour l’occasion. Il en a profité pour s’adresser à la foule en langue innue. M. Picard n’a pas hésité à interpeller le ministre responsable des Affaires autochtones.

« Je vais prendre le ministre Lafrenière au mot qui dit souvent qu’il faut que le gouvernement s’adapte à notre réalité plutôt que le contraire donc c’est une démonstration à faire de leur part », a lancé le natif de Pessamit.

Il ajoute que la marche « est une mobilisation importante pour la communauté et un signal important pour les gouvernements aussi. On passe notre temps à rappeler aux gouvernements qu’ils ne peuvent pas avoir une vision du territoire contraire à la nôtre ».

Jean-Luc Kanapé, responsable de la surveillance du caribou pour la communauté est inquiet. Il fait un suivi des hardes de caribous dans le Pipmuakan qui se font de plus en plus rares. « La population de caribou est en déclin », soutient-il. C’est une préoccupation majeure pour les siens.

Jérôme Bacon St-Onge, vice-chef au Conseil des Innus de Pessamit, abonde dans le même sens. « La mobilisation est provinciale pour protéger nos forêts. Les Premières Nations ont toujours vécu de l’environnement, en harmonie avec le territoire qui nous a toujours fourni nourriture, médicaments et de quoi se faire des outils, des vêtements. On a besoin de ces ressources pour faire nos mocassins, nos raquettes ». Selon lui, le déclin des caribous est causé par l’exploitation forestière et « bien que le gouvernement reconnaît la précarité de cette population, ce dernier tarde à agir pour son rétablissement », ajoute-t-il dans un communiqué.

Biodiversité

Le coordonnateur de projets du secteur territoire et ressources du Conseil, Adélard Benjamin, est du même avis que son collègue qui souligne l’importance de créer une aire protégée pour assurer la pérennité de la biodiversité forestière sur leur territoire.

Quant au chef du Conseil des Innus de Pessamit, Jean-Marie Vollant, il semblait satisfait de voir le nombre de jeunes présents. « C’est important et très significatif qu’ils participent avec la communauté », affirme-t-il.   

L’ingénieure forestière qui travaille pour le Conseil des innus de Pessamit, Marie-Hélène Rousseau et qui a contribué à l’organisation de la marche et responsable du projet d’aire protégée Pipmuakan mentionne que « c’est le résultat d’un travail d’équipe, on est allés voir les directions d’école, les conseillers politiques, tout le monde a embarqué parce que c’est important de faire quelque chose pour protéger nos forêts ».

Des membres de la Société pour la nature et les parcs du Canada, section Québec (SNAP) étaient également présents. La directrice de SNAP, Alice de Swarte, a aidé à l’organisation de cette mobilisation avec sa collègue Clothilde qui filmait pour documenter l’événement.

À la suite du discours de M. Picard, la foule d’environ 300 marcheurs s’est mise en branle au départ de l’école Nussim. Une délégation du Conseil des Innus de Pessamit ira représenter leur communauté à Québec samedi pour la Grande Marche pour la protection des forêts.

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