Deux cent soixante Nord-Côtiers en attente d’une chirurgie bariatrique
La chirurgie bariatrique est loin d'être une intervention banale. Tout la démarche qui y précède et y succède est très importante. Photo iStock
Une personne sur quatre souffre d’obésité sur la Côte-Nord. Ce n’est donc pas surprenant si 260 personnes sont en attente d’une chirurgie bariatrique à l’Hôpital Le Royer à Baie-Comeau. Il faut dire que la pandémie a également à y voir.
À l’approche du deuxième anniversaire du centre régional de chirurgie bariatrique de la Côte-Nord, qui sera célébré dans les premiers jours de janvier, Le Manic fait le point sur les activités du service lancé deux mois avant que la planète vive à l’heure du coronavirus.
Malgré la prévalence majeure de l’obésité sur son territoire, la Côte-Nord aura été, on s’en souviendra, l’une des dernières régions du Québec à être dotée d’un centre dédié aux chirurgies bariatriques, en l’occurrence la gastrectomie verticale par laparoscopie qui permet de réduire le volume de l’estomac de personnes qui respectent certains critères.
En raison de la crise sanitaire, seulement 40 chirurgies ont été pratiquées à Baie-Comeau à ce jour. Au départ, l’objectif pour les premiers 12 mois était justement de 40 à 50 interventions pour parvenir à une centaine par année par la suite. « On n’a pas opéré autant qu’on aurait pu », admet le Dr Olivier Mailloux, chirurgien responsable du centre. Le rythme a été ralenti notamment en raison de la réaffectation temporaire des membres de l’équipe vers d’autres priorités.
Mais depuis l’été 2021, les trois chirurgiens, l’infirmière pivot, la nutritionniste, la travailleuse sociale et la technicienne en nutrition sont à nouveau à pied d’œuvre. « On est en train de redescendre la liste d’attente, pour les patients, c’est une bonne nouvelle », souligne le Dr Mailloux, rappelant que d’autres centres au Québec, comme à l’Hôpital de Chicoutimi, n’ont toujours pas repris les chirurgies bariatriques.
Soulignons qu’avant même la première chirurgie pratiquée à Baie-Comeau, déjà 175 personnes étaient en attente. C’est que la création à venir du centre avait été annoncée au printemps 2019.
L’avant-chirurgie
Parmi les Nord-Côtiers qui attendent leur tour de passer au bistouri, au moins 30 % d’entre eux sont tout de même pris en charge, c’est-à-dire que leur traitement est commencé. « Le processus avant étape est aussi important sinon plus que l’acte chirurgical lui-même », fait remarquer le chirurgien responsable, en parlant d’enseignement nutritionnel et du volet activité physique et saines habitudes de vie.
Même si l’obésité ne fait pas de discrimination sur le sexe, les femmes sont plus nombreuses que les hommes à subir une chirurgie bariatrique. Mais comme le note le médecin, les femmes sont aussi plus nombreuses que les hommes à consulter pour régler un problème de santé, quel qu’il soit.
Après l’intervention, une perte de 25 % du poids total est visée. Par contre, parmi les personnes opérées à Baie-Comeau, certaines ont perdu jusqu’à 40 % de leur poids. Mais au-delà de ce que le pèse-personne indique, c’est la disparition des problèmes de santé qui importe, que ce soit l’apnée du sommeil, le diabète ou l’hypertension, à titre d’exemples.
« Le poids, c’est différent d’une personne à une autre. Tu peux perdre moins, mais perdre ton diabète. Oui, y’a perdu moins de poids, mais y’a gagné des années de vie. Dans la balance, le succès est là », assure le chirurgien, tout en soulignant qu’une petite reprise d’environ 5 % du poids perdu est tout à fait normale.
Qu’ils soient dans la vingtaine jusqu’à la soixantaine, les patients du centre régional de chirurgie bariatrique proviennent de partout sur la Côte-Nord. La téléconsultation, dont le développement a été marqué avec la pandémie, permet de rejoindre plus facilement les gens à l’extérieur de la Manicouagan et leur éviter ainsi des déplacements.
Rappelons que 25 % de la population de la Côte-Nord souffre d’obésité, contre 19 % dans l’ensemble du Québec. Les critères de base pour l’accès à une chirurgie bariatrique sont d’afficher un indice de masse corporelle supérieur à 40, ou à 35 en association à diverses maladies.
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