(PHOTOS) 18 ans de revendications pour Action-Chômage Côte-Nord

Par Johannie Gaudreault 12:00 PM - 16 novembre 2021
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Un des moments marquants d’Action-Chômage Côte-Nord, selon la coordonnatrice Line Sirois, est la manifestation qui a réuni 3 000 personnes dans les rues de Forestville le 18 avril 2004. Photos : Archives

En 2000 s’amorce le début d’une révolution chez les travailleurs de la Côte-Nord. Le redécoupage des régions administratives du programme fédéral de l’assurance-emploi, provoque la grogne de la population qui se mobilise et fait pression sur le gouvernement. Voici comment un petit comité citoyen est devenu au fil des ans, l’un des porte-étendards les plus crédibles de l’est du Canada pour la défense des droits des chômeuses et chômeurs.

« Les heures pour se qualifier à l’assurance-emploi étaient passées de 420 à 560. À l’époque, les emplois ne pleuvaient pas comme aujourd’hui. L’insécurité financière faisait peur à tout le monde », rappelle la coordonnatrice d’Action-Chômage Côte-Nord, Line Sirois.

Un premier comité non officiel a donc été créé avec le député Gérard Asselin, des travailleurs et des employeurs. En 2002, les Sans-Chemise, mouvement fondé au départ à Charlevoix, rejoignent la région.

« Gina Gagnon m’a approchée pour reformer un comité. C’est elle qui a rassemblé les gens », raconte Mme Sirois.

« On était toutes des travailleuses de l’industrie saisonnière, Gina Gagnon, Guylaine Asselin, Julienne Michaud, Chantale St-Pierre et moi. On voyait nos revenus fondre et j’avais un enfant qui s’en allait aux études. L’ambiance au travail avait changé, les gens étaient découragés. C’était catastrophique pour la région », explique Line Sirois, qui a porté le mandat de présidente.

À cette époque, les manifestations s’enchaînaient les unes après les autres. Le gouvernement a même dû faire appel à l’escouade anti-émeute.

« Il y a eu des arrestations et des amendes, ce qui a calmé le jeu par la suite », se souvient la coordonnatrice.
Mais, ces affirmations citoyennes donnaient tout de même des résultats. « Le gouvernement finissait par déployer des mesures pour palier au trou noir, mais toujours de façon temporaire. Au final, on avait toujours gain de cause », confirme Line Sirois.

Incorporation

C’est finalement le 5 novembre 2003 qu’Action-Chômage Haute-Côte-Nord voit le jour officiellement. L’organisme avait pour mission de défendre les travailleurs et d’informer les chômeurs sur leurs droits en passant, surtout, par les médias locaux et régionaux. Tous les membres étaient bénévoles à ce moment.

En 2012, le conseil des Innus Essipit offre une aide inestimable au comité qui s’essouffle de plus en plus, en l’occurence une main-d’œuvre attitrée aux communications.

« Ça a fait vraiment une différence pour nous parce que c’est un travail énorme que nous devions accomplir bénévolement », ajoute Mme Sirois.

C’est d’ailleurs ce qui a fait reculer les administrateurs sur leur décision de tous quitter le navire en 2013. Finalement, un an plus tard, en 2014, l’organisme réussit à obtenir une subvention et ouvre les portes de son bureau.

Line Sirois commence à y travailler en tant que coordonnatrice à raison de 6 mois par année. « C’est un pas important dans notre mission puisque la Côte-Nord était une des seules régions du Québec à ne pas avoir de comité de chômeurs », indique-t-elle.

Au fil des années, Action-Chômage Haute-Côte-Nord a dépassé les frontières de son territoire. L’organisme est devenu la référence pour les chômeurs de toute la région.

« On répondait aux besoins des gens de la HCN, mais aussi de Sept-Îles, Baie-Comeau. C’est donc devenu naturel de changer notre nom pour Action-Chômage Côte-Nord en 2017 », mentionne la coordonnatrice.

Les nombreuses actions et revendications réalisées au cours des dernières années ont valu la peine selon Line Sirois. En 2018, le budget du gouvernement fédéral parlait du trou noir et de l’industrie saisonnière.

Les politiciens ont mis en place des mesures encore une fois temporaires, mais « ce sont d’énormes résultats », estime-t-elle.

Un sondage est d’ailleurs en cours afin de dresser un portrait de l’industrie saisonnière au Canada. « De celui-ci, on va aboutir à la réforme que Trudeau nous a promise et à des annonces », espère Mme Sirois.

La mission d’Action-Chômage Côte-Nord est loin d’être terminée. « Elle ne le sera jamais, poursuit la revendicatrice. C’est un besoin essentiel qui est là pour rester. »

Projets

L’organisme travaille présentement à recruter une seconde employée afin de répondre davantage aux besoins des travailleurs. « Il y a du travail pour deux », assure Line Sirois, qui œuvre à temps plein pour Action-Chômage depuis 2019-2020.

Un autre projet est sur le point de voir le jour, soit le dévoilement des résultats du sondage commandé à la firme SEGMA sur l’industrie saisonnière de la Côte-Nord.

« Nous les présenterons au conseil des maires et ensuite, ils seront diffusés à grande échelle », confie celle qui dit avoir accumulé autant de réussites grâce aux personnes qui l’entourent et au regroupement du Mouvement autonome et solidaire des sans-emploi (MASSE).

Rappelons également qu’Action-Chômage Côte-Nord est à l’origine de la coalition interprovinciale, formée de groupes de chômeurs et de syndicats de l’est du Canada, qui a été créée le 22 juin afin de dénoncer encore plus fort les promesses non tenues du gouvernement fédéral dans le dossier de l’assurance-emploi.

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