Itinérance : la Résidence St-Joseph croule sous les demandes

Par Charlotte Paquet 6:00 AM - 23 novembre 2021
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Présidente du conseil d’administration de la Résidence St-Joseph de Pointe-aux-Outardes, Richère Gilbert indique que les demandes d’aide ne cessent d’augmenter. Photo courtoisie

Que les gens qui doutent encore de l’existence d’itinérance sur la Côte-Nord passent quelques jours à la Résidence St-Joseph et, foi de sa présidente Richère Gilbert, leur opinion changera.

« Les gens disent qu’il n’y en a pas d’itinérance ici. Depuis qu’on existe, il y en a de plus en plus », assure Mme Gilbert, en faisant référence à la relance de l’organisme de Pointe-aux-Outardes, il y a près de trois ans.

La pandémie de COVID-19 a complexifié la situation. « Il y a eu des couples de brisés. Des gens de brisés. La situation est encore plus problématique depuis », poursuit la présidente, tout en précisant la vocation d’hébergement et de réinsertion sociale de la résidence.

Tout récemment, en l’espace d’à peine 10 jours, 6 personnes ont demandé de l’aide. Or, l’organisme est déjà au maximum de sa capacité. Heureusement, des travaux ont permis d’aménager deux « chambres de secours » au sous-sol.

« Si jamais les travailleurs de rue ou la police nous arrivent avec des gens intoxiqués, on pourra s’en servir », fait remarquer Mme Gilbert. Il faut dire que 98 % de la clientèle souffre de problèmes de dépendance.

Actuellement, la Résidence St-Joseph accueille 11 personnes. Elle pourrait aller jusqu’à 15 résidents, mais pour y parvenir, il lui faut plus de personnel et de budget.

La maison fonctionne toujours avec des aides financières ponctuelles. Elle est en attente d’une reconnaissance du Programme de soutien aux organismes communautaires, du ministère de la Santé et des Services sociaux, pour l’obtention d’un financement récurrent.

Des cabanons

Deux cabanons se trouvent derrière la résidence du chemin Principal à Pointe-aux-Outardes. Équipés d’un lit de camp, d’un poêle à bois et d’une chaise berçante, ils peuvent servir de dépannage, mais encore là, c’est loin d’être l’idéal.

De plus, à l’occasion, ce sont les résidents eux-mêmes qui s’y réfugient par besoin de solitude, indique Richère Gilbert.
Cette dernière souhaiterait que les travailleurs de rue possèdent des abris de secours pour permettre à des personnes itinérantes d’être au chaud. « C’est comme des demi-dômes. C’est trois panneaux et on les emboîte les uns dans les autres. Ça tient au chaud. »

Tendre la main

Mme Gilbert connaît bien la réalité de ces gens-là qui n’ont pas de toit sur la tête. Elle la connaît non seulement par l’entremise de la Résidence St-Joseph, mais aussi par expérience.

« J’ai connu la rue à Montréal. Je me suis trouvée trois ans dans la rue. Je sais ce qu’ils ont besoin, ce qu’ils ont à vivre. Je dois leur tendre la main », laisse tomber celle qui a alors eu la chance de croiser sur sa route une femme qui l’a aidée à s’en sortir.

« Si on ne fait rien, dans quel monde on va être. Il faut les aider. Je crois en la réinsertion sociale, je l’ai vécue moi-même », conclut Richère Gilbert.

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