Mères et assurance-emploi : « C’est vraiment une grande victoire » – Émilie Bellemare

Par Charlotte Paquet 10:00 AM - 13 janvier 2022
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Émilie Bellemare savoure la décision du Tribunal de la sécurité sociale du Canada concernant des dispositions discriminatoires de la Loi sur l’assurance-emploi à l’égard de femmes qui perdent leur emploi pendant un congé de maternité. On l’aperçoit avec ses trois enfants. Photo courtoisie

La Loi sur l’assurance-emploi est discriminatoire à l’égard de mères qui, parce qu’elles ont perdu leur emploi pendant ou à la suite d’un congé de maternité, sont limitées dans leur droit à recevoir des prestations. Il s’agit ni plus ni moins que d’une discrimination basée sur le sexe, conclut le Tribunal de la sécurité sociale du Canada.

Dans une décision rendue en début de semaine, le Tribunal donne donc raison à la Baie-Comoise Émilie Bellemare et aux cinq autres femmes qui sont allées au front pour la cause avec le soutien du Mouvement Action-chômage (MAC) de Montréal. Depuis septembre 2018, le groupe multiplie les démarches pour faire déclarer injustes certaines dispositions de la loi fédérale.

« On est tellement contentes de cette victoire-là. C’est vraiment une grande victoire », s’écrie Mme Bellemare. Selon elle, la décision vient reconnaître ce que les membres du groupe ont toujours martelé à propos de l’injustice dont elles étaient victimes.

« On ne devrait pas à avoir à vivre la pauvreté pour avoir pris soin des autres. Pendant mon congé de maternité, je prends soin d’un petit être qui va contribuer à la société », souligne la maman qui a perdu un emploi pendant deux de ses trois grossesses.

« Je l’ai vécu deux fois, cette injustice-là, mais la première fois, j’étais toute seule (pour dénoncer) et ç’a passé sous le tapis », se souvient celle qui se faisait dire qu’elle semblait la seule à qui ç’a arrivait. « Je me disais c’est impossible que je sois la seule à vivre ça. ». Quand la chose s’est répétée, elle a appris que quelques femmes travaillaient pour faire changer la loi et s’est jointe à elles.

Choix et droits

Dans un communiqué émis à la suite de la décision du Tribunal de la sécurité sociale, le MAC de Montréal souligne que « les femmes n’ont pas à choisir de ne pas être enceintes afin d’éviter de perdre des droits ».

L’organisme de défense des droits des sans-emplois se réjouit que le Tribunal ait reconnu que, « parce qu’elles sont des femmes qui ont eu une grossesse, elles ne peuvent pas obtenir les avantages des autres assurés » si elles perdent leur emploi pendant un congé de maternité ou un congé parental.

Le gouvernement fédéral a 30 jours pour en appeler de la décision. Émilie Bellemare, ses cinq compagnes de combat et le MAC espèrent évidemment que ce ne sera pas le cas et qu’il s’engage plutôt à modifier la loi de façon à ce que plus aucune femme ne soit privée de prestations d’assurance-emploi à la suite d’une perte d’emploi pendant une grossesse ou un congé de maternité ou des responsabilités familiales.

« Ce n’est pas juste un dossier porté pas six femmes, c’est un dossier de société », conclut la résidente de Baie-Comeau.

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