La Côte-Nord manque de monde

Par Raphaël Hovington 10:05 AM - 21 janvier 2022
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La Côte-Nord devra régler certains enjeux avant de pouvoir inverser la tendance démographique, estime notre chroniqueur. Image BAnQ

La Côte-Nord manque de monde et ça ne date pas d’hier. Selon les données de l’Institut de la statistique du Québec, la population de la Côte-Nord est passée de 92 713 à 90 529 habitants de 2016 à 2020. En 2008, elle comptait 96 060 citoyens. La tendance à la diminution se poursuit comme le démontre le dernier bilan de la migration interrégionale au Québec.

En effet, la Côte-Nord est toujours déficitaire. En sept ans, depuis 2014, elle a perdu 5 098 personnes au profit d’autres régions du Québec. Les pertes se situent surtout dans les MRC de Sept-Rivières et de Manicouagan. Pour la dernière année, du 1er juillet 2020 au 1er juillet 2021, quelque 232 000 Québécois ont déménagé, dont 250 de la Côte-Nord. Sept-Rivières a été grandement éprouvée avec le départ de 151 personnes; la ponction est de 12 en Manicouagan.

Mais la tendance à la baisse est solidement installée et il faut absolument y remédier. Freiner l’exode de la population est devenu la priorité numéro UN du préfet de la MRC de Manicouagan.  Dans une récente entrevue accordée à la journaliste Colombe Jourdain, Marcel Furlong a dressé un portrait de la situation des plus réalistes.

« Il faut arrêter l’hémorragie et être en mesure de garder nos gens ici et d’en attirer d’autres », lui a-t-il confié, en exposant les initiatives que la MRC a prises pour y parvenir. Le préfet attend avec impatience le rapport préliminaire de la firme Léger sur les raisons des départs et des arrivées en Manicouagan. Cette étude permettra d’orienter la stratégie de marketing territorial commandée à l’agence de communication Hula Hoop au coût de 69 600 $ (sans les taxes).

L’accès au logement et à la propriété de même qu’aux études supérieures et à l’emploi peuvent constituer des freins à l’expansion de la population, mais aussi devenir des éléments d’attractivité. Même si le paysage nord-côtier est splendide et que notre nature est généreuse, ça n’incitera pas les gens à venir s’établir chez nous.

Il faut leur vendre toute cette richesse, mais aussi résoudre un certain nombre de problèmes comme ceux du transport tant routier que maritime et aérien. Évidemment, la diversification économique doit aussi mobiliser les décideurs, car le développement de notre région a toujours été associé à un effet Klondike québécois. On se souvient tous de la ruée vers les forêts et, plus récemment, vers les mines.

Donc, les gens viennent chez nous pour travailler et s’enrichir avant de repartir au moment de la retraite. Il faut penser à les aider à creuser des racines plus solides et à développer un sentiment d’appartenance à notre histoire et à notre territoire. Comment y parvenir?

Il n’existe aucune recette miracle, mais la plus importante à mes yeux est de trouver le moyen de retenir les jeunes chez nous en leur offrant plus que des études collégiales. L’implantation d’une antenne universitaire à Baie-Comeau sera une bonne chose pour nous tous, mais je doute qu’elle suffise à insuffler chez les jeunes le désir de rester au pays.

Il est heureux de constater que la Ville de Baie-Comeau n’ait pas l’intention de dédoubler les actions de la MRC en matière d’attractivité. Le résultat d’une telle campagne dépend de l’union de toutes les forces sur le territoire. Le défi de la MRC est d’autant plus grand qu’elle compte quatre municipalités dévitalisées, Ragueneau, Chute-aux-Outardes, Godbout et Baie-Trinité. Il y a en environ 175 au Québec. Qui n’a pas oublié le déchirant cri lancé par feu le maire Jean-Marie Delaunay voyant le village de Portneuf-sur-Mer se dépeupler?

Lors du Bye Bye 2020, Trois-Rivières a lancé une campagne télévisuelle d’attractivité. Celle-ci a connu un impact majeur. Notre région aurait tout intérêt à s’en inspirer. Seulement pour la dernière année, la Mauricie s’est hissée au top 5 des régions ayant attiré le plus de citoyens dans le cadre de ce retour à la terre des Montréalais recherchant une qualité de vie, que la Manicouagan peut dispenser en abondance à toute personne intéressée à l’adopter.

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