Remise en culture des terres en friches nord-côtières

Par Shirley Kennedy 12:00 PM - 8 mars 2022
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Daniel Harvey exploite une bleuetière dans le secteur de Manic 2. Il agit également comme vice-président de la section régionale de l’Union des producteurs agricoles. Le président Keven Émond, est un résident de Longue-Rive où il exploite une bleuetière et une usine de transformation. Photo : Courtoisie

L’année 2022 s’annonce fertile pour la Côte-Nord en termes de projets de valorisation agroalimentaire. Alors que la majorité des MRC du territoire s’apprêtent, si ce n’est déjà fait, à procéder au déploiement d’un plan de développement de la zone agricole (PDZA) propre à chacune, le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), offre un soutien financier pour un projet de caractérisation des terres en friche.

La firme Agriboréal service-conseil se déploiera particulièrement dans les MRC de La Haute-Côte-Nord, de la Manicouagan et de Sept-Rivières afin de répertorier le potentiel des lots disponibles sur le territoire.

« Dans un premier temps la localisation des terres en friche ( des terres qui ont déjà servi à la production agricole mais qui sont aujourd’hui inutilisées et envahies par les aulnes) sera effectuée et dans un second temps, leur caractérisation ainsi que l’évaluation de leur potentiel de remise en cultures permettront de mettre en place des mécanismes de collaboration avec les différents acteurs du milieu », mentionne dans une lettre acheminée à la MRC de La Haute-Côte-Nord et dont le journal a obtenu copie, le président de l’UPA Fédération Capitale Nationale Côte-Nord, Yves Laurencelle.

De la relève à l’horizon

Une initiative saluée par le vice-président de la section régionale de l’Union des producteurs agricoles, Daniel Harvey. Sans vouloir faire de projections, il sait déjà qu’un potentiel intéressant a été décelé notamment à Colombier et aux Bergeronnes. Bien que ce dernier convienne que 50% des 88 entreprises agricoles nord-côtières exploitent des bleuetières, il estime que les possibilités sont nombreuses sur la Côte-Nord, malgré le climat rigoureux.

« Il suffit d’être imaginatif. Regardez la houblonnière à Ragueneau, c’est quand même exceptionnel comme exploitation, cite le producteur en exemple. La rhubarbe est un produit très prisé qui pourrait facilement être cultivée ici et on pourrait aussi y faire différents élevages », ajoute le producteur de bleuets résident de la Manicouagan.

En entrevue au journal Haute-Côte-Nord, Daniel Harvey confirme que la relève est là et que de plus en plus de jeunes s’intéressent à l’agriculture. Mais encore faut-il rendre les terres accessibles, l’un des objectifs du projet et « un enjeu de longue date sur la Côte-Nord », affirme Yves Laurencelle.

D’autant plus, ajoute Daniel Harvey, « que les terres nord-côtières se vendent actuellement entre 2 000 $ et 2 500 $ l’hectare, un prix quand même abordable » estime-t-il. Alors que certains lots agricoles situés dans la région du Centre-du-Québec peuvent trouver preneurs pour des sommes qui se situent entre 8 000 $ et 8 500 $ l’hectare.

Un climat particulier, un goût unique

Est-ce que le climat rigoureux de la Côte-Nord nuit à son potentiel agricole ? « Pas nécessairement, répond M. Harvey. C’est certain que nous ne pouvons pas penser cultiver du maïs ou du soya par exemple, puisqu’on utilise des OGM (organismes génétiquement modifiés) et que ceux-ci ne sont pas compatibles avec les insectes pollinisateurs, mais je vous dirais que particulièrement en Haute-Côte-Nord où le climat est plus favorable, il y a du choix ».

Et il ne faut pas oublier ajoute le producteur, que les fluctuations de température particulières de la Côte-Nord, donnent une saveur unique aux petits fruits comme le bleuet, la canneberge ou la chicoutai.

Comme tous les producteurs de la région, messieurs Laurencelle et Harvey souhaitent ardemment que la classe politique soit au rendez-vous dans le déploiement des possibilités agricoles de la Côte-Nord. Ils y voient des retombées positives pour le secteur bioalimentaire ainsi que pour le territoire.

Potentiel significatif

« Dans la majorité des MRC du Québec, la valorisation des terres en friche est identifiée comme une action prioritaire des plans de développement de la zone agricole (…). Étant donné que vous êtes actuellement en démarche d’élaboration de PDZA, nous espérons grandement que ce sujet fera partie de vos priorités d’actions. C’est une occasion en or de participer à ce projet d’envergure avec des acteurs déjà mobilisés. Nous espérons donc vous rencontrer le plus tôt possible afin d’amorcer une collaboration qui sera bénéfique à l’autonomie alimentaire et au rayonnement de votre MRC », conclut Yves Laurencelle dans la communication acheminée aux MRC de la Côte-Nord.

Ce n’est pas d’hier que la remise en culture des terres en friche est devenue une priorité dans presque toutes les régions du Québec. En 2018, le rédacteur Martin Ménard publiait un article à ce sujet sur le site de La Terre de Chez Nous, dans lequel il affirme que le secteur des Basques au Bas-Saint-Laurent a vu près de 500 hectares sur les 1 400 ha en friche remis en culture.

Selon lui, des dizaines de milliers d’hectares de terres sont laissés à l’abandon au Québec. D’où le mouvement mis en branle qui se manifeste de plus en plus afin de revaloriser les terres en friches, que ce soit par des initiatives individuelles ou plus structurées.

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