Un coup de chaleur mortel pour l’accident sur le chantier de la ligne Micoua-Saguenay, conclut la CNESST

Par Steeve Paradis 2:03 PM - 22 mars 2022
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La CNESST a conclu au coup de chaleur mortel dans le cas de Jean-Charles Junior Wapistan, un travailleur forestier décédé en août dernier sur le chantier de la ligne hydroélectrique Micoua-Saguenay. Photo iStock

Un coup de chaleur, ça peut être mortel. Un travailleur du chantier de la ligne hydroélectrique Micoua-Saguenay, Jean-Charles Junior Wapistan, en est d’ailleurs décédé le 17 août 2021. La Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) vient de déposer son rapport d’enquête sur cet accident de travail.

Afin d’éviter ces coups de chaleur fatals en forêt lors de chaudes journées, l’organisme recommande aux employeurs de planifier l’organisation du travail, en confiant notamment aux travailleurs un travail plus léger et en planifiant certains travaux lors des périodes plus fraîches de la journée.

Outre le coup de chaleur, la CNESST a identifié comme cause de l’accident « la gestion de l’exposition des abatteurs manuels aux contraintes thermiques était déficiente, ce qui a amené le travailleur à dépasser les valeurs limites admissibles d’exposition pour le travail effectué ».

Ce 17 août 2021, la température de l’air ambiante dépassait les 30 degrés Celsius. Jean-Charles Junior Wapistan, abatteur manuel pour l’entreprise Construction Tawish, un sous-traitant d’Hydro-Québec pour les travaux de déboisement du chantier, a accompli ses tâches habituelles avec deux collègues.

Ces tâches consistent principalement à couper, ébrancher et tronçonner des arbres avec une scie à chaîne, faire ensuite le débardage manuellement et ramasser les branches, un travail quand même exigeant en pleine chaleur.

À la fin de cette journée, M. Wapistan a pris le chemin du retour en direction du véhicule. Il se tenait à une certaine distance de ses collègues. Il a alors bifurqué vers la forêt, toujours selon l’enquête de la CNESST, pour ensuite s’évanouir et tomber face contre terre.

À leur arrivée au véhicule, les deux autres travailleurs ont réalisé que leur collègue n’était pas avec eux. Ils ont rebroussé chemin pour aller à sa recherche. Ils ont retrouvé M. Wapistan quelques minutes plus tard. Il a été transporté à l’hôpital de Baie-Comeau, où son décès a été constaté.

À la suite de l’accident, la CNESST a interdit la reprise des travaux de déboisement dans le secteur 1 du chantier, secteur qui se trouve à une centaine de kilomètres au nord de Baie-Comeau. Elle a aussi exigé du maître d’œuvre du chantier, soit Hydro-Québec, qu’il définisse « les mesures de sécurité pour les travailleurs exposés aux contraintes thermiques de chaleur ainsi que les mesures efficaces pour l’évacuation d’urgence d’un travailleur ». La société d’État s’est conformée.

Mieux informer

Dans ses conclusions, outre l’organisation du travail adaptée à des conditions de grande chaleur, l’organisme recommande aussi d’informer les travailleurs et les superviseurs des dangers d’un coup de chaleur, à en reconnaître les signes et les symptômes, de les informer également des premiers secours et des moyens de protection à leur disposition.

Il faut de plus fournir de l’eau fraîche en quantité suffisante au personnel sur le terrain, s’assurer qu’ils y ont accès facilement et qu’ils en boivent régulièrement et aménager des zones de travail et de repos à l’ombre ou dans un endroit frais et climatisé.

Finalement, la CNESST demande aux employeurs d’accorder aux travailleurs des pauses d’une durée appropriée et selon la température de l’air corrigée en se référant au document Travailler à la chaleur…Attention!, disponible sur son site.

Les conclusions de l’enquête seront transmises au comité paritaire du secteur forestier ainsi qu’à ForêtCompétences, Prévibois et Rexforêt afin que leurs membres soient informés.

Le rapport d’enquête sera aussi diffusé dans les établissements de formation offrant des programmes d’études en abattage manuel et en débardage forestier, en aménagement de la forêt, en travail sylvicole ainsi qu’en technique forestière « pour sensibiliser les futurs travailleurs ».

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