L’arrivée possible d’Uber, une brique de plus pour Taxis Unis

Par Charlotte Paquet 6:00 AM - 11 avril 2022
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Président de Taxis Unis, Marc Lechasseur réagit à l’arrivée possible d’Uber en région en faisant remarquer que le nouveau joueur se butera aussi à l’importante pénurie de chauffeurs qui sévit dans l’industrie.

L’industrie du taxi en région vit des jours difficiles depuis quelques années et la décision d’Uber d’étendre ses ramifications dans l’ensemble du Québec est une brique de plus qui s’abat dessus, selon le président de la coopérative Taxis Unis à Baie-Comeau, Marc Lechasseur.

Le 1er avril, Uber a annoncé une expansion panquébécoise à compter du 14 juin. Dans les faits, le service de transport rendra son application disponible partout et non seulement à Montréal, à Québec et en Outaouais, comme c’est le cas pour le moment.

Chez Taxis Unis, M. Lechasseur, réagit à l’arrivée possible de la multinationale américaine avec une certaine philosophie. « On ne peut rien y faire », laisse-t-il tomber, tout en rappelant que ce n’est pas la première fois que cette possibilité apparaît chez nous.

Il n’en demeure pas moins que pour le président, « c’est un autre bâton dans les roues pour l’industrie du taxi locale ». « C’est une brique de plus. Ça fait deux ans qu’on en arrache », se désole celui qui possède un taxi qu’il conduit aussi. Sa conjointe, Louise Leclerc, est également propriétaire d’un taxi, mais des chauffeurs travaillent pour elle.

Le couple s’entend pour dire que depuis l’entrée en vigueur de la loi 17, qui est venue restructurer les pratiques d’affaires dans l’industrie, les choses vont de mal en pis. « Avec la loi, la pandémie, le prix de l’essence et la tarification de base plafonnée, y’a rien de jojo », concède Mme Leclerc. Ce n’est pas pour rien, souligne son conjoint, que la flotte provinciale de taxis a grandement diminué ces dernières années.

Pénurie de chauffeurs

À cela, il faut ajouter la pénurie majeure de chauffeurs à Baie-Comeau, comme c’est le cas un peu partout au Québec. La pandémie est venue l’aggraver avec le retrait de certains chauffeurs plus âgés, ces personnes qui occupaient leur retraite en conduisant un taxi.

Les nouvelles règles de la loi 17 rendent également le recrutement plus difficile, notamment lorsqu’il faut défendre qu’une condamnation pour conduite en état d’ébriété survenue il y a 30 ans ne doive pas empêcher une personne d’obtenir son permis pour conduire un taxi.

Si Taxis Unis peine à recruter des chauffeurs, M. Lechasseur et Mme Leclerc se demandent bien comment Uber pourra en trouver puisque l’entreprise est soumise à la même réglementation qu’eux. « Uber va avoir de la misère comme nous d’avoir des chauffeurs. Il n’y en a pas de chauffeurs », souligne l’homme.

À ses débuts dans l’industrie du taxi il y a une dizaine d’années, il n’y avait pas de pénurie, rappelle-t-il. « On avait une liste de noms et on pouvait appeler et choisir nos chauffeurs. »

Aujourd’hui, avec 17 chauffeurs pour les propriétaires des 19 voitures taxis, la pénurie fait mal avec les quarts de travail de 12 heures de jour et de nuit à assumer sept jours sur sept.

Est-ce que des chauffeurs pourraient traverser dans le camp d’Uber? « Oui, ça pourrait arriver. Mais à date, avec tout ce que disent les comptes-rendus de l’un puis de l’autre, c’est que ceux qui ont travaillé pour Uber reviennent travailler pour le taxi traditionnel. La raison est simple, c’est parce qu’ils sont mal payés », conclut Louise Leclerc.

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