Boisaco réfute des faits rapportés par La Presse

Par Shirley Kennedy 3:29 PM - 26 avril 2022
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Si le calcul préliminaire des possibilités forestières du Forestier en chef est confirmé par Québec, Boisaco estime une baisse de 21 % de son approvisionnement en résineux dans l’UA 97-51 où elle prélève la majorité de son volume d’approvisionnement. Photo courtoisie

Par le biais d’une lettre adressée à ses travailleurs, partenaires, ainsi qu’aux intervenants de la Haute-Côte-Nord et du Saguenay, Boisaco tient à « rétablir certains faits », à la suite de la publication d’un article paru dans La Presse du 21 avril titré « Des discussions en catimini pour éviter une baisse des coupes ».

Dans la missive signée de la main du directeur général André Gilbert et dont le journal Haute-Côte-Nord a obtenu copie, la forestière qualifie de « biaisée et trompeuse », la teneur de l’article à l’effet que des discussions en catimini sont en cours entre Boisaco et le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP), affirmant même que ce dernier (MFFP) tente « discrètement d’éviter la baisse annoncée du volume de bois récoltable sur la Côte-Nord, avec des modifications jugées contraires à l’aménagement durable des forêts, suscitant un grand malaise chez ses propres ingénieurs forestiers », écrit La Presse.

André Gilbert rappelle que le Forestier en chef a présenté publiquement le calcul préliminaire des possibilités forestières de la Côte-Nord incluant celle de l’UA 97-51 où Boisaco tire la majorité de son volume d’approvisionnement. « L’équipe du Forestier en chef a présenté ses résultats et une rencontre spécifique avec la Table de gestion intégrée des ressources et du territoire (GIRT) de la Haute-Côte-Nord a permis d’émettre des commentaires et de poser des questions », précise-t-il.

Le dirigeant de Boisaco convient qu’en parallèle à cette démarche, Boisaco a demandé une rencontre par la voie officielle au MFFP et à l’équipe du Forestier en chef, « afin de mieux comprendre les détails du calcul ». Animée par le directeur général du MFFP Saguenay-Lac-St-Jean et Côte-Nord, « cette rencontre a permis d’aller plus loin dans les explications et les causes expliquant la baisse drastique de possibilité et a permis de comprendre que sur la Côte-Nord, fidèle aux instructions fournies par la direction générale du MFFP de la région, le Forestier en chef est allé au-delà des règles appliquées dans les autres UA (unités d’aménagement) de la province à certains égards et que cela a eu pour effet d’augmenter l’impact de la baisse, considérant la structure particulière de la forêt de l’UA 97-51. »

André Gilbert indique qu’il n’a eu aucun suivi du Forestier en chef depuis cette rencontre, considérant que ce dernier ne rend des comptes qu’au gouvernement lui-même.

L’ingénieur forestier précise également que contrairement à ce que l’article laisse croire, le plan caribou en vigueur (2013-2023) est inclus dans le présent calcul et ne peut être modifié par le Forestier en chef puisqu’il sera éventuellement remplacé par le nouveau plan caribou dès qu’il sera décrété par le gouvernement à la suite de la Commission indépendante en cours. « Il en va de même avec l’aménagement écosystémique qui n’a pas été remis en question d’aucune façon, étant le fondement de la loi sur l’aménagement durable des forêts. »

André Gilbert ajoute qu’il est aussi faux de prétendre que les éléments pour atténuer la baisse de possibilité sortent du cadre légal de l’aménagement écosystémique d’une part, et d’autre part, il estime « qu’il est tendancieux de relier deux dossiers, soit celui du caribou et celui du calcul préliminaire des possibilités forestières, puisque les deux dossiers sont actuellement séparés et ils le seront tant et aussi longtemps qu’un nouveau plan caribou ne sera pas disponible. D’autant plus, ajoute-t-il, qu’il est beaucoup plus rigoureux et objectif de faire l’exercice tel qu’il se fait actuellement pour pouvoir évaluer l’impact réel du nouveau plan lorsqu’il sera disponible. »

À savoir si le MFFP serait plus sensible aux enjeux de l’industrie forestière qu’aux autres enjeux tel que prétendu par La Presse, André Gilbert répond que la Côte-Nord a perdu 9 scieries, une papetière et des centaines d’emplois depuis une quinzaine d’années, ceci dû en grande partie aux baisses de volumes, et Boisaco a dû racheter à coups de millions de dollars des scieries fermées simplement pour consolider ses approvisionnements et rester en vie. « Au surplus, on se bat contre une épidémie de tordeuse des bourgeons de l’épinette (TBE) qui a ravagé la région depuis 10 ans, des grands feux de forêts et un des territoires les plus inhospitaliers de la province. »

Malgré cela, conclut le porte-parole de Boisaco, son entreprise est déterminée à continuer sa mission de développement socio-économique « dans une des régions les plus pauvres du Québec, et demeure convaincue que la vraie solution à la survie du caribou forestier, ne réside pas dans la solution de la cloche de verre issue d’une vision idéaliste et déconnectée de la forêt et de sa dynamique naturelle. »

Soulignons que depuis 2020, les communautés innues de la Côte-Nord réclament l’établissement d’une aire protégée sur le territoire de Pipmuacan afin de protéger l’habitat d’Atiku et le patrimoine culturel innu.
À la mi-avril, Ottawa avait lancé un ultimatum au gouvernement Legault afin que ce dernier prenne position en faveur de la protection du caribou forestier québécois. Le 21 avril, soit au lendemain de la date limite de l’ultimatum lancé par son gouvernement, le ministre fédéral de l’Environnement Steven Guilbault confirmait qu’il allait entamer les démarches pour l’adoption d’un décret afin de limiter le déclin de cette espèce menacée, bien qu’il préfère en arriver à une entente avec le gouvernement du Québec. En ce qui concerne le premier ministre François Legault, ce dernier considère que les caribous sont un champ de compétence provincial.

Rappelons que jusqu’au 31 mai, la Commission indépendante sur les caribous forestiers et montagnards procède à des audiences publiques régionales afin de connaître l’opinion des participants sur deux scénarios théoriques de gestion adaptée de l’habitat des caribous. La dernière audience prévue au calendrier est le 17 mai de 19 h à 22 h à l’Hôtel Manoir de Baie-Comeau. La Commission se donne le mois de juin pour procéder à l’analyse des audiences et entend déposer son rapport le 31 août prochain. La décision finale revient au gouvernement du Québec et est attendue en 2023.

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