L’École nationale de théâtre du Canada s’implique à Pessamit

Par Colombe Jourdain 6:00 AM - 7 mai 2022
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Myriam Fugère, metteure en scène et médiatrice culturelle, travaillent avec des jeunes innus de Pessamit sur la conception d’un spectacle de contes avec la collaboration de l’École nationale de théâtre du Canada. Photo courtoisie

L’école nationale de théâtre du Canada (ENTC), par le biais de son programme d’engagement communautaire, contribue à la transmission de savoirs culturel et technique aux jeunes de Pessamit.

Cette collaboration entre l’ENTC, le Conseil des Innus de Pessamit et l’école secondaire Uashkaikan a permis en 2019 de fonder la troupe de théâtre Shapelitakuan, qui signifie c’est le fun.

La troupe a créé le spectacle Ussilnium en décembre 2019 au Centre des arts de Baie-Comeau. Cette année, leur projet est de présenter un spectacle de contes sur la plage de Pessamit durant la Fête des Innus en août.

Présentement, les jeunes participent à des ateliers avec Myriam Fugère, metteure en scène et médiatrice culturelle, et Philibert Rousselot. Viendront se greffer à eux, l’artiste anichinabée Émilie Monnet pour travailler sur l’écriture des contes et le concepteur sonore innu Étienne Thibeault qui fera la conception sonore du spectacle en plus de partager son savoir-faire dans l’enregistrement de sons d’ambiance avec les jeunes.

« Avec Émilie, ça leur permet de voir une artiste issue d’une communauté autochtone, de la voir aller au bout du processus artistique en s’inspirant de sa culture », souligne la metteure en scène.

« Je vais rencontrer les jeunes à la fin mai pour partager le processus de création de ma pièce de théâtre Okinum, qui veut dire barrage de castor en anichinabé. Je parle d’un rêve, de le déchiffrer avant de le mettre en forme. Ce qui m’a mené à tisser des fils autour de l’identité, la voix, de prendre sa place, de mon diagnostic de cancer et du réapprentissage de la langue anichinabée », confie Émilie Monnet.

Certains contes seront inspirés des légendes innues et feront intervenir la voix des aînés de la communauté. Plusieurs aînés de Pessamit participeront samedi à l’atelier de théâtre avec les jeunes « pour initier un partage d’histoires personnelles ou de bouts de légendes », indique Mme Fugère.

Comme la troupe comporte plus de filles que de gars, certaines thématiques abordées dans les contes seront résolument féminines comme la place des femmes dans la communauté et dans la société, la solidarité féminine, l’identité sexuelle et de genre.

Pour les jeunes de la communauté, cette expérience leur permet également de côtoyer des métiers qu’ils ne verraient pas autrement. « Ça leur met en tête que ce sont des carrières qui sont possibles. Par exemple, on a eu une jeune qui a fait de la régie sur un spectacle, elle a appris comment fonctionnait la console et tout, ç’a l’a intéressée au cinéma. Ce sont des expériences de vie qui, au bout de la ligne, peuvent les motiver dans leur choix de carrière », raconte Mme Fugère.

Cette activité permet aux jeunes de rêver et de représenter leur culture. « Quand on réussit quelque chose, il y a soudainement une vague de fierté qui monte, qui donne le goût d’aller plus loin », conclut-elle.

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