Protection du caribou : au tour de Pessamit d’expédier une mise en demeure au gouvernement

Par Steeve Paradis 2:17 PM - 18 mai 2022
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Ghislain Picard (APNQL), Brian Mark (Unamen Shipu), Jean-Marie Vollant (Pessamit) et Jérôme Bacon-St-Onge (Pessamit) sont devant le reste des chefs innus du Québec et du Labrador ainsi que les conseillers du Conseil des Innus de Pessamit. Photo Conseil des Innus de Pessamit

Estimant que sa patience a ses limites et qu’il y a urgence d’agir, le chef du Conseil des Innus de Pessamit, Jean-Marie Vollant, a annoncé mercredi midi que sa communauté prenait « des actions immédiates » pour la protection du caribou forestier. La première action sera l’envoi d’une mise en demeure au gouvernement du Québec.

Pessamit prend ainsi la même voie que Mashteuiatsh et Essipit, qui ont aussi utilisé la mise en demeure pour faire valoir leurs droits. Les six autres communautés innues appuient le geste des trois contestataires et l’ont démontré en étant présents mercredi matin au centre communautaire Ka Mamuitunanut, tout comme le chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL), Ghislain Picard.

Cette démonstration d’unité s’est faite pour le passage à Pessamit de la Commission indépendante sur les caribous forestiers et montagnards. Le chef Vollant s’est montré respectueux du travail des commissaires, mais a assuré du même souffle que cet exercice « est une façon pour le gouvernement de ne pas agir ».

En ce qui concerne la protection du caribou forestier, un animal sacré à leurs yeux, le Conseil des Innus exige que Québec aille immédiatement de l’avant pour la création de l’aire protégée Pipmuakan, un projet déposé par Pessamit en novembre 2020.

« L’industrie forestière, la construction de chemins, la villégiature, les projets hydroélectriques se poursuivent et pendant ce temps, le gouvernement ne prend pas la mesure du besoin urgent de restauration (du caribou), particulièrement pour la population du Pipmuakan », a clamé le chef, pour qui « il est question ici de notre identité, de notre culture, de notre territoire et de nos droits ».

Avec Legault

Dans ses demandes, Jean-Marie Vollant fait aussi savoir « qu’une rencontre de nation à nation avec le premier ministre Legault s’impose dans les meilleurs délais ».

En soulignant pour sa part que « Pessamit aurait dû être le premier arrêt de la commission » et non le dernier, en raison de « la relation avec le caribou, une relation qui n’existe nulle part ailleurs », Ghislain Picard a estimé que la délégation « aura fait la démonstration (aux commissaires) qu’il y a un lien spirituel entre Minashkuau-atiku, le caribou, et les Innus.

« J’attends leur rapport, et j’espère qu’on n’aura pas à dire : trop peu trop tard », a ajouté le chef de l’APNQL, qui semble se faire peu d’illusion sur le sujet. « On ne peut pas consulter les peuples autochtones comme on consulte l’Union des producteurs agricoles », a-t-il enchaîné un peu plus tard.

Quant au chef d’Unamen Shipu, Brian Rock, porteur du dossier caribou au sein de la Nation Innue, il a assuré que le regroupement se rangeait derrière l’action de Pessamit et a ajouté que « nous voulons démontrer au gouvernement que nous serons toujours dans le Nitassinan ».

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