Saison du bleuet sur la Côte-Nord: une bonne saison malgré les défis

Par Renaud Cyr 12:00 PM - 15 août 2022
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Selon les premières estimations, le prix du bleuet frais au détail devrait s’élever en moyenne entre 5 et 6 $ la livre. Photo archives

Des coûts de transport à la hausse et une production de plus en plus dispendieuse gênent les producteurs de bleuets. Le bleuet sera plus dispendieux cette année pour les consommateurs.
Plusieurs obstacles ont entravé la récolte de bleuets des producteurs nord-côtiers cette année. Les producteurs devant louer des ruches d’abeilles pour la pollinisation ont dû faire face à un nombre réduit d’insectes pour butiner leurs exploitations.

« Cette année, la pollinisation s’est faite sur un plus long laps de temps, et généralement les abeilles et les bourdons ont été moins efficaces. En plus, il y avait beaucoup moins d’abeilles disponibles cette année, il y a des producteurs qui ont eu des problèmes d’approvisionnement et ça se ressent dans leurs rendements », déplore Daniel Harvey, président de l’Association des producteurs de bleuets de la Côte-Nord.

Daniel Harvey est le président de l’Association des producteurs de bleuets de la Côte-Nord. Photo archives

Les prix établis par le Syndicat des producteurs de bleuets du Québec sont légèrement différents de ceux de l’an dernier. Le prix de départ du bleuet cueilli en forêt cette année est le même qu’en 2021, fixé à 1,00 $. Le prix pour le bleuet conventionnel et le bleuet sans pesticide en bleuetière est de 0,60 $ la livre, une diminution de 0,20 $ par rapport à l’an dernier. Le bleuet biologique en bleuetière passe quant à lui de 1,00 $ à 0,80 $.

Pour M. Harvey, bon nombre de producteurs n’arriveront pas à avoir des rendements satisfaisants d’ici la fin de la saison. « Tous les engrais et les herbicides que nous avons achetés n’étaient pas au prix de 2021. Tout a plus que doublé cette année », se désole-t-il.

Selon M. Harvey, le prix du bleuet frais au détail devrait se vendre en moyenne entre 5 et 6 $ la livre.
« Pour ce qui est du bleuet congelé sur les marchés internationaux, c’est encore dur à déterminer, mais les prix devraient être comparables aux années précédentes », précise-il.

Le président par intérim de l’Union des producteurs agricoles (UPA) de la Côte-Nord, Keven Emond, possède un centre de transformation de bleuets et deux bleuetières, tous situés à Longue-Rive.
Comme la cinquantaine d’exploitations semblables aux siennes sur la Côte-Nord, M. Emond fait face aux défis logistiques qu’engendrent le coût du carburant.

« Nous avions un acheteur qui venait sur la Côte-Nord depuis 15 ans. Maintenant il ne vient plus, ce qui fait qu’il faut prendre le bleuet et l’envoyer nous-mêmes à Montréal. Il faut mobiliser plus de conducteurs de camion et, avec le prix de l’essence, ça rend les choses plus compliquées pour nous », relate-t-il.

En moyenne, la Côte-Nord génère 7 millions de livres de bleuets sur les marchés, ce qui représente selon les années environ 10 % de la production globale de la province. La quantité de bleuets issue des récoltes sur la Côte-Nord n’inquiète pas autant que la flambée des dépenses de production.

« Quand on compare les coûts de production à la livre de cette année et celle de l’an dernier, ça a plus que doublé, et le prix a diminué de 20 %. Donc un producteur qui veut rentrer dans ses frais aura besoin de rendements exceptionnels », clame M. Harvey

Pour l’instant, la pénurie de main-d’œuvre qui sévit dans plusieurs secteurs d’activités n’affecte pas celui de la récolte des bleuets. « Nous avons une quinzaine d’employés récurrents, et la plupart d’entre eux sont à la retraite, et ils reviennent à chaque année », fait savoir Keven Emond.

Reste à voir si le coût des intrants et du carburant se stabilisera à la baisse, permettant ainsi aux producteurs de bleuets nord-côtiers de dégager des profits intéressants de leurs récoltes.
M. Harvey reste pourtant optimiste à propos de la relève qui reprend et modernise les installations sur le territoire. « Bon an mal an, ça s’améliore! », déclare-t-il.

Une saison qui s’annonce excellente pour la bleuetière de Gallix

Du côté de Bleu-Nord situé à Gallix, Denis Picard croit que ce sera une très bonne saison.

« Je suis allée voir la mise à fruits et c’était beau. Ce que je vois dans les champs c’est excellent », dit-il.
Cet été nous avons eu pluie et soleil en alternance. Le bleuet pousse dans le sable et a besoin des deux, donc la météo a été en faveur de ce petit fruit.

De plus, cette année il n’y a pas eu de gel au printemps, ce qui a été bénéfique.

« Sur la Côte-Nord, ce qui nous inquiète ce sont les gelées d’automne. Mais la récolte est le 1er septembre donc on ne devrait pas avoir de gel, du moins je l’espère », dit-il en riant.

L’entreprise qui produit des bleuets sur plus d’une centaine d’hectares distribue ses petits fruits dans divers commerces de la région.

En date du 8 août, on apprenait sur la page Facebook de Bleu-Nord que l’entreprise a été transférée à Fruits Nord-Co de Gallix.

Avec Marie-Eve Poulin

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