Sacré-Coeur : des accidents à la dizaine dans leur cour

Par Johannie Gaudreault 12:00 PM - 16 août 2022
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Les familles d’Élodie Hovington et Yannick Bujold et de Roxanne Savard et Olivier Robitaille n’en peuvent plus de vivre avec la dangerosité du détour devant leur résidence respective.

Des accidents à répétition, hiver comme été, parfois graves, voilà ce que doit endurer une famille de Sacré-Cœur depuis des années en raison d’un détour prononcé visiblement difficile à négocier.

Excédées par les accidents à répétition survenant dans leur cour et leur domicile, deux familles de Sacré-Cœur demandent aux autorités municipales ainsi qu’au ministère des Transports de rendre sécuritaire la courbe devant chez elles avant qu’une vie ne soit perdue.

Le détour situé sur la route 172 et qui se rend à la rue Gagné est considéré comme trop serré par Roxanne Savard, porte-parole des deux familles.

« Les automobilistes ne font pas attention et roulent très rapidement dans le détour. Les voiturent dérapent jusque dans nos résidences, nos cours, nos clôtures », raconte-t-elle en précisant que les accidents surviennent souvent la nuit comme ce fut le cas le 5 août.

Roxanne et son conjoint Olivier Robitaille ont déménagé au 54, rue Gagné il y a sept ans. La première année s’est déroulée sans anicroche, mais par la suite, au moins un incident par année a été comptabilisé par les parents d’une petite fille de cinq ans.

« Lors de notre deuxième année dans la résidence, il y a eu deux accidents dans le même mois, dont celui qui a défoncé le mur de la salle à manger. C’est à ce moment que j’ai commencé mes démarches pour rendre l’endroit plus sécuritaire », indique Mme Savard, native de Sacré-Cœur.

Quelques années plus tard, ce sont les voitures des voisins qui ont absorbé le choc d’une collision.

« Un conducteur a manqué le détour et a bondi dans la cour des voisins pour atterrir sur les trois voitures stationnées dans l’entrée, en pleine nuit. Si les véhicules n’avaient pas été là, c’est encore une fois ma maison qui aurait écopé », témoigne la jeune maman.

Les dérapages se produisent l’hiver comme l’été, mais lors de la saison hivernale, les bancs de neige font office de protection pour les maisonnées.

« On ne peut pas compter le nombre de collisions avec nos bancs de neige tellement que ça arrive souvent », illustre Roxanne Savard.

La situation est devenue tellement stressante et invivable pour le couple sacré- coeurois qu’il a décidé d’emménager dans une nouvelle propriété plus éloignée.

Étant propriétaires d’un commerce tous les deux, Roxanne et Olivier ont installé leur salon d’esthétique et de barbier sur la résidence de la rue Gagné.

« Au moins, on a moins peur pour notre fille et nous. Il demeure toutefois inquiétant de recevoir nos clients en étant conscients de ce danger. Comme les accidents arrivent plutôt la nuit, il est moins probable d’y assister sur nos heures de travail. Mais, on reste sur nos gardes », soutient l’entrepreneure ajoutant que le coût de ses assurances résidentielles a doublé et qu’une seule entreprise n’accepte de l’assurer.

Quant à la famille d’Élodie Hovington et Yannick Bujold, qui compte quatre enfants et un à venir, elle demeure au 52, rue Gagné depuis deux ans.

« On ne peut pas profiter de notre cour avant, on a toujours peur qu’il arrive un malheur aux enfants. On est toujours sur le qui-vive », de faire savoir Élodie, qui ouvrira d’ailleurs un service de garde prochainement.

Elle devra utiliser sa cour arrière comme stationnement pour les parents, toujours dans un optique de sécurité, ce qui diminuera l’espace pour l’aire de jeu.

« Il y a un gros manque en terme de signalisation dans le village, pas seulement dans le détour. Il n’y a pas de passage piétonnier pour traverser la rue pour les enfants et la zone scolaire n’est pas bien indiquée », déplore-t-elle également.

La résidence du 54, Gagné à Sacré-Cœur reçoit un peu trop souvent la visite de véhicules sur le terrain au goût des résidents.

Une mise en demeure au ministère des Transports

Afin de soulager leur conscience et d’éviter le pire, Olivier Robitaille et Roxanne Savard ont fait parvenir une mise en demeure au ministère des Transports du Québec (MTQ).

« Nous voulions que l’instance gouvernementale mette en place des mesures pour sécuriser la route qui ressemble à une piste de course », déclarent-ils.

La lettre juridique s’est rendue à destination, mais la réponse ministérielle n’a pas apaisé le couple. « On nous a répondu qu’une pancarte routière serait installée et que les lignes sur l’asphalte seraient repeintes annuellement, résume-t-il. C’est tout ce qu’on a pu faire dans le dossier. »

Du côté de la Municipalité de Sacré-Cœur, Roxanne Savard a senti « une ouverture pour améliorer la situation ». Elle a été invitée à présenter la problématique devant le conseil municipal.

Toutefois, rien de concret n’a été réalisé pour le moment à l’exception de l’installation d’un panneau d’arrêt lumineux à l’intersection des rues Principale sud et Gagné.

Les Sacré-Coeurois ont donc pris les choses en main et ont disposé plusieurs blocs de béton sur leur terrain pour limiter les dégâts sur leur résidence ainsi que les risques de blessures graves.

« On s’est fait dire par la Municipalité que ça brisait la beauté du village. On fait le choix de se protéger alors que les autorités ne veulent pas le faire pour nous », clame Mme Savard.

Le MTQ a été interpellé par le Journal Haute-Côte-Nord, mais, au moment de passer sous presse, aucun commentaire n’avait été transmis.

Prendre les moyens pour réduire la vitesse

De l’avis des citoyens, il faut prendre les moyens nécessaires pour réduire la vitesse des automobilistes dans ce secteur « puisque c’est vraiment ça la cause des accidents ».

L’ajout d’une pancarte lumineuse clignotante, d’un garde-fou ou encore de poteaux de limitation de vitesse serait de bonnes façons de procéder, selon Mme Savard.

« Notre objectif n’est pas d’être désagréables ou de créer des problèmes, tout ce qu’on veut, c’est avoir une route sécuritaire et éviter un décès », conclut la porte-parole qui souhaite faire circuler une pétition dans les prochaines semaines si aucun avancement n’est réalisé dans le dossier.

Le plus récent accident a eu lieu le 5 août. Un véhicule est entré en collision avec la roche devant les commerces de Roxanne Savard et Olivier Robitaille. Photo : Courtoisie