Les pourvoiries de la Côte-Nord sont en colère

Par Daniel Naud 12:48 PM - 22 août 2022
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Les vols nolisés offrent la flexibilité pour les activités de chasse et pêche de la région, tout comme pour atteindre l’île d’Anticosti.

Certains pourvoyeurs ne décolèrent pas, à la suite de l’arrêt de l’aide financière pour les vols nolisés, en mai 2022, par le gouvernement du Québec. C’est que le transport aérien est un incontournable pour les activités des pourvoiries de la région, et cette annonce risque de porter un dur coup sur l’achalandage de cette industrie très présente sur la Côte-Nord.

Instauré il y a de nombreuses années par le ministère des Transports, le volet 1 du Programme d’accès aérien aux régions remboursait de 30 à 40 % des tarifs sur les vols nolisés pour les résidents des régions éloignées. Cette aide financière permettait d’offrir des transports adéquats, à des coûts raisonnables, afin d’attirer une clientèle pour des forfaits de chasse et pêche profondément sur le territoire, notamment sur l’île d’Anticosti.

« Sur les vols réguliers, il y a des restrictions pour le poids des bagages. Donc tu t’en vas à la chasse avec ton équipement et lorsque tu es sur le retour avec deux chevreuils tu es trop lourd. Tu fais quoi? C’est pour ça que nous prenions des vols nolisés, c’était parfait pour nos activités », s’enflamme Charles Pinard, président de l’Association des pourvoiries de la Côte-Nord.

Cependant, la fin de l’aide financière pour ce type de vol entraine des répercussions négatives et immédiates pour cette industrie touristique d’importance.

« J’ai un billet pour Anticosti cet automne qui me coûte 1 200 $, quand je pouvais enlever 40 % là-dessus, ce n’était pas si pire. Sauf que maintenant, il va me coûter 1 200 $ en plus de la hausse du prix de l’essence. Et ça ne comprend pas les autres dépenses. Il n’y a plus grand monde qui va pouvoir s’offrir ça », lance M. Pinard.

Il ajoute que certaines pourvoiries sont parfois le seul moteur économique d’un village, comme c’est le cas de la pourvoirie Lac Geneviève sur l’ile d’Anticosti, qui perd déjà 25 % de son achalandage.

Le gouvernement du Québec a instauré des billets d’avion à 500 $, sauf que les passagers doivent transiter par Montréal ou Québec pour y avoir droit. C’est-à-dire qu’un passager au départ de Baie-Comeau à destination du nord ou d’Anticosti, ne bénéficie pas du tarif réduit à 500 $.

« Il faudrait que la personne se rende jusqu’à Québec, pour revenir en avion sur sa destination dans une pourvoirie pour avoir un billet à 500 $. Ça n’a pas de bon sens », tonne M. Pinard. « Pourquoi ne pas créer un système d’aviation adapté, pour favoriser les activités à Anticosti et sur la Côte-Nord », ajoute-t-il.

Le président de l’Association des pourvoiries de la Côte-Nord entend bien relancer les candidats des partis politiques à ce sujet, lors de la prochaine campagne électorale.

Rejoint à ce sujet, le député de la circonscription de René-Lévesque, Martin Ouellet, comprend mal la décision du gouvernement qui survient au sortir de la pandémie, alors que tous les secteurs économiques, incluant le tourisme, ont besoin d’aide pour remonter la pente. 

« Le transport aérien en région est mal foutu. Il faut augmenter le nombre de joueurs dans l’industrie de l’aviation afin qu’il y ait plus d’offres et ainsi faire baisser les prix », propose-t-il en terminant.

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