Matiu nous présente son troisième projet, « Tipatshimushtunan »
L'artiste Innu Matiu a sorti le 26 août dernier son troisième projet solo. Crédit photo Julien Choquette
Après trois nominations pour le prix Félix décerné à l’artiste autochtone de l’année en 2019, 2020 et 2021, le chanteur Innu marque l’année 2022 avec la sortie de son deuxième album, « Tipatshimushtunan », qui signifie « Racontez-nous » en Innu, paru le 26 août dernier.
Ce dernier opus de l’artiste a été réalisé par nul autre que le virtuose Septilien, Louis-Jean Cormier.
Alexandre Caputo, Initiative de Journalisme Local
C’est à travers neuf titres aux styles variant du Rock, aux ballades, en passant par le Reggae, que Matiu nous chante ses histoires inspirantes, touchantes et éloquentes.
« Je voulais parler des pensionnats, mais surtout d’une des conséquences qu’ils ont causées, qui a été d’enfermer les autochtones dans les réserves pour plusieurs générations. […] Je veux montrer aux autochtones qu’il y a une vie pour eux en dehors de la réserve et qu’ils ont le pouvoir de développer leur potentiel. », explique le principal intéressé pour décrire la ligne directrice de son album.
Le thème de la recherche identitaire en tant qu’autochtone est aussi soulevé par l’artiste natif de Uashat Mak Mani-Utenam.
« En tant qu’Innu je suis souvent déchiré entre le désir de vouloir aller dans le territoire, dans la nature, plus souvent à la place de faire mon 40 heures semaine et payer mes factures. Je sais que je suis loin d’être le seul à me sentir comme ça. », mentionne-t-il.
Un processus de création différent
Mise à part sa collaboration avec son compatriote Louis-Jean Cormier, dont il sera question plus bas, Matiu a décidé de changer la recette qu’il avait adoptée pour l’écriture de ses deux derniers projets.
« La création s’est faite en quelques blocs à cause de la pandémie, mais pour le dernier bloc d’écriture, j’ai emprunté la maison d’un ami qui était parti. J’étais tout seul dans le fin fond du bois dans le coin de la Rivière Magpie, ça m’a fait du bien de me retrouver seul dans ma tête pour une semaine. Dans la nature, pas de télévision ni aucun autre bruit, si tu fais de l’acouphène tu le sais tout de suite ! », lance-t-il à la blague.
Cette expérience était une première pour le chanteur Innu, mais certainement pas une dernière.
Une réalisation signée Louis-Jean Cormier
Après nous avoir offert son EP éponyme en 2017 et son premier album « Petikat » en 2018, projets complétés sans réalisateur, Matiu désirait cette fois-ci changer la donne pour que la réalisation soit plus ordonnée.
C’est son ami et gérant Steve Jolin, Président-Fondateur des labels Disques 7e Ciel et 117 Records, qui a eu la brillante idée de faire appel à Louis-Jean Cormier. Une combinaison qui ne pouvait pas mieux tomber.
« Au-delà de son génie musical, Louis-Jean vient de Sept-Îles et l’album est très personnel, donc il comprenait les références et où je voulais aller avec l’album. Il a bien ricané quand il a entendu la référence à la Rue Holliday dans la chanson 40h semaine. », raconte le chanteur de 35 ans.
« Il [Louis-Jean] m’a demandé de lui envoyer les chansons seulement avec ma voix et la guitare, ça lui laissait de l’espace pour ajouter sa touche. En plus, je me suis cassé le pouce juste avant d’enregistrer, donc c’est Louis-Jean qui joue la guitare sur l’album. Comme on dit, rien n’arrive pour rien, parce que j’adore son style et ça se marie bien à l’album. », renchérie-t-il.
La totalité de l’œuvre aura donc été le fruit d’un agréable travail d’équipe, tant entre Matiu et son réalisateur, qu’entre tous les musiciens présents.
Inspiré par la radio communautaire
C’est à la station radio CKAU 104.5 FM de Maliotenam que Matiu doit le genre musical qu’on lui connait aujourd’hui. La diversité dans la rotation des chansons et dans les styles présentés sont la fondation de son style qu’il qualifie de « Folk bipolaire » à la blague.
« La radio communautaire ne joue pas vraiment de chansons commerciales, donc le style dépend de l’animateur, exemple avec Francine on sait qu’on va avoir du Disco. Ils passaient aussi du bon Rock classique comme Pink Floyd, du Québécois comme Dédé Fortin et Jean Leloup, mais mon préféré c’était Neil Young, et ça l’est encore ! », raconte-t-il.
Un projet qui vient du cœur
Matiu aura donc laissé une partie de lui-même dans ce deuxième album, que ce soit avec l’inspiration que lui a donnée sa communauté, avec les ballades Hélicoptère et Mom dédiées respectueusement à sa jeune fille et à sa mère ou avec la chanson Maliotenam dans laquelle la communauté est peinte comme une histoire d’amour impossible à oublier.
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