Verra-t-on le dindon sauvage s’établir sur la Côte-Nord?

Par Daniel Naud 6:00 AM - 12 septembre 2022
Temps de lecture :

Le dindon sauvage élargit son habitat en plusieurs endroits au Québec, comme c’est le cas sur la rive sud, parfois même en zones urbaines.

Les changements climatiques apportent leur lot de spéculations, notamment en ce qui a trait à l’arrivée de nouvelles espèces animales sur le territoire nord-côtier. Nombre de chasseurs de la région espèrent voir apparaitre un jour de nouveaux gibiers, tel que le dindon sauvage qui, déjà, élargit son habitat en plusieurs endroits au Québec, comme c’est le cas sur la rive sud.

Des tendances sont déjà observables depuis quelques années et de nouveaux venus tirent de plus en plus profit des écosystèmes de la Côte-Nord. C’est le cas, entre autres, du cardinal rouge et de la grue du Canada.

« Le cardinal rouge est l’exemple le plus probant, car nous l’observons régulièrement depuis deux à trois ans. Il passe des séjours de durée limitée. La grue du Canada est un autre exemple. Elle niche maintenant sur la Côte-Nord, car elle aime les tourbières et ici nous en avons plusieurs », explique Alexandre Terrigeol, directeur des opérations à l’Observatoire d’oiseaux de Tadoussac et détenteur de deux maitrises en biologie.

« Mais ce ne sont pas les seules espèces inhabituelles. Nous observons que le troglodyte de Caroline et le moqueur polyglotte, qui s’est reproduit à Sept-Îles, viennent profiter de certains hivers plus doux. Ils survivent grâce aux mangeoires d’oiseaux que les gens installent », dit-il, ajoutant que si la tendance se maintient, certaines espèces pourraient s’installer, et pas seulement à cause du climat, mais à cause de changements globaux.

Le cardinal rouge, de plus en plus présent dans la région, est l’une des espèces qui peut survivre grâce aux mangeoires. Photo archives

Jacques Ibarzabal, professeur en biologie de la faune terrestre et directeur du module de sciences fondamentales de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), arrive aux mêmes conclusions et ajoute l’urubu à tête rouge sur la liste potentielle des nouveaux arrivants à plumes.

Il note également la prolifération des chevreuils qui, selon lui, ne sont pas uniquement issus de fermes d’élevage, mais bien d’une migration soutenue.

Les chevreuils sont rendus en surabondance dans nos régions, s’en est presque une nuisance, et nous les retrouvons même très au nord, selon Jacques Ibarzabal. Photo archives

« Les chevreuils sont rendus en surabondance dans nos régions, s’en est presque une nuisance, et nous les retrouvons même très au nord. Il y a aussi le coyote qui migre sur la Côte-Nord. Le raton laveur, déjà très abondant au Saguenay–Lac-Saint-Jean, ne tardera pas à arriver chez vous. »

À savoir si ces chambardements sont les conséquences de l’activité humaine, la réponse ne peut être formelle.

« Jusqu’à quel point l’humain accélère ou ralentit-il ces changements? Impossible à dire. Nos systèmes ne sont pas des photos, ce sont des films. Il y a toujours une mouvance entre les espèces, qui amène des modifications aux écosystèmes » conclut M. Ibarzabal.

En ce qui concerne le dindon sauvage, M. Terrigeol soutient que l’adoucissement du climat n’est pas le seul facteur à considérer. Les ressources alimentaires ainsi que l’environnement immédiat demeurent tout autant nécessaires à l’installation d’un animal. Le peu d’agriculture dans la région ainsi que la barrière de forêt boréale séparant Tadoussac de Québec ne permettent pas d’envisager sa venue avant des décennies.

Partager cet article