Les populations de saumon atlantique toujours stables sur la Côte-Nord

Par Renaud Cyr 11:50 AM - 30 novembre 2022
Temps de lecture :

Le président de la Fédération québécoise pour la saumon atlantique, Normand Fiset.

Selon les dernières données de la Fédération québécoise pour le saumon atlantique (FQSA), les populations seraient stables sur toute la Côte-Nord. La fédération veut également déployer des efforts au niveau promotionnel pour attirer les pêcheurs sportifs sur la Côte-Nord afin de désengorger les rivières achalandées de la Gaspésie et du Bas-Saint-Laurent.

« Les populations de saumon atlantique de la Côte-Nord sont relativement stables, mais nous avons aussi observé certaines années plus préoccupantes depuis les 15 dernières années », lance d’emblée le président en entrevue avec le Journal.

« Il y a eu de bonnes montaisons en 2021 et 2022, ce qui est un signe encourageant des premiers résultats du nouveau plan de gestion du saumon atlantique du gouvernement du Québec en place depuis 2016 », observe-t-il.

La diminution du prélèvement par les pêches du Groenland suite à une entente de 12 ans entre la Fédération du saumon atlantique, le North Atlantic Salmon Fund et le Groenland en 2018 serait à la source de cette stabilisation.

Cependant, les populations de saumons peuvent s’absenter de manière prolongée dans les rivières de la province, ce qui expliquerait les baisses de population cycliques.

« Il peut arriver que les populations de saumons se déplacent jusqu’au Groenland pour manger, et ce pour 2 ou 3 ans sans revenir dans nos rivières », précise le président. « Avec le saumon, tout est souvent question de nourriture », renchérit-il.

Le défi du réchauffement climatique

Les rivières à saumon de la Côte-Nord sont à même la roche-mère, et leurs eaux opaques sont un facteur déterminant dans la stabilité des stocks de saumon atlantique.

« Les rivières opaques se réchauffent davantage que celles d’eaux claires au Bas-Saint-Laurent et en Gaspésie, et le taux d’acidité perturbe l’habitat naturel des populations », illustre le président.

Près de 200 thermographes ont été posés au creux des rivières de la province par la fédération en collaboration avec la Fondation Saumon dans les dernières années afin d’évaluer la corrélation entre le réchauffement des rivières et la fréquentation des populations de saumon.

« Nous voulons caractériser les rivières par rapport au réchauffement et à l’étiage », affirme Normand Fiset. «Nous serons ensuite en mesure de nous positionner pour établir des politiques de conservation personnalisées pour chacune de nos rivières », conclut-il.

Développement durable

Même si les populations de saumon sont stables au Québec, la FQSA croit que la pêche sportive doit toujours se développer de façon cohérente avec la conservation du saumon et des rivières.

Questionné à savoir si les activités de braconnage sont présentes sur la Côte-Nord, Normand Fiset répond par l’affirmative. « Du braconnage il y en a partout, et même ici sur la Côte-Nord », se désole-t-il.

L’achalandage est également un problème auquel la FQSA veut faire face, notamment en faisant la promotion des jours-pêche disponibles sur notre territoire.

« Nous voulons que les pêcheurs découvrent les belles rivières qu’offre la Côte-Nord », lance-t-il. « C’est pourquoi nous avons entrepris des travaux pour évaluer l’état du secteur de la pêche sportive en lien avec l’évolution des populations de saumon, ainsi que sur la capacité de support des écosystèmes avec le gouvernement du Québec », dévoile-t-il.

Des alliés essentiels

« Les corporations et les organismes de gestion sont nos yeux et nos oreilles sur les rivières », a déclaré Normand Fiset lors de son allocution pendant le souper-bénéfice de la Corporation de gestion de la rivière à saumons des Escoumins (CGRSE), tenu au Centre communautaire montagnais (CCM) le 19 novembre.

Pour la directrice générale de la CGRSE, la FQSA est un allié important pour conserver la pérennité de la pêche sportive sur sa rivière : « Ils nous aident beaucoup. Sans eux, on ne saurait pas quoi faire », décrit-elle avec humour.

Le souper-bénéfice a permis d’amasser un montant de plus de 23 500 $, qui servira à maintenir le travail de conservation de la CGRSE sur la rivière des Escoumins.

Partager cet article