L’Alliance Muteshekau-Shipu à la conquête d’un nouveau statut pour protéger la Magpie

Par Émélie Bernier 10:04 AM - 21 Décembre 2022 Initiative de journalisme local
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La délégation de l’Alliance Muteshekau Shipu à la remise du prix Droits et Libertés. Courtoisie

Les espoirs de l’Alliance Muteshekau-shipu de voir la CAQ profiter de la COP15 pour s’engager fermement envers la protection de la rivière Magpie ont été déçus. L’Alliance  entame maintenant les démarches pour faire inscrire la rivière à titre d’Aire du patrimoine autochtone et communautaire (APAC), un statut qui pourrait inciter le gouvernement québécois à inclure la Magpie dans le giron des 30% de territoire qu’il s’est engagé à protéger d’ici 2030.

La rivière Magpie a un atout indéniable, puisqu’elle a été déclarée personnalité juridique en février 2021 grâce aux démarches entreprises par le collectif qui tente de l’arracher des griffes de tout potentiel développement hydroélectrique.

Le nouveau statut de protection reconnu par le Centre mondial de surveillance pour la conservation de la nature des Nations Unies serait un pas de plus vers une protection complète, estime-t-on. « Il existe des mécanismes à l’international qui reconnaissent la contribution et le leadership des peuples autochtones pour la protection du territoire. C’est exactement vers là que nous nous dirigeons pour Muteshekau shipu, l’une des plus belles rivières de notre Nitassinan, » clame le chef Jean-Charles Piétacho du conseil des Innu de Ekuanitshit.

L’impatience gagne les troupes. « Nous avons assez attendu après le gouvernement et Hydro-Québec. Il est temps pour nous de passer à une autre étape pour matérialiser la volonté de la région, des Premières Nations et du milieu municipal en faisant reconnaître la protection de la rivière à l’international », commente le préfet de la MRC de Mingagnie,Luc Noël.

Selon les membres de l’Alliance, la COP15 offrait sur un plateau d’argent à la CAQ l’occasion de s’engager en faveur de la protection de la rivière.

À ce propos, Pier-Olivier Boudreault, directeur de la conservation pour la SNAP Québec, est incisif.
 « Le gouvernement du Québec et Hydro-Québec ont manqué le bateau en n’annonçant pas la protection de la rivière Magpie lors de la COP15. Nous allons continuer le voyage sans eux pour l’instant et faire valoir la protection de la rivière sur d’autres tribunes où l’écoute sera davantage au rendez-vous. »

L’Alliance Muteshekau Shipu a reçu le 7 décembre dernier le Prix Droits et Libertés 2022 remis par la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse. Son combat n’est toutefois pas terminé.

Qu’est-ce qu’une APAC?

Les trois caractéristiques suivantes permettent d’identifier une APAC :

  1. Il existe une connexion forte et profonde entre un peuple autochtone ou une communauté locale et un territoire, une aire ou l’habitat d’une espèce (par ex. pour des raisons historiques, culturelles, ou pour des questions de survie et de dépendance à un mode de vie).
  2. Ce peuple ou cette communauté tiennent un rôle majeur dans la prise de décisions et leur mise en œuvre (gouvernance et gestion) pour tout ce qui concerne ce territoire, cette aire, ou cet habitat. Ceci implique qu’il existe une institution communautaire et qu’elle ait la capacité de développer et de faire appliquer les régulations (dans plusieurs situations, d’autres acteurs sont aussi impliqués, mais la prise de décision principale reste entre les mains du peuple ou de la communauté de facto)
  3. Les décisions en termes de gouvernance et les efforts de gestion du peuple ou de la communauté permettent la conservation de la nature du territoire, de l’aire ou de l’habitat, ainsi que la conservation associée des valeurs culturelles et du bien-être de la communauté (même si l’objectif conscient de la gestion n’est pas un objectif de conservation per se, et porte, par exemple, sur des modes de vie matériels, la sécurité de l’eau, la sauvegarde des lieux culturels et spirituels, etc.)

(Source: https://www.iccaconsortium.org)

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