Plage Rochelois de Port-Cartier: « ne touchez pas à notre plage! »

Par Émélie Bernier 3:59 PM - 17 janvier 2023 Initiative de journalisme local
Temps de lecture :
Les défenseurs de la plage s'opposent à la recharge granulaire parce qu'ils ont constaté l'effet de celle-ci sur la plage McCormick. Photo Steeven Chapados

Le changement de ton du maire Alain Thibault n’est pas sans soulever de l’inquiétude chez les défenseurs de la plage Rochelois dont Mélanie Jean et François Morache.

François Morache réside sur la 5e rue. Son terrain a été ensablé par la tempête du 23 décembre, mais il en faudra plus pour le convaincre que la recharge granulaire est la chose à faire.

« Ce n’est pas une option, c’est un désastre! Ils l’ont fait à la plage Mccormick, et ça s’est avéré un désastre. Pour moi, c’est ‘’ne touchez pas à ma plage’’! »

Mélanie Jean est l’une des instigatrices du groupe Facebook Sauvons la plage Rochelois qui compte plus de 2000 membres sur Facebook. À l’instar de M. Morache, elle prédit que la recharge granulaire défigurera la plage.

« Port-Cartier, c’est une toute petite place, mais on a la chance d’avoir un bijou tel que la plage en plein milieu de notre ville. C’est notre mine d’or, un lieu de rassemblement qui fait partie du patrimoine naturel de notre ville. Port-Cartier, pas de plage, va perdre de sa valeur. On n’a rien d’intéressant sauf la nature. Si tu nous l’enlèves, on n’a plus rien! » , scande-t-elle.

Mélanie Jean. Photo Alex Caputo

Elle comprend mal le demi-tour du maire qui, jusqu’ici, s’opposait lui aussi à la recharge granulaire.
« La Ville travaille à l’encontre de l’opinion de ses citoyens, ils veulent nous enfoncer cette solution dans la gorge, mais nous, on veut travailler avec la Ville pour trouver des solutions qui vont nous permettre de profiter de notre plage et de protéger les infrastructures de la Ville. On les a mis en place pour qu’ils nous représentent! », s’enflamme la citoyenne.

«Ce modèle de brise-lames observé en Europe pourrait-il être applicable ici?», questionne François Morache.

François Morache estime que toutes les options n’ont pas été envisagées. Il évoque notamment le concept de brises-lames. « Depuis plusieurs années, j’ai essayé d’intéresser le conseil de ville à ce que j’ai vu en Belgique, dans le Nord-Pas-de-Calais, au Danemark… La mer du nord est beaucoup plus rough que notre petit Saint- Laurent. Pourtant, ils réussissent à se protéger alors qu’ici, on panique à toutes les tempêtes», indique M. Morache.

Le prolongement de la tranchée et l’ajout de sacs de sable sont une des options qui devraient être évaluées selon François Morache. Photo courtoisie.

Le problème, selon lui, est que «le gouvernement veut une solution définitive et économique, mais avec la mer, il n’y a jamais de solution définitive. »

Les défenseurs de la plage ne souhaitent pas mettre en péril la sécurité des résidents, ni les infrastructures. Mais «tout est dans la manière».

«Nous sommes conscients qu’il faut faire quelque chose avec la plage, sauf qu’on ne veut pas faire n’importe quoi. On veut conserver son usage! On veut conserver sa beauté!», conclut Mélanie Jean.

Ne pas reproduire «l’erreur McCormick»

Les détracteurs de l’option « recharge granulaire » s’appuient sur une expérience similaire qui, selon eux, a bien mal tourné, celle de la plage McCormick.

«Je te mets au défi d’aller sur la plage McCormick et trouver ça agréable. Ils ont fait les travaux il y a six ans, et déjà, on voit des « gaps » de 18 pouces à certains endroits. Ça a mangé la roche, ça l’a amenée dans le fleuve, des terrains commencent à se miner… A plusieurs endroits, ça ne protège en rien! Mettre de la garnotte ne fait que patcher le bobo, ça prend quelque chose qui va couper la force des vagues », décrit Mélanie Jean.

La plage McCormick. Photo Steeven Chapados

Il en faudra beaucoup pour la convaincre que l’option privilégiée à la plage McCormick, «qui n’a pas fait ses preuves », est la bonne pour la plage Rochelois. « Oui, il faut faire quelque chose, on est d’accord. La population de Port-Cartier veut une situation durable qui va faire que la plage va être quand même praticable. On ne laissera pas faire ici ce qu’ils ont fait à McCormick. Et s’il faut descendre dans la rue pour manifester, on va le faire. »

Partager cet article