La Côte-Nord sera en déficit de 1000 lits d’ici 2041

Par Emy-Jane Déry 11:07 AM - 19 janvier 2023
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Photo Pixabay

Des personnes en santé, mais qui n’ont nulle part où aller sont à la source du problème de nos urgences qui débordent, tandis que la Côte-Nord fait face à des chiffres inégalés de patients sur civière en attente de relocalisation.

Ils sont sur une civière à l’urgence, mais ils ne sont pas malades. Ils ne peuvent pas retourner à la maison, parce que leur autonomie ne leur permet pas. Alors ils attendent. Une place en résidence privée pour aînés, en CHSLD, résidence intermédiaire, ou bientôt, dans une maison des aînés.

À Baie-Comeau, 37 personnes étaient sur une civière à l’urgence, en attente d’une relocalisation, en date du 12 janvier. À Sept-Îles on en comptait 32. Ce sont des chiffres « inégalés dans le passé », a affirmé Dr Jean-François Labelle, directeur des services professionnels du CISSS de la Côte-Nord.

« Quand ces lits-là sont occupés, ça laisse moins de capacité pour accueillir le reste des patients. Nos urgences débordent, parce que c’est là que ça refoule », a-t-il expliqué.

Pendant le temps des Fêtes, l’urgence de l’hôpital Le Royer a vu son taux d’occupation atteindre jusqu’à 290%, et ce, à plus d’une reprise. Les mécanismes mis en place pour relocaliser ces gens ont été mis sur pause durant cette période. Résultat : le retard s’accumule et le mois de janvier écope, le temps qu’on reprenne un peu le dessus.

Mais la situation ne s’explique pas seulement avec les congés des Fêtes. En dehors des festivités, des taux d’occupation de 200% surviennent. La population de la Côte-Nord vieillit et le portrait des 20 prochaines années ne s’annonce pas plus reluisant. En 2021, 21% de la population nord-côtière était âgée de 65 ans et plus. En 2041, ce sera 30%.

« Si on prend les chiffres jusqu’en 2041, on va avoir plus de 1000 lits de déficits pour accueillir ces gens-là, 1000 places de relocalisation dont on va avoir besoin juste sur la Côte-Nord », a affirmé Dr Labelle.  

Maintien des soins à domicile

Pour le Dr Labelle, la solution passe notamment par l’optimisation des soins à domicile.

« Il faut trouver d’autres solutions que juste des relocalisations dans le système de la santé, parce que sinon, ces gens-là vont juste s’accumuler dans les hôpitaux », a-t-il dit. « Si on est capable de maintenir les gens à domicile plus longtemps, parce qu’on les aide plus et qu’on leur donne un meilleur service et un accès plus grand à des soins, ça veut dire qu’ils n’entrent pas dans la liste d’attente rapidement et on est capable d’enlever de la pression sur le système », a-t-il fait valoir.

Le problème se fait ressentir un peu partout en province, mais la Côte-Nord est particulièrement affectée, croit le médecin. Le territoire ne dispose pas de beaucoup de personnel de la santé qualifié pour donner les soins.

« C’est clair que le déséquilibre en fonction du monde qui a besoin de plus de soins devient plus grand, plus rapidement, parce qu’on n’a pas une grande population jeune qui peut travailler et donner les soins », a expliqué Dr Labelle. « Ça, ça augmente le problème, dans le sens où, le ratio du besoin par rapport à nos capacités est toujours en augmentation. Ça rend les choses encore plus lourdes », a-t-il ajouté.

Le dirigeant du CISSS de la Côte-Nord assure que des efforts sont mis pour mettre en place des solutions.

« On travaille beaucoup là-dessus. Il ne faut pas attendre 2041, on est en marche pour essayer d’améliorer nos façons de faire pour leur donner des soins ailleurs qu’à l’hôpital », a-t-il conclu.

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