Pessamit reprend les rênes de son développement

Par Karianne Nepton-Philippe 3:40 PM - 14 mars 2023 Initiative de journalisme local
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Pessamit se dote à nouveau d’un service économique qui a pour but d’offrir une porte d’entrée permettant de s’adresser à la communauté pour tout projet économique. Photo archives

La communauté de Pessamit se dote à nouveau d’un département de développement économique, complètement restructuré et dirigé vers l’avenir.

« J’ai eu comme mission, sachant l’importance du développement économique dans une communauté, que ce soit allochtone ou autochtone, de mettre en place une boîte qui allait devenir développement économique », explique Suzanne Charland, vice-cheffe de Pessamit.

La raison? En 2012, le secteur du développement économique a fermé dans la communauté de Pessamit. « À cette époque, avoir un développement économique n’était peut-être pas favorable ou prioritaire. L’organisation était en mauvaise posture pour se concentrer là-dessus », indique Mme Charland.

Plusieurs secteurs devaient à ce moment-là avoir une plus grande attention. En revanche, chaque département de la communauté faisait son bout de chemin en ce qui concerne son développement économique.

C’est ensuite en 2020 que Suzanne Charland se fait donner une mission importante : recentraliser l’économie grâce à un secteur stratégique d’affaires économiques. « J’ai eu le défi de mettre en place une boîte, de repartir le projet. On a trouvé quelqu’un qui pouvait remplir la boîte d’une panoplie de projets et c’est Linda qui en est maintenant à la direction », commente la vice-cheffe.

Recherche et restructuration

C’est donc en avril 2022 que Linda Bacon entre en poste, avec son bagage en ressources humaines, pour gérer ce nouveau département. « J’ai fait beaucoup de recherches pour d’abord savoir ce qu’il faut mettre dans la boîte de développement économique », indique la directrice des relations stratégiques et économiques du Conseil des Innus de Pessamit.

« Il fallait revoir la mission, les valeurs, retourner en arrière et regarder ce qui a été fait avant et ce qu’on doit prioriser à partir de maintenant », précise Suzanne Charland. « Je suis encore en recherche et en restructuration. Je suis rendue au stade où je mets la structure et les procédures. Je fais aussi beaucoup de représentations », ajoute Mme Bacon. Cette dernière cite en exemple ses représentations avec la MRC de Manicouagan ou encore ID Manicouagan.

« Au fond, la mission est vraiment d’accompagner les membres de la communauté et de répondre à l’ensemble de leurs besoins et des besoins du Conseil des Innus de Pessamit », énonce-t-elle faisant, entre autres, référence à l’accompagnement entrepreneurial. 

Pour elle, ce qui est aujourd’hui une entité de développement économique à Pessamit, signifie énormément : « C’est aussi de voir les besoins fondamentaux de la communauté au niveau entrepreneurial, car le but du développement économique, c’est d’accroître l’entrepreneuriat au sein de notre communauté pour, je l’espère, y augmenter le nombre d’entreprises. »

Pour la directrice du secteur, ce développement commence par la communauté pour ensuite être en mesure d’aller chercher les opportunités extérieures. D’ailleurs, sa boîte est déjà grandissante avec l’embauche d’un agent de développement économique depuis octobre 2022.

« Nous sommes une communauté autochtone qui est le gardien du territoire. Nos valeurs et nos principes font qu’il ne faut pas gaspiller, on écoute nos aînés, il faut faire attention au territoire et le respecter. C’est la mentalité innue. Mais là, on est dans une autre optique qui est du développement », affirme la vice-cheffe.

Cette dernière renvoie entre autres aux promoteurs miniers qui « cognent à la porte » de Pessamit. « On a plusieurs opportunités qui découlent de l’exploitation du territoire. Il faut alors se positionner, car on se trouve en ce moment dans un entre-deux », explique-t-elle.

Recréer des ponts solides

« J’aime dire que c’est un cœur important vers une autonomie pour la communauté. C’est réellement cette optique que j’ai mis de l’avant et qu’il faut prioriser. »

– Suzanne Charland

Les deux femmes rappellent l’historique chargé de la communauté. « Quand on parle d’historique, il y a eu une époque où les relations avec les communautés avoisinantes étaient bonnes. Il y a eu ensuite une dégradation venant avec de la méfiance. On pouvait nous arriver avec des projets déjà terminés et on se fait dire de signer en bas de la feuille, tout est déjà fait, sans qu’on soit consulté », déclare Suzanne Charland.

Elle remarque : « Il y a une barrière psychologique qui s’est créée entre autochtones et allochtones, de part et d’autre. Le premier pas à faire, c’est de briser ces barrières psychologiques et ça, on va y arriver en communiquant. Évidemment qu’on ne voit pas l’économie de la même façon. »

Pour mesdames Charland et Bacon, c’est une opportunité qui s’offre à la communauté à partir de maintenant. Grâce aux relations qui se sont grandement améliorées, Pessamit espère pouvoir compter sur cette nouvelle entité afin d’aller plus loin économiquement dans son évolution.

Le but : avoir une porte d’entrée permettant de s’adresser à la communauté pour tout projet économique.

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