Des champignons cultivés à Baie-Comeau

Par Emelie Bernier 8:00 AM - 29 mars 2023
Temps de lecture :

Sylvain Collier avec ses premiers pleurotes.

Sylvain Collier n’avait jamais imaginé faire de la culture de champignon son métier et pourtant, il s’est laissé prendre au jeu! Après plusieurs mois de recherches et de tests, il offre enfin ses premières barquettes de pleurotes et de shiitake à la population de Baie-Comeau. Difficile de faire plus frais…

Les champignons sont arrivés un peu par hasard dans la vie de Sylvain Collier.

« Depuis quelques années, j’ai travaillé dans plusieurs entreprises agricoles de la Côte-Nord. J’avais le projet de reprendre une entreprise existante, une cannebergière. J’avais entamé des démarches avec la SADC pour racheter et quand ç’a tombé à l’eau, ils m’ont dirigé vers André Morin de la microbrasserie Saint-Pancrace qui avait dans ses cartons une étude sur la production de champignons pour récupérer une partie des résidus de brassage », résume-t-il.

De fil en aiguille, il s’est laissé tenter par l’aventure. « Un moment, avec la SADC, on avait évoqué l’idée que je puisse élever des insectes pour la consommation, mais ça ne m’intéressait pas tant. Les champignons se rapprochaient plus du végétal, que je connais, même si, au final, ça n’a rien à voir », rigole le producteur.

Installé dans un sous-sol de la rue Bossé, le laboratoire de production compte trois tentes où, à terme, il espère produire environ 3 000 kg de champignons par année.

« Ce qui vient me chercher, c’est qu’on peut travailler plein de variétés qui sont méconnues des gens, des champignons qu’on ne retrouve pas du tout dans le commerce. Bien sûr, on va faire des pleurotes et des shiitakes. Mais je veux aussi me lancer dans la pholiote adipeuse, par exemple. »

Et si les « serres » de l’installation intérieure seront exploitées au maximum de leur capacité, Sylvain Collier entend également cultiver des champignons en extérieur, de plusieurs façons.

« Quand les sacs ont fini de produire dans les serres, on peut les mettre dehors, en mode tas de compost et au printemps, on a une production incroyable. » Une entente avec Botanix-Jardin Trudel lui permettra de cultiver des shiitakes dans leurs serres quand celles-ci seront vacantes.

Il salue l’équipe d’Innovation et développement (ID) Manicouagan qui l’a soutenu dans le démarrage de son entreprise, notamment en lui donnant accès
à une subvention de soutien
au travailleur autonome. Plusieurs institutions nord-côtières ont également supporté la mise en place de
son entreprise, notamment Desjardins, Synergie 138 et Environnement Côte-Nord.

« Les prêts et subventions ont rendu ça possible », concède celui qui évalue les investissements à environ 100 000 $. Sur ce montant, 78 000 $ proviennent de la SADC Manicouagan et d’ID Manicouagan.

« Frédérick Chevarie d’ID Manic m’a vraiment bien accompagné. Sa force, c’est les chiffres, qui sont ma petite faiblesse, alors c’est allé beaucoup plus vite et mieux grâce à lui. Il m’a rassuré sur ce que je faisais, a validé mes chiffres et m’a supporté même pour des décisions poussées comme le prix de vente, le poids des barquettes… », apprécie le producteur.

Économie circulaire 

Le substrat dans lequel est inoculé le mycelium des champignons est composé de ripe de bois et de drêche. La drêche est fournie par la microbrasserie Saint-Pancrace qui cherchait justement à valoriser ce résidu dont elle doit gérer l’abondance.

Pour être employée comme substrat, celle-ci doit être séchée et les entrepreneurs ont bénéficié d’un important coup de pouce pour l’acquisition des équipements nécessaires. Ceux-ci seront installés chez un troisième partenaire, Steve Berthiaume, des Jardins de Carmanor, qui les utilisera notamment pour transformer de la drêche en granule pour nourrir ses poules.

Outre les champignons frais, ChampiNord offre des trousses de production de champignons à domicile et n’exclut pas d’offrir des produits transformés.

« Les équipements vont aussi permettre de faire sécher des champignons, de faire de la poudre, des épices. André Morin de la microbrasserie Saint-Pancrace aimerait s’en servir pour faire une bière aux champignons », conclut Sylvain Collier, visiblement ravi.

Partager cet article